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$our Vautre; & ilajoutoit, en faisant l’éloge de
sesbons & jidèles Tartares : ,Je suis trts-content de
mes Incirconcis : ils ne meserviroient pas mieux,
quand ils auroient l’immeur d'ètre Chrétiens.
Le tableau simple & touchant de cet intérieur
doux & tranquille , retrace en Milord Maréchal
un de ces ancièns Patriarches , entourés d’une
famille dontils faisoient lebonheur, & ne vovant
autour d’eux que des ètres reConnoiisans, dont ils
étoient chéris & respecftés. Ausii une femme de
ses amis, comme lui sage & bienfaisante , ne l’ap-
pelloit quele bon Abrahanr, &Milord Maréchal y
dansles lettres qu’illui écrivoit, signoit toujours
ce nom , qu’il aimoit à tenir & à recevoir d’elle.
Uneautreamie lui donnoit un nom dont il n’é-
toit pas rnoins digne , celui du bon vieillard de
Tom Jones , M. Alworthy ; Milord Maréchal lui
reisembloit en effet par sa bonté indulgente pour
les Tom Jones, qui avec l’extérieur du dérégle-
ment couservent dans la fougue des passions le
sentiment de la verhi, & par son éloignement
pour les Blisis , qui cachentsous l’extérieur de la
vertu toute la noirceur du vice , & sous une dou-
ceur pcrfide le mépris des remords.
Parmi ces Etraugers venus de Tartarie ou d’ail-
leurs à Milord Alaréchal , & qu’il appelloit sii
petite samille , se trouvoit Mademoiselle Emeté ,
fille d’un Capitaine des Janiisaires; elleavoit été
retirée, encore enfant, des ruines d’Oczakow
à la prise de cette ville par les Ruises, & son frere
le Cîénéral Keith !a lui avoit donnée. Milord
Maréchal , qui l’avoit élevée avec soiu , sentit ciu
goût pour elle, lorsqu’elle fut parvenue à l’àge
d eu inspirer. JeJ'uis notre EJ'clave. lui répondit
C
$our Vautre; & ilajoutoit, en faisant l’éloge de
sesbons & jidèles Tartares : ,Je suis trts-content de
mes Incirconcis : ils ne meserviroient pas mieux,
quand ils auroient l’immeur d'ètre Chrétiens.
Le tableau simple & touchant de cet intérieur
doux & tranquille , retrace en Milord Maréchal
un de ces ancièns Patriarches , entourés d’une
famille dontils faisoient lebonheur, & ne vovant
autour d’eux que des ètres reConnoiisans, dont ils
étoient chéris & respecftés. Ausii une femme de
ses amis, comme lui sage & bienfaisante , ne l’ap-
pelloit quele bon Abrahanr, &Milord Maréchal y
dansles lettres qu’illui écrivoit, signoit toujours
ce nom , qu’il aimoit à tenir & à recevoir d’elle.
Uneautreamie lui donnoit un nom dont il n’é-
toit pas rnoins digne , celui du bon vieillard de
Tom Jones , M. Alworthy ; Milord Maréchal lui
reisembloit en effet par sa bonté indulgente pour
les Tom Jones, qui avec l’extérieur du dérégle-
ment couservent dans la fougue des passions le
sentiment de la verhi, & par son éloignement
pour les Blisis , qui cachentsous l’extérieur de la
vertu toute la noirceur du vice , & sous une dou-
ceur pcrfide le mépris des remords.
Parmi ces Etraugers venus de Tartarie ou d’ail-
leurs à Milord Alaréchal , & qu’il appelloit sii
petite samille , se trouvoit Mademoiselle Emeté ,
fille d’un Capitaine des Janiisaires; elleavoit été
retirée, encore enfant, des ruines d’Oczakow
à la prise de cette ville par les Ruises, & son frere
le Cîénéral Keith !a lui avoit donnée. Milord
Maréchal , qui l’avoit élevée avec soiu , sentit ciu
goût pour elle, lorsqu’elle fut parvenue à l’àge
d eu inspirer. JeJ'uis notre EJ'clave. lui répondit
C