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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0032
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L'ÉGLISE ET LE CHATEAU D'EBERSTEINBURG.

Pour y arriver, on peut suivre un sentier sauvage qui se sépare de celui qui conduit aux Rochers,
derrière les ruines du vieux château. On marche quelque temps, sur le sommet de la montagne, parmi
les érables, les chênes et les sapins. Pareille à une couleuvre, l'étroite route, abordable aux piétons
seuls, file entre des quartiers de pierre qui rappellent les grès fameux de la forêt de Fontainebleau. Les
arbres interceptent le regard ; puis le sentier traverse une clairière, et la plaine, où gronde le canon de
Rastadt, vous apparaît au loin.

Ebersteinburg est dans un coin de cette forêt, sur le versant de la montagne. Le premier coup d'œil
vous fait voir l'église et son petit clocher.

Mais les touristes préfèrent les routes praticables aux voitures. Il en existe deux. L'une qui grimpe
la montagne au sommet de laquelle s'assied le vieux château, en contourne les ruines et traverse la
forêt à mi-côte. Elle est unie et facile comme une route du bois de Boulogne, bien que les accidents de
terrain y soient nombreux. Le chêne et l'érable l'ombragent; elle rampe avec de longs détours, bordée
d'arbres gigantesques et de rochers verdis par la mousse. Puis la forêt expire à l'entrée d'un frais
vallon, et devant vous se dressent les ruines effondrées d'un burg et s'éparpillent les toits bruns et
rouges du hameau.

Le coup d'œil est superbe.

Le burg hérisse ses vieux pans de murailles déchirées au sommet d'un rocher qui descend à pic sur
la plaine du Rhin. Le lierre le tapisse comme d'un manteau, et mille sapins lancent leurs flèches tout
autour des remparts abattus. Un des côtés du rocher, avec la masse des fortifications qu'il supportait
jadis, s'est écroulé et couvre de ses débris énormes un large pan de forêt.

Une tour carrée, dans laquelle on arrive par une échelle intérieure, est encore debout, percée çà et là
de meurtrières profondes. Elle domine la vallée et semble surveiller la plaine où fuit le Rhin aux détours
lumineux. Des arbres vigoureux ont crû à son sommet et se balancent comme un panache au souffle
du vent, Des grandes salles où jadis se réunissaient les hommes d'armes on ne voit plus que les dalles
brisées sur le sol; les meurtrières sont béantes; le pied heurte les créneaux tombés dans la mousse ; une
porte s'ouvre sur l'abîme, des escaliers se dressent contre des murailles debout dans le vide. Là est
une poterne avec un débris d'échauguette où veillait autrefois la sentinelle ; ici est l'ouverture à demi
comblée d'un souterrain qui, raconte la tradition, allait jusqu'au vieux château à travers la montagne;
partout des surprises et partout les pentes abruptes du rocher où murmurent les sapins, pressés comme
les soldats d'une armée.

Le village est à une portée de trait ; tout entouré de prairies semées de noyers, il se cache à demi
au milieu des haies et des vergers que domine humblement le petit clocher pointu de l'église. Le
vallon qui s'ouvre devant Ebersteinburg s'incline doucement vers la plaine où Rastadt est assis.

L'origine du vieux château d'Eberstein se perd dans la nuit des chroniques. On raconte qu'un sire
d'Eberstein, étant un jour à la chasse, découvrit au sommet d'une montagne un rocher nu qui dominait
la vallée et la forêt. Il y posa le bout de son épée, et jura qu'à cette même place où les aigles faisaient
leurs nids, il bâtirait un château; et comme c'était un seigneur qui n'avait qu'une parole, le château fut
construit.

On était alors au xe siècle. Le château fermé de murs et garni de tours, les sires d'Eberstein s'y
établirent comme dans une aire. Du haut de cette forteresse ils défiaient tous leurs voisins, si puissants
qu'ils fussent.

Longtemps après, sous le règne de l'empereur Othon, la ville de Strasbourg et le château d'Eberstein
refusèrent de reconnaître la suzeraineté du maître de l'Allemagne. Othon rassembla une armée et vint
attaquer Strasbourg; la ville prise, l'empereur mit le siège devant le burg, mais le château avait pour
le défendre les trois comtes d'Eberstein.

Après deux ans d'efforts, de combats acharnés, de luttes, d'assauts inutiles, le château tenait tou-
jours. Ni la force, ni la ruse, n'avaient rien pu contre ces terribles murailles dressées sur des précipices.
 
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