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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0103
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FRIBOURG EN BRISGAU.

les villes d'Allemagne. Des fontaines d'un goût délicat et finement sculptées répandent leurs eaux
fraîches dans la ville.

On ne saurait quitter Fribourg sans rendre visite au Schlossberg, d'où la vue s'étend sur les vallées du
Rhin et de la Treisam ; mais quelle hauteur dans ce beau pays de Bade n'est pas riche en beaux horizons !
Il suffit d'ouvrir les yeux et de regarder.

LE HŒLLENTHAL

OU

VALLÉE D'ENFER.

Le nom est terrible, la chose est magnifique à voir.

Quand on sort de Fribourg par la route de Sehaffouse, on traverse d'abord une vaste plaine dont
les aspects riants rappellent les plus belles campagnes de la Normandie et de la Touraine. De petites
collines boisées lui font une ceinture verdoyante : les Allemands ont donné à cette plaine le nom de
Kirchzarterthal.

Les voyageurs la connaissent sous un nom qui rappelle l'Eden biblique : le Paradis.

De jolis villages laissent voir leurs maisonnettes parmi les arbres. Voici Ebnet, voici Zarten, voici
Burg. Les plus charmantes cultures les entourent, de frais sentiers les côtoient, de verts bosquets les
ombragent. Le sol est fertile, l'horizon est large. De beaux rideaux d'arbres, des haies, des chaumières,
bordent la route.

Au bout du Paradis, dont le jardin immense s'étend autour de Fribourg, commence rHœllenthal.

La route s'élève graduellement sur les flancs de la montagne, couronnée par le château de Falkenstein.
Les cultures cessent et les sapins commencent; bientôt on pénètre dans la foret Noire. Le hasard, ce
grand artiste, a voulu que de ce côté-là la sombre foret Noire eût une porte digne de son nom. Je ne
sais pas de plus magnifique décor. Deux grands tronçons de montagnes se menacent de leurs rochers
à pic sur lesquels se dressent des sapins chevelus; entre ces tronçons, une rivière qui mugit, écume et
disparaît, est comme perdue dans l'ombre. Une route étroite qui rampe au pied de la montagne se fraye
un passage entre ses plis tortueux.

Ici la montagne semble s'être tout à coup déchirée sous l'effort d'une convulsion souterraine ;
l'écartement des rochers est violent et brusque, quelques plantes peuvent à peine y suspendre leurs
racines fragiles ; partout la pierre est nue et marbrée de tons rouges, bruns, fauves et violacés ; par
des entailles profondes suintent çà et là quelques gouttes d'eau. L'œil se fatigue à chercher les sommets
de ce rempart cyclopéen. Tout au fond de cette brèche béante, qui a peut-être vu passer les légions de
Rome, un torrent, dont les eaux fougueuses sortent du cœur de la forêt, se précipite avec un fracas
terrible sur mille récifs que son cours a polis. Ce rocher escarpé, qui semble menacer la route, s'appelle
le Hirschensprung, — le Saut du cerf. — Plus loin, sur une émincnce, s'élève la chapelle de saint
Oswald.

A ce paysage d'un aspect à la fois si beau et si sauvage se mêlent de glorieux souvenirs militaires.
En 1796, le général Moreau, ramenant l'armée de Sainbre-et-Meuse, traversa l'Hœllenthal pendant
cette fameuse retraite qui rendit son nom célèbre.

A mesure qu'on s'enfonce dans l'Enfer, l'horizon s'élargit; les croupes chargées de forêts s'étagent
jusqu'au ciel ; les ravins, les vallées, les champs, les villages, se confondent dans le brouillard : quelques
fermes montrent leurs toits rouges au milieu des arbres ; on entend la clochette des troupeaux, et de
chaque fente ouverte dans la montagne s'échappe une cascatelle qui fuit de pierre en pierre.
 
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