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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0038
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LICHTENTHAL.

A gauche vous avez laissé le Hœslig, douce colline courbée au pied du Staufenberg ; à droite vous
apercevez, plus loin que le frais vallon de Guarzenbach, les sombres forets qui tapissent les hauteurs
lointaines de l'Iwerst, de la Waldeneck, du Katzenkopf. C'est un magnifique panorama que l'œil ne se
lasse pas de regarder.

Selon les heures du jour, il change d'aspect, et selon que le ciel est clair ou chargé de nuées, il est
tout éclatant de lumière avec des fonds harmonieux, ou noir et tout rempli de grandes ombres. Parfois,
le matin, les vapeurs errantes qui rampent au flanc des montagnes lui prêtent des grâces nouvelles ;
le paysage est à demi voilé comme le visage d'une fiancée. Le soir, au soleil couchant, il s'empourpre
de clartés roses que les sapins aigus dentellent à l'horizon.

Encore quelques pas, et ces pelouses, ces bosquets, ces charmilles, ces pavillons auxquels mènent de
légères passerelles vous diront que là est le jardin de F Ours.

Le nom est féroce, l'endroit est ravissant. Je ne sais pas si jamais un ours a traîné ses griffes sur ce
frais gazon, mais à présent on n'y voit plus que les robes blanches des baigneuses. L'Ours est un
restaurant. On y vient déjeuner au bord de l'eau, y diner sous le feuillage.

Où finit le jardin de l'Ours commence le jardin de Ludwigsbad. Vous passez un pont de bois et
vous êtes à Lichtenthal.

Le village est devant vous, avec ses hôtels, ses maisons, ses chaumières, son couvent. A droite, une
gorge étroite, d'où sort un torrent, est fermée par une montagne toute noire de sapins, — le Cœci-
lienberg; à gauche, l'Oosbach fuit parmi les arbres et les fleurs. Derrière vous la longue avenue
s'incline vers Bade.

Le couvent de Lichtenthal est tout auprès. Une large porte toujours ouverte conduit dans une cour
plantée d'arbres où coule une fontaine dont la forme charmante arrête le regard. Du milieu d'un bassin
hexagone s'élève un pilier gothique surmonté d'une statue de la Vierge. Une serrurerie travaillée avec
beaucoup d'art soutient les robinets d'où l'eau s'épanche. De fines sculptures décorent les six pans du
bassin autour duquel s'enlacent des rinceaux.

Voilà maintenant l'église et le couvent derrière lesquels gronde un torrent et que domine la crête
sombre des montagnes. Une fille en corset ronge puise de l'eau à la fontaine, des bœufs passent en
ruminant, une charrue est dans un coin, quelque poule glousse auprès de ses poussins, des enfants rient
au seuil d'une maison, et le chant des religieuses se mêle parfois à tous ces bruits pacifiques et doux.

Le couvent de Lichtenthal a été fondé en 1245 par Irmengrat, veuve d'Hermann V, qui s'y retira.
Enrichi par les dons pieux de ses fils, le couvent devint l'un des plus fameux du pays de Bade. Plus
tard, en 1689, lors des grandes guerres de la France contre l'empire d'Allemagne, il faillit disparaître
comme disparurent alors tant de châteaux et tant de forteresses. L'intervention d'une religieuse le
sauva de l'incendie.

Lors de la suppression totale de tous les établissements religieux, seul le couvent de Lichtenthal
fut conservé. Vingt nonnes cistériennes l'occupent aujourd'hui. Elles renouvellent leurs vœux de trois
en trois ans, et peuvent, à leur choix, conserver l'habit religieux ou rentrer dans le monde.

Quelques tableaux ornent l'église, parmi lesquels deux sont attribués à Holbein; le sol est parsemé de
pierres funèbres dont les inscriptions s'effacent lentement. Les reliques de deux saints emmaillottés à
la mode allemande, et ornés de toques et de mantelets de velours cramoisi, de bagues et de joyaux,
reposent dans deux niches latérales.

Tout à côté de la chapelle où dort dans son armure le margrave Rodolphe le Long, cette maison
verte est un orphelinat fondé en 1835 par M. Georges Stulz de Kippcnheim. M. Stulz était tailleur de
son état et avait fait fortune à Londres. En souvenir du bienfaisant emploi qu'il faisait de ses richesses,
le grand-duc Léopold lui accorda des lettres de noblesse sous le nom de Ortenberg.

Au delà du couvent de Lichtenthal commence le village d'Unter-Beiiern.

Parmi les étrangers qui viennent passer la belle saison à Bade, un certain nombre fixent leur
résidence à Lichtenthal où de bons hôtels les accueillent. Il y a même à Ludwigsbad un établissement
 
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