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World Fair [Hrsg.]
Revue de l'Exposition Universelle de 1889 — 1.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.1374#0141
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130

L'ORFEVRERIE

Four à réverbère (ateliers Christofle).

génie des hommes. Ils seront
forcés de constater ses écla-
tants progrès, ses incessantes
conquêtes, ses méritoires ef-
forts pour renouer la chaîne
des traditions passées, et en
même temps le merveilleux
bonheur avec lequel elle a su
ajouter aux procédés anciens
les ressources prodigieuses
des sciences nouvelles, de la
mécanique et de la chimie.

Certes, depuis un siècle,
un bien petit nombre de nos
industries d'art sont parvenues
à atleindre au degré de perfec-
tion qu'elles ont connu jadis, car elles ont à lutter contre deux espèces de difficultés qui
proviennent des transformations mêmes de notre état social : d'une part, les machines,
qui ont changé les conditions de la fabrication; d'autre part, la naïve erreur d'une démo-
cratie s'obstinant à ne pas voir qu'il y a incompatibilité absolue entre le prix forcément
élevé des ouvrages bien exécutés et le désir du bon marché qui possède tout acheteur.
Ces écueils, l'orfèvrerie est parvenue à les tourner, en contractant loyalement un mariage
de raison, qui déjà donne les plus beaux fruits. Dans toute union, dit-on, il faut des ca-
ractères bien assortis. L'art est un débonnaire qui n'exige de sa compagne, l'industrie*
que de l'honnêteté et de la franchise. En échange, il lui apporte sa noblesse et la couvre
de son prestige, quel que soit l'habit, somptueux ou modeste, dont il soit vêtu. C'est ce
que nos orfèvres contemporains, comme MM. Christofle, notamment, ont compris, et
voilà comment ils ont si bien réussi à trouver la solution d'un problème compliqué qui
ne s'était pas imposé aux méditations de leurs aînés, c'est-à-dire qu'ils produisent à la
fois des ouvrages comme peuvent leur en commander de richissimes Mécènes, composés
des plus précieuses, des plus rares matières, exécutés avec les patients procédés qu'on
employait autrefois, et des ouvrages en métal de minime valeur, reproduits mécanique-
ment à des milliers d'exemplaires, d'un beau modèle et d'un parfait travail, qui, grâce à
eux, sont devenus d'un usage courant, et mettent l'art, pour ainsi dire, à la portée de
toutes les bourses.

Voilà, à notre avis, le trait distinctif et le caractère le plus saisissant de l'orfèvrerie
moderne, qu'il convenait de signaler tout d'abord avant de tracer le tableau sommaire de
son histoire en notre siècle. Cette étonnante assimilation aux besoins de notre société
contemporaine de la part d'une industrie qui semblait, par sa nature, uniquement ré-
servée aux prodigalités luxueuses des privilégiés de la fortune, cette variété de produc-
tions s'étendant, comme une gamme chromatique, avec des nuances infinies, du premier
degré jusqu'au diapason le plus élevé de l'art, cette généreuse bonne grâce avec laquelle
elle s'est prêtée aux transformations que lui a fait subir la science de l'ingénieur et du
chimiste pour établir des proportions graduées selon les exigences de nos fortunes bour-
geoises, voilà, encore une fois, la nouveauté, le phénomène vraiment digne d'admiration,
que nous donne l'orfèvrerie à l'heure présente, et par où elle se distingue de celle de
toute autre époque.
 
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