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Oppermann, Charles A. [Hrsg.]
Album pratique de l'art industriel et des beaux-arts — 5.1861

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No 6 (Novembre- Décembre 1861)
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L’ART INDUSTRIEL. — 5e ANNÉE. — NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1861.

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L’épreuve peut avoir un ton gris et froid : ce défaut provient de ce
que le virage est dépassé. Cet accident se produira d’une manière con-
stante lorsqu’une épreuve sera restée trop peu de temps dans le châssis
à reproduction et trop longtemps dans le bain de virage. Les papiers
sensibilisés avec une solution trop faible d’argent sont sujets à produire
ce défaut. La nature du papier doit entrer aussi en considération.

L’aspect de l’épreuve peut être cotonneux : cela dépend seulement
du papier; ce défaut est surtout manifeste avec le papier grossier qu'on
albuminise; la surface paraît couverte de petits creux et de petits
reliefs dus à une absorption irrégulière de l’albumine; or comme les
sels d’or, pour produire une teinte uniforme, exigent une grande uni-
formité dans la surface albuminée, on voit que, dans ce cas, le résultat
désiré ne peut être obtenu. Tout papier présentant ces imperfections
doit être immédiatement rejeté; car quelque manipulation qu’on lui
fasse subir, il ne donnera jamais de bonnes épreuves.

L’épreuve présente quelquefois des raies ou des taches rouges dues
à ce que le papier est mal albuminé; ce sont alors des défauts de ma-
nipulation. Mais on peut aussi les attribuer à des rugosités que le
papier présente à sa surface et qui ont déterminé une absorption
inégale de l’albumine; pendant le virage, la couleur de l’épreuve étant
modifiée par l’or, précisément en proportion de la quantité d’albumine,
les différences de coloration obtenues indiquent exactement la quantité
d’albumine dont est revêtue chaque portion de la surface : les taches
rouges, les raies, les bandes, n’ont pas d’autre cause que cette répar-
tition inégale.

L’épreuve peut être parsemée de soulèvements : ces sortes d’acci-
dents proviennent tout aussi bien de l’albuminage du papier ou de la
mauvaise exécution de l’épreuve. Ces soulèvements varient de dimen-
sions, depuis la grosseur d’une tête d’épingle jusqu’à celle d’une bille
ou même plus ; ils se rencontrent sur les papiers fortement albuminés,
et sont moins fréquents sur les papiers minces que sur les autres; ils
paraissent dus au dégagement d’un gaz qui, développé dans le corps
du papier, force, par son expansion, l’albumine à se dilater, grâce à sa
mollesse et à son élasticité.

Pour empêcher ces accidents, il est bon d’ajouter le moins de car-
bonate de soude possible à l’albumine, et de faire usage d’un bain d’or
neutre ou acide.

Pi‘«eédé (tliotograpliique au tannin

de M. le Major Russel.

La manipulation de ce procédé est la suivante :

La glace est couverte du collodion et sensibilisée à la manière ordi-
naire; au sortir du bain de nitrate, elle est soigneusement lavée à l’eau
distillée; on verse alors sur la glace une solution de tannin ainsi com-
posée :

Tannin. 05r.9G0

Eau.3 lsr.090

La solution filtrée est versée sur la glace à plusieurs reprises, puis la
glace est égouttée et séchée à une chaleur douce. Avec des glaces ainsi
préparées, l'exposition est, dans des circonstances égales, six ou huit
fois plus longue qu’avec des glaces préparées au collodion humide.
Lorsqu’on veut procéder au développement, on mouille d’abord la
glace avec de l’eau distillée, puis on développe avec une solution de
üer.128 d’acide pyrogallique dans 318’.09 d’eau, avec addition de quel-
ques gouttes d’une solution de nitrate d’argent; en ajoutant un peu
d’acide acétique, on aura des tons rouges; pour des tons noirs, on
les obtient avec un peu d’acide citrique. Le développement n’est pas
aussi long que dans la plupart des procédés humides; trois à cinq mi-
nutes suffisent après une exposition convenable. Le collodion doit être
de la nature que l’on recommande habituellement pour les procédés à
sec; il est bon, pour sa préparation, d’employer l’alcool en quantité
éga;e à l’éther. Il vaut mieux aussi faire usage d’un iodure bromuré,
sans quoi l’épreuve pourrait être dure.

Voici la formule du collodion qui réussit le mieux pour ce procédé :

Coton-poudre.

0*

r.320

Dissolvant(I part.éther, 1 part.alcool).

31

.090

Iodure de cadmium.

0

.128

— de potassium.

0

.032

Bromure de potassium.

0

.032

Ce collodion, au bout d’une année de préparation, est aussi sensible
qu’au moment même où l’on vient de le faire.

Ce procédé au tannin a le mérite de donner des clichés très-beaux,
très-brillants, très-vigoureux, d’une clarté remarquable dans les ombres ;
mais il exige de très-grandes précautions dans le cours des manipula-
tions : d’une part on obtient très-facilement des taches, de l’autre la
0 — 29

couche montre une grande tendance à se détacher du verre pendant le
développement. On a proposé, pour remédier à cet inconvénient, de
substituer au tannin un mélange de cette substance et de gomme ara-
bique.

Voici la formule proposée :

Tannin. 0«r.960

Gomme arabique. 1 .600

Acide citrique. . . . •. 0 .128

Eau. SI .090

Le tannin n’agit pas en rendant l’iodure plus sensible ; il produit dans
l’énergie du développement une augmentation par suite de laquelle
l’épreuve se produit plus rapidement et avec de plus grands contrastes
entre les teintes extrêmes. La coloration de l’image est aussi différente,
les particules qui la composent n’étant ni grises ni cristallines, mais
finement divisées et opaques, de telle sorte que le cliché possède toutes
les qualités que recherchent les photographes.

Ernest Saint-Edme,
Préparateur de Physique
au Conservatoire des Arts et Métiers.

Exposition des Arts industriels.

Un grand nombre de personnes ont aujourd’hui une opinion assez
peu satisfaisante de l’Art moderne. A quoi cela tient-il? Bien moins
sans doute au travail des artistes de toute spécialité qu’au petit
nombre d’occasions dans lesquelles le public peut connaître et apprécier
les produits fabriqués journellement dans les grands ateliers d’arts in-
dustriels.

Les œuvres les plus belles ne sortent ordinairement des mains de l’ou-
vrier que pour entrer chez celui qui en a fait l’acquisition : personne
n’a pu les voir, s’en former une opinion, peut-être même y trouver de
bons modèles.

Des expositions publiques à certains intervalles, tel était l’un des
moyens les plus sûrs pour arriver à un résultat satisfaisant et pratique.

Cette idée, qui a déjà été souvent émise dans ce Recueil, vient enfin
de recevoir une première application. Le Palais de l’Industrie a récem-
ment ouvert ses portes à une exposition nouvelle, celle des Arts, in-
dustriels, c’est-à-dire des produits d’ornementation et de goût que
le perfectionnement des procédés de fabrication permet de livrer au-
jourd’hui en si grand nombre à des emplois multiples.

Quoique nous ayons à regretter l’absence de quelques bons fa-
bricants, on trouve néanmoins réunis dans les cinq grands salons de
l’Exposition d’élégants modèles d’Ébénisterie et de Sculpture sur bois,
de Fontes moulées, de Serrurerie artistique, de Bronzes d’art, de
Céramique et de toutes les œuvres, en un mot, qui sont, comme on
le sait, l’apanage exclusif de notre industrie.

Les produits n’ont pas été classés par spécialité de profession ; on a
sans doute obtenu de la sorte un coup d’œil plus agréable, mais l’exposi-
tion serait-elle peut-être plus pratiquement instructive si chaque spé-
cialité était concentrée dans un même salon. On y trouverait plus fa-
cilement les renseignements et les adresses, qui sont un des éléments les
plus utiles de ce genre d’expositions.

Nous croyons devoir rétablir ce classement dans notre compte rendu,
en examinant l’une après l’autre les diverses industries. Nous commen-
cerons par celle qui se trouve la mieux représentée à l’Exposition, tant
par le nombre des objets que par leur bonne exécution.

ÉBÉN1STERIE , SCULPTURE SUR BOIS.

L’Ébénisterie de luxe, industrie essentiellement française, n’est en
progrès réel que depuis une vingtaine d’années, bien qu’elle date du
milieu du XVe siècle. Après avoir pris un grand essor sous la Renais-
sance, elle était tombée en partie sous Louis XIII, pour se montrer
dans tout son éclat sous Louis XIV, époque à laquelle les meubles in-
crustés de Boule pénétrèrent dans les salons.

Sous Louis XV, elle dut suivre l’esprit du temps, et l’on vit partout
des meubles qui, heureusement, cédèrent la place à ceux à garni-
ture de cuivre de la fin du XVIIIe siècle, La Révolution amena un
temps d’arrêt; car on ne peut donner le nom de style aux formes
lourdes et carrées qui se retrouvent dans tous les meubles de cette
époque. L’Empire et la Restauration modifièrent l’état de choses,
sans pouvoir cependant obtenir de l’Ébénisterie cet emploi intelligent
des ressources variées qu’elle a à sa disposition, et dont elle fait un si
bon usage aujourd’hui.

Quant à la sculpture sur bois, il est, croyons-nous, inutile de dire
que les artistes d’aujourd’hui égalent ceux du moyen âge, qui nous a
laissé de si précieux documents en cette matière.

1861. — 7
 
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