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LICHTENTHÀL.

C'est une réunion charmante de villas dans un parc. Les grandes dames en voyage viennent s'y
reposer comme dans un nid. Elles y trouvent la fraîcheur et le silence : c'est Auteuil avec la Schwarz-
wald au bout du sentier.

Tout au loin, et pour fermer ce riant tableau, le grand et le petit Staufenberg dressent leurs cimes
verdoyantes qu'accompagnent, au-dessus de Bade, le vieux château et le long escarpement des
Rochers.

Le grand Staufenberg, surmonté d'une tour et qu'on appelle le mont Mercure, est, pour le dire en
passant, la montagne la plus haute de la chaîne qui court autour de Bade. Elle ne mesure pas moins
de 746 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce nom de Mercure, substitué dans la conversation au
nom allemand de Staufenberg , lui vient d'un autel romain qui fut découvert à son sommet.

Cet autel, bien connu des antiquaires, fut réédifié en 1760. On y avait découvert une inscription
qu'on nous permettra de rapporter dans son laconisme lapidaire :

IN H. DD.
DEO MER.
CVR. MER.
C. P. PUSO.

Les savants ont traduit ainsi ces quelques lettres :

En l'honneur de la divine maison
Impériale,
Au dieu Mercure,
Par Curius le marchand.
Accomplissement d'un voeu fait pour le recou-
vrement de sa santé.

Le mont Mercure et la tour élevée qui le couronne sont un lieu fréquent de promenades. Les
voitures n'y parviennent pas, mais les piétons sont récompensés de leur fatigue par la magnificence
du panorama qu'ils découvrent de cette hauteur.

Plus loin qu'Allée-Hause, l'aspect change. L'avenue de Lichtenthal s'incline vers la gauche et côtoie
une vaste prairie ; à droite commence le Labyrinthe. De grands arbres semés partout protègent une
fontaine dont l'eau claire et froide tombe d'une colonne enjolivée de feuillages dans un bassin de grès
rouge : c'est la Fontaine de pierre, — Petersbrunnen. Un rayon de soleil a peine à percer le dôme
vert des branches où frémit le vent. L'endroit est frais et couvert, et le sentier tortueux qui s'y
promène aboutit à une prairie sur laquelle dix collines ouvrent des gorges riantes où le regard se perd.

Mais avant de pousser plus loin, regardez à droite ce chemin qui monte au flanc de la colline. Tout à
son commencement, dans un creux du vallon, près d'une sapinière, ce chalet si coquet, c'est la Cabane
aux chèvres ; tout à l'extrémité, c'est la tour d'Yburg.

Bientôt le tilleul, le frêne et l'érable remplacent le chêne, mais l'ombrage est le même et l'avenue
se prolonge toujours. Là-haut, sur ce monticule, c'est une villa toute blanche; ici, sur la rive de
l'Oosbach, c'est une villa aux persiennes vertes. La promenade se rapproche de l'Oos qui murmure
sur son lit de pierre, et les maisons succèdent aux maisons. L'une baigne un pan de jardin dans le
flot qui passe, l'autre suspend un balcon sur la prairie ; toutes sont voilées de plantes grimpantes et
de rideaux de fleurs.

Ce chalet gracieux avec son toit de sapin luisant, ses balcons découpés à jour, ses fenêtres
encadrées de vigne vierge, ses galeries coquettes, sera quelque jour consacré par une légende. C'est
là, dit-on, que Meyerbeer a composé Robert le Diable. Quel nid charmant pour une églogue à
deux !
 
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