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La Lune — 3.1867

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LA LUNE

a

musicales d'un monsieur qui, sous le prétexte qu'il a de grands
cheveux lui retombant dans les reins, se permettait d'improviser
pendant trois-quarts d'heure, devant soixante personnes paisibles
et sans armes, d'interminables variations sur le grand thème en
sol mineur d'un illustre Cramponhermann quelconque!,..

Il faudra encore, — grâce à une machine diabolique adaptée au
clavier— être exposé à voir survivre les inspirations désordon-
nées de cet énergumène!...

Ah !... c'en est trop.

Jusqu'ici, les pianistes-compositeurs n'avaient plus qu'un
seul mérite à mes yeux :

C'était d'oublier à sept heures quarante ce qu'ils avaient com-
posé à sept heures trente-cinq.

Mais, maintenant qu'on-trouve le moyen de sténographier leurs
divagations, eh ! bien, nous n'avons pas fini.

Quand ils viendront en soirée, ils se feront apporter, par cinq
commissionnaires, leurs oeuvres de la semaine et ça sera drôle
pour les invités.

t*t Quant à moi, j'affirme sur l'honneur que je n'accepterai cet
hiver aucune invitation dans le monde, à moins que la carte ne
porte ces mots :

« Pour cette soirée, le piano de la maison a été transporté
« à la caisse des dépôts et consignations. »

Et comme je me suis laissé dire qu'il fallait souvent cinq mois
et demi et quarante-huit pièces justificatives pour rentrer en
possession du plus mince dépôt fait à cet honorable établisse-
ment, je me risquerai peut-être — après informations — à pas-
ser mon habit noir.

% Certes, je ne voudrais pas faire de peine à l'industrieux in-
dustriel prussien qui a imaginé cette machine.

Je veux bien croire que ses intentions sont pures, et demeure
persuadé qu'il ne se doute guère avoir inventé un outil cent cin-
quante fois plus malfaisant que le fusil à aiguille de son compa-
triote.

* Si j'avais à statuer sur le sort de cet Allemand plus impru-
dent que coupable ; prenant en considération la bonne foi qui a
dû présider à ses travaux, je le guillotinerais très-carrément,
c'est vrai; mais je le guillotinerais sans fiel.

Oui : sans fiel, car l'Evangile l'a dit :
— Paix aux hommes de bonne volonté.

* Cependant, n'ayant pas malheureusement à juger l'auteur
de ce procédé homicide, je me contenterai de faire remarquer au
gouvernement français que si, par aventure, il se trouvait un jour
avoir besoin d'un prétexte pour déclarer la guerre à la Prusse, il
njen saurait trouver de meilleur que l'invention-flêau de cet engin
harmonique.

* Je suis convaincu qu'une proclamation conçue en ces
termes retentirait dans le cœur de tous les patriotes :

Soldats !...

La Prusse vient de mettre le comble à ses vexations en
inventant une machine destinée à protéger les envahissements
meurtriers des pianistes.

Aux armes !...

Le pays compte sur vous. N'oubliez pas que si la musique
adoucit les mœurs ; elle peut, par ses excès, rendre une nation
hydrophobel...

o

* Quelque chose de beaucoup plus réjouissant, par exemple,
c'est le fameux procès Pallix.

Ce procès qui repose sur une somme de plusieurs millions de
francs n'est pendant devant les tribunaux que depuis une cinquan-
taine d'années à peine, et cependant on vient déjà d'en juger
une partie.

1 Par la décision récente des juges, la demoiselle Pallix est
mise en possession d'une immense fortune qu'elle a passé sa vie
à revendiquer.

On a fait à ce sujet la réflexion que si une jeune fille de dix-
huit ans était sur le point de se marier et n'attendait pour la céré-
monie que l'issu d'un semblable procès duquel dépendrait sa dot,
il pourrait bien se faire qu'elle ne trouvât plus, après l'épuise-
ment des trente-trois juridictions, son fiancé dans les mêmes dis-
positions.

Mais la justice ne saurait entrer dans d'aussi mesquines consi-
dérations.

* On a observé aussi que du moment où l'on pouvait jouir
pendant cinquante ans d'une fortune appartenant à une autre
personne sans être contraint de la lui rendre avant ce délai, il
devenait au moins inutile d'en avoir une à soi.

" La justesse de cette dernière hypothèse m'a frappé et m'en-
mrtra à faire ici une proposition toute chevaleresque à M. Roth-
schild.

La voici :

» M. Rothschild déposera demain, à mon adresse, au bureau
de là Lune, quinze cent mille francs en billets de banque.

je ne manquerai pas d'aller les y chercher.

Puis, après demain, il m'enverra une assignation en restitu-
tion de cette somme.

• immédiatement, je lui répondrai par huissier que je ne sais
pas du tout ce qu'il veut dire.
Alors, nous plaiderons.

Et si en 1962, je suis condamné à lui rendre ce million et
demi, eh! bien, je le lui rendrai. Voilà tout.

LÉON BlBNVKIS'U.

GAZETTE A LA MAIN

Le panache du général Boum s'est changé — la semaine pas-
sée — en un plumet de corbillard!

Couder, — un comique des Variétés non moins apprécié que le
Niagara en fait de cascades, — a été enlevé, en un zest de temps,
par une fluxion de poitrine.

Cet artiste de second ordre possédait à Rueil une jolie maison
entre cour et jardin; il avait épousé, à ce qu'il paraît, une
jeune personne dn bonne famille, embellie par un sac copieux;
il voyageait en Allemagne quand la maladie le surprit...

Je n'hésite pas à déclarer que celle-ci me paraît avoir agi
avec la plus inconcevable légèreté en happant de la sorte un
touriste à Wiesbaden.

Qu'allons-nous devenir, d'ailleurs, si les péritonites aiguës se
mettent à ne respecter ni le pignon sur rue, ni le vin à la cave,
ni l'argenterie au panier, et s'en viennent sonner à la grille d'un
bourgeois aisé et content comme elles heurteraient au taudis, à
la soupente ou au grabat d'un comédien vagabond ou d'un écri-
vain famélique?

Ces fins douloureuses et lamentables sont faites — assurément
— pour les Rouvière et les Armand Lobailly, pour les Raucourt
et les Jules Viard !

Pour grands que soient les rois — du vaudeville et du succès —
ils sont ce que nous sommes,

Et la Mort les saisit comme les autres hommes...

L'honorable Ferdinand Langlé avait, sa vie durant, cumulé
deux professions qui n'ont trinqué ensemble que sur les toiles
philosophiques où le peintre Lambron attable pêle-mêle les cro-
que-morts avec les pierrots...

Auteur dramatique de beaucoup de talent, de gaîté et d'esprit
il dirigeait parallèlement une entreprise de pompes funèbres...

Son tour est venu, l'autre jour, de monter dans les voitures de
son administration.

* *

Le matin de son enterrement, quatre de ses employés, — de
ceux qui chargent, — sirotaient un cinquième de blanc sur le
comptoir d'un marchand de vin de l'avenue Trudaine en atten-
dant le maître des cérémonies, les invités et le clergé.

Leur uniforme gris de fer avait été brossé plus soigneusement
que d'habitude; ils avaient des gants neufs dans les mains et un
crêpe frais au chapeau.

— Mazette ! plus qu'ça d'ehic ! s'est écrié le mastroqwt. On va
donc à la noce, à c'matin ?

Puis, étendant la main vers la bouteille :

— Redoublons-nous, hein, mes petits pères ?
Un des petits pères a répondu :

— Assez pour aujourd'hui, ma vieille. Faut des convenances et
de la tenue quand on a affaire au patron.

La première fois que les artistes de l'Opéra-Comiquo vinrent
chanter le Déserteur aux Tuileries, l'empereur Napoléon Ier or-
donna à son ministre de l'intérieur, alors M. Chaptal, de leur
faire à chacun un cadeau convenable.

Le ministre, après avoir longtemps cherché, ne trouva rien de
mieux que de leur envoyer les œuvres musicales des grands
maîtres du temps, magnifiquement reliées.

A quelques jours de là, dans un concert intime,- l'empereur
adressa la parole à Mme Saint-Aubin :

— Eh bien, est-on content chez vous de M. Chaptal?

— Ma foi, non, Sire.

— Et pourquoi cola, s'il vous plaît?

— Dame, il nous a payés en livres : nous aurions mieux aimé
en francs.

Une remarque que l'on a été à même de faire, et qui témoigne
de la courtoisie de nos hôtes et de leur sympathie pour notre
langue, c'est que les souverains en visite chez nous n'ont parlé
que français, non-seulement entre eux, mais encore dans leurs
rapports avec les personnes de leur suite et avec leurs nombreux
domestiques.

C'est ainsi que plusieurs fournisseurs parisiens du czar lui ayant
adressé, pendant son séjour à l'Elysée, la note, écrite en russe, des
objets achetés par lui, cette Dote leur fut à l'instant renvoyée,
avec injonction de la transcrire en français.

On raconte pareillement que l'empereur d'Autriche retrouva,—
à la fête de l'HGtel-de-Ville, — une des plus jolies Françaises de ■ ■
Paris qui aient jamais habité Vienne.

Il s'approcha d'elle et la salua.

Pour montrer plus de déférence, la jeune femme crut devoir j
répondre en allemand.

— Oh! je vous en prie, interrompit François-Joseph, parlez-
moi en français, madame ; je suis si heureux de l'entendre ! No
me privez pas do ce plaisir.

Un de nos abonnés de JoiUrou-sur-Avbe — c'est là sa seule ex-
cuse _ nous adresse cette demande-réponse tinlamarresque :
_ Qui sait le mieux transformer l'eau ?

— Les marchands de vin, parbleu I

_ Mais non : les chauffeurs de locomotive, — puisqu'ils pren-
nent de l'eau sale et la rendent par fumée.

Théâtre-Lyrique

Yae jolie tète de Turc, c'est M. Jules Cohen!

De l'aveu général, ce jeune compositeur est un fort galant
homme, suffisamment nippé, incapable d'emprunter à qui que ce
soit quarante sous pour déjeûner, et s'adonnant entre ses repas à
une spécialité de musique qui doit ravir M. Jouvin : la musique
des gens bien élevés.

J'ajouterai qu'il est à la tête d'une patrouille de millions — ce

qui lui permet naturellement de ne se point montrer ingrat e
vers les directeurs qui reçoivent ses pièces.

Pourtant, à peine l'une de celles-ci affionle-t-elle l'opinion pu-
blique, que l'on voit des cl. fs menaçantes émerger toutes seules
de la poche du spectateur et monter d'elles-mêmes à ses lè-
vres.,.

La critique arrive par là-dessus et vous chicote le pauvre
diable ainsi que le soldat-bourreau qui, jadis, sur la place de
Nantes, déchiqueta Clmlais de vingt coups de doloire!...

Si, au moins, elle le désarticulait proprement !...

Mais quoi ! tout le monde n'a pas, comme Avihain, suivi un
cours d'anatomie à la centrale de Melun.

Le livret des Bleuets est détestable.
Un roi d'Espagne possède deux fils :

L'un, — héritier légitime et présomptif de la couronne, — aime
mieux rigoler avec des odalisques dans l'Alcazar à son papa que
d'ailer sur les bords de l'Èbre espadonner contre les Maures.
L'autre — don Fabio —

Fruit d'un péehé mignon,
Poussé pendant la nuit ainsi (ju'u'n champignon,

passe son temps à herboriser dans les campagnes de Penaliel, en
compagnie de la sœur du fermier Mengo, — Estelle, — une fillette
aux cheveux couleur d'épi...

Ceci ne fait que médiocrement le compte du roi qui rêve pour
son bâtard une alliance plus cossue...

Aussi fait-il enlever Estelle, qui est serrée dans un couvent,
et envoie-t-il Fabio remplacer son indigne frère dans le com-
mandement de l'armée. Puis, quand, à l'acte suivant, le jeune
homme est revenu, — couvert de gloire, — il ne parle de rien
moins que do lui décerner, en manière de récompense, la main
d'une des hidalgas de sa cour.

Ici, Fab:o jette les hauts cris. Zut à la richesse! Flûte des
grandeurs ! A Chaillot les marquises! Mengo se joint à lui :

Rendez une sœur à son frère I
Rendez Estelle à... Némorin !

Cet air connu désarme le vieux roi...

— Tu veux ton Estelle ?

— Oui, p'pa.

— Prends-la.

A cet endroit, croyant la pièce finie, j'ai demandé mas par-des-
sus à l'ouvreuse...

Héli?s! J'avais compté sans la raison d'Etat !

C'est elle qui — l'infant étant mort d'une indigestion de bala-
dines et do val-de-penas — exige que les deux amants soient de
nouveau et irrévocablement séparés.

Fabio, reconnu et légalisé, succède à son père qui abdique — et
sa maîtresse prend le voile dans une chapelle au dessous du
choeur de la cathédrale où la cérémonie du sacre a lieu avec un
grand luxe de mise en scène de costumes, de comparses et de
décors.

*

La partition des Bleuets renferme une quantité considérable do
morceaux dont les trois quarts me réconcilieraient pour la vie
avec Hervé et Offenbach.

A travers ces insipidités et ces réminiscences, j'ai remarqué
une phrase—une seule — d'un véritable souffle héroïque et ma-
gistral, c'est celle dite sans accompagnement par les soldats au
troisième acte : Sire, nous vous l'avions promis...

De par sa chevelure d'ombre, mademoiselle Nilsson était im-
pitoyablement condamnée au rôle d'Estelle. Ses yeux donnent à
celte « perle de l'Andalousie » des reflets de saphir. Ses voca-
lises ont la ténuité et l'éclat des brindilles de verre filé qui se
réunissent en aigrette sur la coiffure de nos officiers supérieurs.
A ses côtés, MM. Troy, Lutz et Bosquin se montrent à peine suf-
fisants. Quant à mademoiselle Tuai, je ne connais rien d'aussi
faux, d'aussi pointu, d'aussi agaçant et d'aussi prétentieux.

C'est par erreur que quelques lignes, concernant un petit
volume de M. A. Flan ont été insérées dernièrement sous ma
signature. Cette bibliographie nous avait été envoyée par
M. Alexandre Guôrin.

En ce moment, on fait dans toute la France une enquête rela-
tive au goitre et au crétinisme. Ignorant jusqu'au nom de cette
dernière affection, un maire d'une commune du Midi avaiti
répondre à la circulaire du sous-préfet, contenant ces mots :

— Combien y a-t-il de crétins dans votre commune?

Il crut qu'on avait voulu mettre chrétiens, et il écrivit aussitôt
« Nous le sommes tous, excepté deux juifs. »

A Voulx — au café de mon vieux camarade Rabier — deux
paysans s'approchent du billard...

Ils prennent chacun une queue et l'enduisent de b':anc du gros
au petit bout... '

Puis, se lançant un regard provocateur et avec un sérieux
comique :

— Bien «.'

Mlle Julia Baron — des Folies-Dramatiques — met une lég
time fierté à découvrir les appétissantes rondeurs de son coi
sage.

Deux de ses camarades — fort maigres — en causaient,..

— Fait-elle sa chipie at;ec.'

— Ne m'en parle pas, ma chère! C'est-à-dire qu'elle les port6
comme deux saints-sacrements!

Emilb Blondet.

Du TRAITEMENT des maladies contagieuses et affections de la peau
j par la mé-
1 thodo de

CHABLE MÉDECIN SPÉCIAL

36, rue Vivicimc {franco par la poste, 20 centimes).
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