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Alembert, Jean Le Rond; Keith, George
Eloge De Milord Marechal — Berlin, 1779 [VD18 90543998]

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https://doi.org/10.11588/diglit.31544#0041
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P’rince ' egàîement supérieur à la satyre & aux
éloges , que cet infortuné proscrit mourut quel-
que tems après, sans rien laisser à sa famille 1,
& que le Monarque outragé a pris soin tie cette
famille innocente & malheureusc [ 17].

La plupart des hommes' aiment la vie ; quel-
ques-uns feignent de la dételfer pour paroitre
Philosophes. Milord Maréchal ne lui faisoit
l’honneur ni de l’aimer ni de la haïr. Un ami
qui ne l’a presque point quitté durant ses der-
nieres années, assure l’avoir vu plus d’une fois
dans une sorte d’afsaissement & d’accablement
mortel dont il ne paroissoit pas pouvoir se rele-
ver, parlant de sa siu sans falte & sans foiblesse ,
Ff? pensant, disoit-il, avec un ancien Sage , que
nous devons quitter la fcene dn vionde aujsi tran-
quillement qu'un Acieur sort du théâtre, après
avoir hien ou mal joué son perfonnage. Ce senti-
rnent lui étoit si naturel, qu’il l’étendoit en
quelque maniere jusques sur ses amis. Qiiand
il apprenoit leur mort, il en paroiisoit d’abord
assèz peu touché : cette froideur apparente avoit
un motif que n’auroient pas soupqonné les ames
vulgaires, la sincérité de son attachement pour
eux3 - il étoit, dans ces premiers momens, moins
occupé pour lui-méme du pialheur qu’il avoit
de les perdre , que du bonheur qu’il leur sup-
posoit d’ètre aisrarichis des maux de l’humanité.
Mais quclques nrois après, sentant tous les
jours de plus en plus combien ils manquoicnt
à son bonheur , il exprimoit toute la vivacité
de ies regrets, racontoit leurs bonnes aflions
& cclébroit leurs vertus ; par cet hommage de
-on cocur, il aimoit, disoit-il, a les saire un tno-

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