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https://doi.org/10.11588/diglit.2370#0171
— 134 —
Le commun peuple est extremement persuade de la vertu
& de l'innocence des Fakirs, mais il faut pour cela qu'ils lui
paroissent etre entierement detaches de tout ce qui est capable
de flatter les sens, & ne plus prendre part aux choses de ce
monde. La plüpart soütiennent ce personnage, & jouent par-
faitement leur röle dans le public, mais on les accuse de com-
mettre entr'eux dans le particulier des crimes enormes. Peut-
etre aussi en dit-on trop.
Nous lisons dans le 3. Livre des Rois la maniere etrange
dont les Pretres de Baal honoroient leur Dieu, comment ils
l'invoquoient, & tachoient d'en obtenir quelque grace en se
donnant des coups de coüteaux, & de lancettes. L'Ecriture nous
aprend encore que pour faire descendre le feu du Ciel sur leurs
Sacrifices, ils se mirent le corps tout en sang. Les austerites des
Fakirs peuvent leur etre comparees. II y en a meine qui fönt
pis. Ils fönt voeu de parcourir un certain nombre de lieues en
se roulant indifferemment sur tout ce qui se presente en leur
chemin, soit pierres, soit epines: de sorte qu'ils se dechirent
entierement le corps, & cette maniere de se mortifier est assez
ordinaire chez eux.
Les Indiens ont une autre espece de Fakirs, qui moins
austeres, ou pour mieux dire moins extravagans, s'assemblent
en troupe, & vont de village en village predire l'abondance, ou
menacer de la sterilite, selon que Ton les y recoit bien ou mal.
Ils se melent aussi de dire la bonne avanture, de promettre des
enfans ä ceux qui n'en ont point, & des maris a Celles qui se
lassent de l'etat de fille: mais ce sont de grands fripons, & il est
dangereux de se trouver avec eux en des endroits ecartes, ä
moins que Ton ne soit en etat de se defendre: cependant ils sont
en veneration chez les Indiens Idolatres. Les Maures ont aussi
des Faquirs, qui ne valent pas mieux que les autres. Ce seroit
un crime capital d'en battre un.
Nous pourrions comparer en quelque facon la maniere
dont les Fakirs debitent leurs visions fanatiques & leurs pre-
tendues predictions ä celle des Prophetes des anciens Juifs, que
la Sainte Ecriture appelle, Filii Prophetarum, grex, vel chorus
Prophetarum. Tels etoient ceux que Saul trouva, & au milieu
desquels il prophetisa. L'Ecriture dit, qu'ils avoient des tarn-
Le commun peuple est extremement persuade de la vertu
& de l'innocence des Fakirs, mais il faut pour cela qu'ils lui
paroissent etre entierement detaches de tout ce qui est capable
de flatter les sens, & ne plus prendre part aux choses de ce
monde. La plüpart soütiennent ce personnage, & jouent par-
faitement leur röle dans le public, mais on les accuse de com-
mettre entr'eux dans le particulier des crimes enormes. Peut-
etre aussi en dit-on trop.
Nous lisons dans le 3. Livre des Rois la maniere etrange
dont les Pretres de Baal honoroient leur Dieu, comment ils
l'invoquoient, & tachoient d'en obtenir quelque grace en se
donnant des coups de coüteaux, & de lancettes. L'Ecriture nous
aprend encore que pour faire descendre le feu du Ciel sur leurs
Sacrifices, ils se mirent le corps tout en sang. Les austerites des
Fakirs peuvent leur etre comparees. II y en a meine qui fönt
pis. Ils fönt voeu de parcourir un certain nombre de lieues en
se roulant indifferemment sur tout ce qui se presente en leur
chemin, soit pierres, soit epines: de sorte qu'ils se dechirent
entierement le corps, & cette maniere de se mortifier est assez
ordinaire chez eux.
Les Indiens ont une autre espece de Fakirs, qui moins
austeres, ou pour mieux dire moins extravagans, s'assemblent
en troupe, & vont de village en village predire l'abondance, ou
menacer de la sterilite, selon que Ton les y recoit bien ou mal.
Ils se melent aussi de dire la bonne avanture, de promettre des
enfans ä ceux qui n'en ont point, & des maris a Celles qui se
lassent de l'etat de fille: mais ce sont de grands fripons, & il est
dangereux de se trouver avec eux en des endroits ecartes, ä
moins que Ton ne soit en etat de se defendre: cependant ils sont
en veneration chez les Indiens Idolatres. Les Maures ont aussi
des Faquirs, qui ne valent pas mieux que les autres. Ce seroit
un crime capital d'en battre un.
Nous pourrions comparer en quelque facon la maniere
dont les Fakirs debitent leurs visions fanatiques & leurs pre-
tendues predictions ä celle des Prophetes des anciens Juifs, que
la Sainte Ecriture appelle, Filii Prophetarum, grex, vel chorus
Prophetarum. Tels etoient ceux que Saul trouva, & au milieu
desquels il prophetisa. L'Ecriture dit, qu'ils avoient des tarn-