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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0138
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Pour tout ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anéz:o, 10,
rue Joquelet, prés la Bourse.

Carjat et Disdéri, Franck et Pierre Petit
Des tètes d'à-côté nous ont fourni les types :
Grâces à leurs clichés chacun de nos Xantippes
Apparaît tel qu'un jour du soleil jl sortit.

Merci donc à Carjat, dessinateur habile,

A Disdéri, peintre fameux,
A Petit qui tout seul s'est fait aussi grand qu'eux.
A Franck au trait iudélébile.

Le Sifflet.

SIFFLEMENTS

Les vatels du journalisme commencent à respirer.
L'absence de nouvelles, le calme plat dans lequel nous
vivons depuis quelques jours avaient fait craindre un
instant que quelques-uns d'entre eux ne prissent la fu-
neste résolution de se passer leur plume à travers le
corps.

Ce terrible danger est écarté. La marée, qui faisait un
instant défaut, commence à arriver.

Nous avons pour quelque temps du pain sur la plan-
che. Les premières huîtres ont été vendues sur le mar-
ché, et l'entrevue des trois empereurs va fournir des
kilomètres de copie.

Les gens malintentionnés pourraient être tentés de
croire à une mauvaise plaisanterie devant ce rapproche-
ment involontaire.

Ceux-là, je les méprise, comme l'ivrogne une bouteille
vide. Mais vous, âmes candides, pour qui un chat est un
chat et Rouher un Auvergnat, pourriez-vous m'en vou-
loir de constater que le mois qui ramène les huîtres
amène aussi cette entrevue ?

Pourquoi le mois de septembre a-t-il un R ?

O huître, mollusque bivalve (ça, c'est pour épater nos
actionnaires), violette des mers qu'on va brutalement
arracher à ton obscurité, sois sûre que je n'ai jamais
profané ton nom chéri.

Si j'ai quelquefois appelé M. X*" : idiot, et Ernestine :
grue, jamais je n'ai accolé à ces noms honnis ton nom
vénéré.

Vois quelle spiendide mise en scène pour tes funé-
railles.

Sur la nappe virginale, comme un drap de lit un
- jour de noces (je n'ai pas dit : une nuit), tu apparais
fraîche et embaumée sur un plateau d'argent.

Le sauterne, cet or liquide, ce secret si longtemps et
si vainement cherché par les alchimistes, te fait au front
(pardon !) une nimbe d'or.

Tu vas mourir, mais que tu es belle !

Et eombien tu serais fière de cet appareil si jamais tu
avais pu visiter la Morgue 1

L'homme se croit pourtant d'un ordre infiniment su-
périeur.

Mademoiselle Pierson seule est une noyée présentable,
et encore n'est-ce qu'une fausse noyée.

Et pourtout, je te plains ! Peut-être, à cette heure,
quelques milliers de tes compagnes s'en vont-elles, par
chemin de fer, servir de pâture aux estomacs des trois
empereurs.

Que le citron qui vous arrosera vous semblera amer !

Vous trouverez là-bas des compatriotes—n'ayez pas
de secrets pour eux. Ils font, sur celte terre d'exil, un
métier bien dur. — Racontez-leur ce que vous aurez en-
tendu.

Laissez-les compter vos coquilles — c'est un détail qui
a bien son prix. -— Lequel en mangera le plus ?■ Heureux
le journal qui pourra donner à ses lecteurs cette nouvelle
à sensation.

L'exemple de M. Stanley a donné une impulsion nou-
velle à la manie du reportage. Les écrivains les plus
sérieux se sont laissé gagner. Vous verrez que c'est nous
qui allons devenir la grande presse.

Heureusement que le docteur Livingstone vit depuis
trop longtemps au milieu de gens qui n'ont jamais soupe
une seule fois chez Vachette, pour être encore dans le
mouvement.

Quel succès pourtant, s'il avait voulu quelque peu faire
poser M. Stanley, et envoyer au New- York-Herald un
récit de sa visite.

C'est pourtant là l'avenir. —Qui sait même si les trois
empereurs ne vont pas adresser à leur Officiel recpectif
des renseignements sur les reporters attachés à leurs
augustes personnes.

Ajiézo, plus malin que les autres, a envoyé là-bas sa
cuisinière, le seul reporter vraiment compétent, dans
l'espèce..

Vieilli dans les luttes parlementaires, il prévoit un
avenir de nopces et de festins, un horizon de bouteilles
et de victuailles dont la, nomenclature découragerait le
statisticien le plus convaincu.

O monarques à la couronne fermée, avant de commen-
cer cette petite ribote, laissez-moi vous raconter ce mot
d'un ivrogne :

Il était gris comme trois...,Polonais, et il s'en allait
chancelant, cherchant le ruisseau qui devait être son lit.

Il tomba ivre-mort dans un coin, à l'endroit où un de
ses collègues avait laissé une preuve non équivoque de
son amour pour le petit bleu. Et quand il se releva,
souillé, fangeux : « C'est dégoûtant, dit-il, se coucher
dans un renard qui n'est pas à soi ! »

Et maintenant, instruisez-vous, grands de la terre,
comme eût dit Bossuet.

Un Merle.

LE SOLEIL, LA TERRE ET LA LUNE

Je veux démolir Plantamour qui, malgré sa mystifica-
tion du mois dernier, essaye encore de faire de nouvelles
prédictions.

En vérité ! cet astronome de foire a un aplomb inqua-
lifiable qu'il est temps de renfoncer.

Je ne suis ni savant ni académicien, je n'ai même ja-
mais assisté à une séance gratuite de l'Institut.

Jamais non plus Je n'ai été honoré de l'amitié d'un as-
tronome, même de celle de celui du Pont-Neuf.

Eh bien ! malgré cela, je vais vous faire connaître le
grand cataclysme que l'avenir nous réserve... et cela,
preuve en main. Et si je ne réussis pas à vous convain-
cre, je vous prierai de donner votre conliance au charla-
tan Plantamour.

En avant la musique!

Le mardi gras 1875, Koning, que vous ne connaissez
peut-être que de réputation.'.'.'sera trouvé pendu aux
ailes du moulin de la Galette, à Montmartre; son identité
sera aussitôt reconnue par un billet trouvé sur lui, lequel
ne contiendra que ces quelques mots :

Je me tue pour éviter la mort.

Le même jour, le contrôleur des Bouffes (l'homme à
longue portée) s'asphyxiera par son haleine, son identité
sera aussitôt reconnue par un billet trouvé sur lui, lequel
ne contiendra que ces quelques mots :

Je me tue pour éviter la mort.

A la même heure, le père Hyacinthe et la mère Thier-
ret, se feront cruellement périr par une indigestion de
trufles et de pâtés de foie gras dans un cabinet de Bré-
bant. Leur identité sera aussitôt reconnue par un billet
trouvé sur eux, lequel ne contiendra que ces quelques
mots :

Nous nous tuons pour éviter la mort.

Au même moment Blanche d'Antigny, comme Cléopâ-
tre se fera mordre par un aspic dans son boudoir ; son
identité sera aussitôt reconnue par un billet trouvé sur
elle, lequel ne contiendra que ces quelques mots :

Je me tue pour éviter la mort.

Au même instant... Mais je m'arrête, car j'aurais à
vous raconter, sur le même ton lugubre, la mort de plu-
sieurs centaines de milliers de personnages éminents que
vous connaissez, qui se seront fait mourir dans des con-
ditions analogues.

Maintenant, disons pourquoi la manie du suicide sera
devenue générale,

Vous pensez peut-être que c'est parce qu'on joue en-
core le Courrier de Lyon à l'Ambigu et la stupide Tim-
bale d'argent ? Vous croyez encore que c'est parce que
de Villemessant continue ses Mémoires d'un Journaliste
et que le Pays a toujours comme ténor-léger Paul de
Léoni ?

Vous supposez probablement qu'il est encore question
de Y Homme-Femme et de l'Exposition de l'économie do-
mestique ?

Eh bien !-ce n'est pas cela du tout I

Ce sont les planètes qui sont en révolution, et tous les
habitants de la terre prévoient dans un avenir très pro-
chain le plus effrayant des cataclysmes.

Aujourd'hui que nous voyons le calme partout, nous ne
pouvons croire qu'avant trois ans, les principaux astres
se feront une guerre acharnée et mortelle.

Le soleil que nous aimons (notre joie d'aujourd'hui),
l'astre bienfaisant qui fait mûrir les melons et les citrouil-
'les, sera notre plus terribleennemi, car il voudra con-
quérir la terre et la lune.

Ces deux planètes se ligueront contre le premier des
astres (sans calembour) et se prépareront à de formi-
dables attaques.

Ce sera une guerre terrible, une guerre d'extermina»

tion qui durera des centaines d'années et m »^.x
destruction complète de la race hûmaTne q ***""*la

L'astre victorieux lui-même m'avant „i„„
tant, périra et tombera dan^ê ^SS^XT^t
diction d'un savant plus sérieux que Plantamour P é"

Michel Anézo.

JULES AMIGUES

La dernière brochure à sensation avait ce titre sir,
lier : Comment l'Empire reviendra gu"

Ce fort coup de tam-tam à l'orchestre a généralement
fart sourire, mais il n'a fait jeter les hauts cris àTr
sonne. * Per-

On a lu avec une douce gaîté le nom de l'auteur- -
chacun, portant mystérieusement l'index au HUfc»
ce geste qui signifie dans toutes les langues : Fêlé

On a écrit fragile sur la brochure"et on l'a laissa
s épanouir d»ns les colonnes de l'Espérance national?
une bien bonne gazette. '

Qu'est-ce donc que M. Jules Amigues ?

Un prophète jobard.

C'est lui-même qui nous l'apprend : « Je ae veux «s»
dit-il, laisser ignorer au lecteur qu'il a affaire, en moi
à un héritier des Cassandre, des Jonas et des Jérémie'
autrement, dit que j'exerce en ce monde, à mesriscram
et périls, le métier de prophète. »

Nous ne le lui faisons pas dire.

Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il ressemble énorme-
ment au Cassandre de la comédie italienne.

En outre, il a dû être avalé par quelque baleine car
il est resté dix ans dans les pays étrangers, avant de
venir prophétiser chez nous.

Il n'y a rien de tel que les baleines pour former les
prophètes.

Celui-ci a la plume diurétique. Quand il faut dix lignes
aux gens sérieux pour se faire comprendre, il lui faut à
lui dix colonnes pour tout embrouiller.

Aussi est-il devenu le fléau des journaux dans lesquels
il écrit, et surtout le fléau des lecteurs.

Ce prophète qui, dit-il, aime à confaouler familiè-
rement des choses du passé, a beaucoup d'amis, ainsi
que son nom l'indique.

Amigo, au singulier, veut dire ami ou la prison de
Bruxelles, au choix.

Aux gens d'esprit faible on dit volontiers : Mon ami !»
Lui, il dit à tous : « Mes amis ! »

C'est pour cela qu'il écrit son nom avec un S.

Pardonnons-lui cette douce monomamie.

Dans sa brochure, il dit : « Mon ami Ollivier. »

C'est, dit-il, un ami qu'il quitte quand il s'élève et
qu'il reprend quand il est abaissé. Il doit être en ce mo-
ment un excellent ami d'Ollivier.

Il a encore son ami Marsaud, son ami Ernest Lachaud,
son ami Girardin, son ami Camille Doucet, son ami
Conti... et tout le reste du genre humain. Tous amigues.

A la façon des oracles antiques, ce bon prophète, aime
à sibylliser (le mot est de lui), en vers.

Il cite cet échantillon de sa muse :

Je vais vous en conter une bien bonne. — Un jour.
Sur les bords de la mer où Marseille a ses dragues,
Vivait un peuple mort. Ce peuple aimait les blagues,
Barbarismes, argot, boniments et gros mots,
Surtout les calembours! —Des blagueurs, non des sots
Je veux parler des Grées, filous du Bas-Empire.
Ces squelettes buvaient, chantaient, aimaient à rire ;
Cassagnac ferraillait vers le soleil levant...
C'était un Ture ! Plonplon le poussait en avant
Pour verser du phénol du couchant à l'aurore,
Et tandis qu'au Pays on ferraillait encore,
Rabagas souffletait de sa sordide main
Le front décoloré du vieux pitre romain.
Notre avilissement mérite ces épreuves (1).

Oh ! ces prophètes ! Quelle verve ! Quelle obscurité !
Quelle blague !

Il paraît pourtant qu e la profession ne rapporte rien
de bon : « Il n'est guère d'astrologue, dit-il, qui n'aille
cuver au fond d'un puits les secrets que lui ont livres
les étoiles. »

Et là-dessus le voilà qui enfourche sa brochure vati-
cinatrice.

Après un tel préambule, avez-vous besoin de la lire?...
Dame ! si vous avez des insomnies !

Au milieu d'un fatras compact, vous verrez Jules
Amigues traiter Gambetta de : « chauve-souris politi-
que, » de « rat de Cahors » et « d'oiseau de Gènes. »

Tout cela ensemble, et sans crier : Gare !

Il dit que ce malheureux Gambetta « finasse à la gas-
conne et à l'italienne, » et que ses harangues « puent
quelque peu la pipe de Procope ou de Frontin. »

Quelque peu embarrassé pourtant du rôle qu'il a joué
en écrivant dans des journaux absolument disparates, i
se frotte de savon-ponce pendant un temps infini... a

C'est absolument comme si Cochinat usait du même
procédé pour se blanchir.

En somme, depuis le Petit-Journal jusqu'à la tons-
titution, on l'a vu. un peu partout. Il est tellement obseae
delà manie d'écrire que, si nous n'y veillions pas,
serait dans le cas de fourrer des articles jusque dans
Sifflet.

(1) Extrait du Pari»-Journal du 21 décembre 1860.

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