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https://doi.org/10.11588/diglit.31544#0048
X 44 X
Une grande Dame, très-Catholique & très
dévote , qu’il voyoit beaucoup en Espagne, &
qui avoit pris sa conversion fort à cœur, voulut
lui persuader de mèrne la vérité d’un autre mira-
cle, qui se pratiquoit alors journellement dans le
pays. C’étoit une race d’hommes, qui au rnoyen
d’un charme ( bien & duement approuvé par l’In-
quisition) pour arrèter les incendies , avoient
de pere en fiîs le rare privilége d’entrer dans le
feusa'ns sebrûler. Pour ce prodige-là, répondit
Milord Maréchal, je le croirai volontiers, à
condition qùéj'allumcrai moi-même lefeu, tv
queje serai présent à l'opération d’une Jigran-
de merveille. Son amie, qui ne doutoit pas du
fuccès, consentit à la proposition, & fit mème
préparer le feu : mais l’homme de Dieu qui devoit
y entrer, déclara qu’il ne s’exposeroit jamais à
un feu allumépar un Hérétiquej qu’onyavoit
fûrement mèlé des sortileges, & qu’il les sentoit
de loin. L’Inquisition l’appuya dans son refus , &
pensa mème se fàcher sérieusement de la propo-
sition que Milord Maréchal avoit faite ; ellc étoit
bien digne de protéger un pareil Thaumaturge.
Cependant elle voulut bien s’appaiser, en faveur
d’un Hérétique si respectable par ses vertus, s’il
nel’étoit pas par sacroyance. Elle pritmêmetant
de confiance en sa probité , qu’elle lui permit de
faire venir tous les livres qu’il lui plairoit, sous
la simple promelse de n’en prèter aucun à des
Catholiques > il le promit, & tint parole.
II s’amusoit aussi quelquefois aux dépens dcs
Ministrcs de sa propre Religion, qui dans leur
conduite ou dans leurs discours s’étoient mon-
très indécens ou ndicules. II avoit connu , di-
Une grande Dame, très-Catholique & très
dévote , qu’il voyoit beaucoup en Espagne, &
qui avoit pris sa conversion fort à cœur, voulut
lui persuader de mèrne la vérité d’un autre mira-
cle, qui se pratiquoit alors journellement dans le
pays. C’étoit une race d’hommes, qui au rnoyen
d’un charme ( bien & duement approuvé par l’In-
quisition) pour arrèter les incendies , avoient
de pere en fiîs le rare privilége d’entrer dans le
feusa'ns sebrûler. Pour ce prodige-là, répondit
Milord Maréchal, je le croirai volontiers, à
condition qùéj'allumcrai moi-même lefeu, tv
queje serai présent à l'opération d’une Jigran-
de merveille. Son amie, qui ne doutoit pas du
fuccès, consentit à la proposition, & fit mème
préparer le feu : mais l’homme de Dieu qui devoit
y entrer, déclara qu’il ne s’exposeroit jamais à
un feu allumépar un Hérétiquej qu’onyavoit
fûrement mèlé des sortileges, & qu’il les sentoit
de loin. L’Inquisition l’appuya dans son refus , &
pensa mème se fàcher sérieusement de la propo-
sition que Milord Maréchal avoit faite ; ellc étoit
bien digne de protéger un pareil Thaumaturge.
Cependant elle voulut bien s’appaiser, en faveur
d’un Hérétique si respectable par ses vertus, s’il
nel’étoit pas par sacroyance. Elle pritmêmetant
de confiance en sa probité , qu’elle lui permit de
faire venir tous les livres qu’il lui plairoit, sous
la simple promelse de n’en prèter aucun à des
Catholiques > il le promit, & tint parole.
II s’amusoit aussi quelquefois aux dépens dcs
Ministrcs de sa propre Religion, qui dans leur
conduite ou dans leurs discours s’étoient mon-
très indécens ou ndicules. II avoit connu , di-