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Planche soixante-sixième. —-Mort d’Eriphyle ; Dessin da
M. Gérard.
Agamemnon a consenti au sacrifice d’Iphigénie. La
jeune princesse a été arrachée des bras de sa mère, et
conduite à l’autel. L’armée demande sa mort , Achille
accourt pour la défendre :
ULYSSE.
}Vfais quoique seul pour cite , Achille furieux
Epouvantait l’armée et partageait les dieux.
Déjà de traits en l’air s’élevait un nuage ,
Déjà coulait le sang , prémices du carnage.
Entre les deux partis Calehas s’est avance',
L’œil farouche , l’air sombre, et le poil hérissé;
Terrible , et plein du feu qui l’agitait sans doute ,
* Vous, Achille , a-t-il dit, et vous Grecs, qu’on ip’écoii te,
« Le dieu qui maintenant vous parle par ma voix,
«ï M’explique son oracle et m’instruit de son choix.
« Un autre sang d’Hélène', une autre Iphigénie,
« Sur ce bord immolée y doit laisser la vie.
•k Elle me voit, m’entend ; elle est devant vos yeux ,
<k Et c’est elle , en un mot, que demandent les dieux, »,
Ainsi parle Calehas. Tout le camp , immobile ,
L’écoute avec frayeur et regarde Eriphyle.
Elle était à l’autel, et peut-être , en son cœur ,
Du fatal sacrifice accusait la lenteur.
L’armée à haute voix se déclare contre elle ,
Et prononce à Calehas sa sentence mortelle,
Déjà pour la saisir Calehas lève le bras.
Arrête , a-t-elle dit, et ne m’approche pas.;
«• Le sang de ces héros dont tu me fais descendre,
« Sans tes profanes mains saura bien se répandre. »,
Furieuse, elle vole , et sur l’autel prochain
Prend le sacré, couteau , le plonge dans son sein.
A peine son sang coule et fait rougir la terre.
Les dieux font sur l’autel entendre le tonnerre ,
Les vents agitent l’air d’heureux frémissemens,
Et la mer leur répond par ses mugissemens :
La rive au loin gémit , blanchissante d’écume;
La flamme du bûcher d’elle-même s’allume;
Le ciel brille d’éclairs , s’entrouvre , et parmi nous
Jette une sainte horreur qui nous rassure tous.
Iphigénie, acte V , scène dernière.
Planche soixante-sixième. —-Mort d’Eriphyle ; Dessin da
M. Gérard.
Agamemnon a consenti au sacrifice d’Iphigénie. La
jeune princesse a été arrachée des bras de sa mère, et
conduite à l’autel. L’armée demande sa mort , Achille
accourt pour la défendre :
ULYSSE.
}Vfais quoique seul pour cite , Achille furieux
Epouvantait l’armée et partageait les dieux.
Déjà de traits en l’air s’élevait un nuage ,
Déjà coulait le sang , prémices du carnage.
Entre les deux partis Calehas s’est avance',
L’œil farouche , l’air sombre, et le poil hérissé;
Terrible , et plein du feu qui l’agitait sans doute ,
* Vous, Achille , a-t-il dit, et vous Grecs, qu’on ip’écoii te,
« Le dieu qui maintenant vous parle par ma voix,
«ï M’explique son oracle et m’instruit de son choix.
« Un autre sang d’Hélène', une autre Iphigénie,
« Sur ce bord immolée y doit laisser la vie.
•k Elle me voit, m’entend ; elle est devant vos yeux ,
<k Et c’est elle , en un mot, que demandent les dieux, »,
Ainsi parle Calehas. Tout le camp , immobile ,
L’écoute avec frayeur et regarde Eriphyle.
Elle était à l’autel, et peut-être , en son cœur ,
Du fatal sacrifice accusait la lenteur.
L’armée à haute voix se déclare contre elle ,
Et prononce à Calehas sa sentence mortelle,
Déjà pour la saisir Calehas lève le bras.
Arrête , a-t-elle dit, et ne m’approche pas.;
«• Le sang de ces héros dont tu me fais descendre,
« Sans tes profanes mains saura bien se répandre. »,
Furieuse, elle vole , et sur l’autel prochain
Prend le sacré, couteau , le plonge dans son sein.
A peine son sang coule et fait rougir la terre.
Les dieux font sur l’autel entendre le tonnerre ,
Les vents agitent l’air d’heureux frémissemens,
Et la mer leur répond par ses mugissemens :
La rive au loin gémit , blanchissante d’écume;
La flamme du bûcher d’elle-même s’allume;
Le ciel brille d’éclairs , s’entrouvre , et parmi nous
Jette une sainte horreur qui nous rassure tous.
Iphigénie, acte V , scène dernière.