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https://doi.org/10.11588/diglit.12132#0064
50
LE SÉTHON D'HÉRODOTE
insignifiants. La Geste de Sésostris traversa donc deux
périodes bien distinctes. Au début, elle fut purement égyp-
tienne et son héros fut, non pas un Pharaon véritable, San-
ouasrît Ier, ni Ramsès III, ni Sheshonk, ni aucun autre, mais
Sésostris, un Pharaon de roman comme il y en avait tant
et qu'on doit laisser à sa légende sans essayer de l'introduire
dans l'histoire. Ce qu'elle devint chez les indigènes après
qu'Hérodote l'eut recueillie, si elle s'éteignit ou si elle se
développa, et, en ce cas, dans quel sens, nous l'ignorons :
nous ne connaissons plus qu'un Sésostris hellénisé de plus
en plus, et qui finit par représenter aux yeux des Occiden-
taux le type le plus parfait du Pharaon tel que des Grecs
pouvaient le comprendre après l'expérience et sur le patron
des Ptolémées, guerrier, législateur, administrateur, cons-
tructeur de monuments, plus vertueux et plus glorieux que
tous les souverains venus après. C'est la période gréco-
romaine, la seule dont nous entrevoyions le développement.
Son Sésostris, manié et remanié surtout à Alexandrie, nous
demeurera toujours le plus familier, à moins qu'un hasard
heureux ne nous révèle, sur quelque papyrus oublié dans
les musées, une version hiératique du Sésostris original,
celui dont Hérodote fit la réputation et la fortune.
IV
LE SÉTHON D'HÉRODOTE
ET LES CHRONIQUES DÉMOTIQUES DE KHAMOÎSÎT1
Il ne faudrait pas, sur la foi du titre2, que le lecteur
s'attendît à rencontrer ici l'original égyptien du conte
1. Publié dans le Journal des Savants, 1901, p. 473-504.
2. F. L. Grifflth, Stories ofthe High Priests of Memphis, the Sethon
LE SÉTHON D'HÉRODOTE
insignifiants. La Geste de Sésostris traversa donc deux
périodes bien distinctes. Au début, elle fut purement égyp-
tienne et son héros fut, non pas un Pharaon véritable, San-
ouasrît Ier, ni Ramsès III, ni Sheshonk, ni aucun autre, mais
Sésostris, un Pharaon de roman comme il y en avait tant
et qu'on doit laisser à sa légende sans essayer de l'introduire
dans l'histoire. Ce qu'elle devint chez les indigènes après
qu'Hérodote l'eut recueillie, si elle s'éteignit ou si elle se
développa, et, en ce cas, dans quel sens, nous l'ignorons :
nous ne connaissons plus qu'un Sésostris hellénisé de plus
en plus, et qui finit par représenter aux yeux des Occiden-
taux le type le plus parfait du Pharaon tel que des Grecs
pouvaient le comprendre après l'expérience et sur le patron
des Ptolémées, guerrier, législateur, administrateur, cons-
tructeur de monuments, plus vertueux et plus glorieux que
tous les souverains venus après. C'est la période gréco-
romaine, la seule dont nous entrevoyions le développement.
Son Sésostris, manié et remanié surtout à Alexandrie, nous
demeurera toujours le plus familier, à moins qu'un hasard
heureux ne nous révèle, sur quelque papyrus oublié dans
les musées, une version hiératique du Sésostris original,
celui dont Hérodote fit la réputation et la fortune.
IV
LE SÉTHON D'HÉRODOTE
ET LES CHRONIQUES DÉMOTIQUES DE KHAMOÎSÎT1
Il ne faudrait pas, sur la foi du titre2, que le lecteur
s'attendît à rencontrer ici l'original égyptien du conte
1. Publié dans le Journal des Savants, 1901, p. 473-504.
2. F. L. Grifflth, Stories ofthe High Priests of Memphis, the Sethon