LES CHORALES DES LYCÉES ET COLLEGES
En histoire, monsieur l’inspecteur, ils en sont aux « Huguenots », en géographie, à « l’Africaine ».
— Et en calcul?
— Ils déchiffrent.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Allons, quatre cent mille francs, le collier.
— Quatre cent dix !
— Quatre cent vingt!
— Quatre cent trente!
Les joailliers russes s’obstinent ; les joailliers américains
aussi... Les Français ne lâchent pas le morceau et les Allemands
attendent le moment. Enfin, le feu des enchères s’éteint. Le
marteau du commissaire-priseur s’abat :
— Une fois, deux fois, trois fois. C’est bien vu, bien entendu ?
Adjugé: quatre cent quatre-vingt-dix mille francs!
11 s agit d’un des colliers de perles qui figurent dans la vente
des bijoux du Sultan détrôné Abd-ul-Hamid. En une séance, le
total des prix atteint trois millions... Et pourquoi? Pour des
hernies d’huîtres ou des cailloux.
Les femmes qui suivent ces enchères ou qui, simplement, en
lisent le compte rendu dans les journaux, ouvrent de grands
yeux, plus brillants que les diamants du « Sultan rouge ».
— Ma chère, un pendentif de cent quatre-vingt mille francs !
— Un rubis de trente mille !
— Des boucles d’oreilles de cent mille !
Seule, Mme Dieulafoy (et encore) n’est pas médusée. . Ah !
l’air des bijoux, quelle Marguerite ne finit pas parle chanter?
L’autre soir, j’ai voulu faire le généreux avec une petite amie...
Je lui ai apporté une bague, une gentille bague de cent vingt
francs (on fait ce qu’on peut).
— Peuh 1 dit-elle en maniant ce pauvre bijou... Keksekça ?
—• Un cadeau qui vient du cœur, mon petit chou.
— Du Caire ?
— Non, du cœur...
— Oui, je vois bien qu’il ne vient pas de Constantinople... Tu
as dû payer « ça » trente-neuf francs. Ah ! si seulement (sic) tu
avais pensé à m’apporter un des colliers d’Abd-ul-Hamid, tiens,
un des « moins conséquents »... J'ai vu, ce matin, dans les jour-
naux, qu’on pouvait s’en procurer à la vente de la rue de Sèze
pour cent ou cent cinquante mille francs. Ça, ce serait gentil !
Que vouiez-vous, quand une femme a lu les détails et addi-
tionné ies chiffres de ces enchères sultanesques, quel plaisir
voulez-vous qu’elle prenne à mettre au doigt une pauvre petite
bague de six louis?
*
* *
Je pense qu’à la prochaine revue, nous assisterons au <> grand
défilé des joyaux d’Abd-ul-Hamid » (300 personnes en scène,
costumes de Fandoll, musique de Truckmann, etc.).
Je vois d’ici l’ordre et la marche du cortège :
Les diamants, les rubis, les topazes, les émeraudes, les
saphirs (n’imprimez pas « saphistes »), les béryls... (à vaincre
sans béryl...) Apparition du collier de perles (les Mac Culott,
dansing girls). Enfin, voici, portée par des plongeurs de restau-
rant, une huître énorme... L’huître bâille (comme le public) et la
danseuse Iris surgit, vêtue de chichis et de blanc gras... C’est
elle, la Perle ! La Perle se contorsionne, fait voir son orient et
même son occident. Galop final... La claque « en met » avec
ardeur et le rideau tombe.
C’est ainsi qu’on fabrique des « revues éminemment pari-
siennes ».
Recette pour faire une Revue :
Vous prenez la Joconde, M. Arthur Meyer et son chapeau,
M. Alexandre Duval et son chapeau, M. Nozière et sa cravate
bleue à pois blancs (ou blanche à pois bleus, je ne sais plus),
M. Edmond Rostand et sa famille, M. Caillaux et sa chevelure,
M. Pelletan et ses pellicules, M. Henri Letellier et son nez,
M. Hébrard et sa cotte de Maille; vous assaisonnez avec des
calembours chipés dans l’almanach Vermot, des couplets rimés
à la flan sur des airs trop connus; vous mettez beaucoup de
vinaigre, énormément de poivre... et vous servez chaud au public
qui, d’ailleurs, reste froid. Ah! j’oubliais les cuisses...
Il faut des cuisses, encore des cuisses et toujours des cuisses.
Cuisses assises, suisses debout, cuisses couchées, peu importe...
Mettez-en partout. Des femmes nues le plus possible. Le rêve
serait d’en mettre dans la salle. Mais on y viendra...
J’oublie aussi la danse-apache; il en faut une... La Liquette,
la Tamponnette, la Tapette, la Grenouillette, la Croupionnette,
la Mouillette. Chaloupons, chaloupons !...
Un music-hall annonce la Flachonnette. Ce sera le dernier
mot du genre... Ce pas sera dansé par des petites filles de 12
à 45 ans.
J’espère tout de même qu’elles ne seront pas vêtues en petites
communiantes.
*
* *
Un lecteur me communique la circulaire suivante :
Mrae BOULGRAIN
Sage-femme de fre classe.
Accouchements en tous genres
PLACEMENT DES ENFANTS.
En histoire, monsieur l’inspecteur, ils en sont aux « Huguenots », en géographie, à « l’Africaine ».
— Et en calcul?
— Ils déchiffrent.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Allons, quatre cent mille francs, le collier.
— Quatre cent dix !
— Quatre cent vingt!
— Quatre cent trente!
Les joailliers russes s’obstinent ; les joailliers américains
aussi... Les Français ne lâchent pas le morceau et les Allemands
attendent le moment. Enfin, le feu des enchères s’éteint. Le
marteau du commissaire-priseur s’abat :
— Une fois, deux fois, trois fois. C’est bien vu, bien entendu ?
Adjugé: quatre cent quatre-vingt-dix mille francs!
11 s agit d’un des colliers de perles qui figurent dans la vente
des bijoux du Sultan détrôné Abd-ul-Hamid. En une séance, le
total des prix atteint trois millions... Et pourquoi? Pour des
hernies d’huîtres ou des cailloux.
Les femmes qui suivent ces enchères ou qui, simplement, en
lisent le compte rendu dans les journaux, ouvrent de grands
yeux, plus brillants que les diamants du « Sultan rouge ».
— Ma chère, un pendentif de cent quatre-vingt mille francs !
— Un rubis de trente mille !
— Des boucles d’oreilles de cent mille !
Seule, Mme Dieulafoy (et encore) n’est pas médusée. . Ah !
l’air des bijoux, quelle Marguerite ne finit pas parle chanter?
L’autre soir, j’ai voulu faire le généreux avec une petite amie...
Je lui ai apporté une bague, une gentille bague de cent vingt
francs (on fait ce qu’on peut).
— Peuh 1 dit-elle en maniant ce pauvre bijou... Keksekça ?
—• Un cadeau qui vient du cœur, mon petit chou.
— Du Caire ?
— Non, du cœur...
— Oui, je vois bien qu’il ne vient pas de Constantinople... Tu
as dû payer « ça » trente-neuf francs. Ah ! si seulement (sic) tu
avais pensé à m’apporter un des colliers d’Abd-ul-Hamid, tiens,
un des « moins conséquents »... J'ai vu, ce matin, dans les jour-
naux, qu’on pouvait s’en procurer à la vente de la rue de Sèze
pour cent ou cent cinquante mille francs. Ça, ce serait gentil !
Que vouiez-vous, quand une femme a lu les détails et addi-
tionné ies chiffres de ces enchères sultanesques, quel plaisir
voulez-vous qu’elle prenne à mettre au doigt une pauvre petite
bague de six louis?
*
* *
Je pense qu’à la prochaine revue, nous assisterons au <> grand
défilé des joyaux d’Abd-ul-Hamid » (300 personnes en scène,
costumes de Fandoll, musique de Truckmann, etc.).
Je vois d’ici l’ordre et la marche du cortège :
Les diamants, les rubis, les topazes, les émeraudes, les
saphirs (n’imprimez pas « saphistes »), les béryls... (à vaincre
sans béryl...) Apparition du collier de perles (les Mac Culott,
dansing girls). Enfin, voici, portée par des plongeurs de restau-
rant, une huître énorme... L’huître bâille (comme le public) et la
danseuse Iris surgit, vêtue de chichis et de blanc gras... C’est
elle, la Perle ! La Perle se contorsionne, fait voir son orient et
même son occident. Galop final... La claque « en met » avec
ardeur et le rideau tombe.
C’est ainsi qu’on fabrique des « revues éminemment pari-
siennes ».
Recette pour faire une Revue :
Vous prenez la Joconde, M. Arthur Meyer et son chapeau,
M. Alexandre Duval et son chapeau, M. Nozière et sa cravate
bleue à pois blancs (ou blanche à pois bleus, je ne sais plus),
M. Edmond Rostand et sa famille, M. Caillaux et sa chevelure,
M. Pelletan et ses pellicules, M. Henri Letellier et son nez,
M. Hébrard et sa cotte de Maille; vous assaisonnez avec des
calembours chipés dans l’almanach Vermot, des couplets rimés
à la flan sur des airs trop connus; vous mettez beaucoup de
vinaigre, énormément de poivre... et vous servez chaud au public
qui, d’ailleurs, reste froid. Ah! j’oubliais les cuisses...
Il faut des cuisses, encore des cuisses et toujours des cuisses.
Cuisses assises, suisses debout, cuisses couchées, peu importe...
Mettez-en partout. Des femmes nues le plus possible. Le rêve
serait d’en mettre dans la salle. Mais on y viendra...
J’oublie aussi la danse-apache; il en faut une... La Liquette,
la Tamponnette, la Tapette, la Grenouillette, la Croupionnette,
la Mouillette. Chaloupons, chaloupons !...
Un music-hall annonce la Flachonnette. Ce sera le dernier
mot du genre... Ce pas sera dansé par des petites filles de 12
à 45 ans.
J’espère tout de même qu’elles ne seront pas vêtues en petites
communiantes.
*
* *
Un lecteur me communique la circulaire suivante :
Mrae BOULGRAIN
Sage-femme de fre classe.
Accouchements en tous genres
PLACEMENT DES ENFANTS.