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Planche quatre-vingt-quatorzième. — Cerés enseignant
l'agriculture aux hommes ■ Dessin de M. Gérard.
Virgile suppose que les hommes se nourrirent d’a-
bord du gland des forêts , et que cet aliment grossier
commençant à leur manquer , une déesse leur apprit
à cultiver la terre et à la rendre féconde.
Quand Dodone aux mortels refusa leur pâture ,
Gérés vint des guérêts leur montrer la culture ;
De ces nouveaux bienfaits sont nés des soins nouveaux ;
La rouille vient ronger le fruit de nos travaux $
La ronce naît en foule et les épis périssent;
D'arbustes épineux les sillons se hérissent ,
Et Gérés, à côté de ses plus riches dons ,
Voit triompher l’ivraie et régner les chardons.
Mais les momens sont chers , hâte-foi de connaître
Ce qui doit composer ton arsenal champêtre.
D’abord on forge un soc , on taille des traîneaux ;
De leurs ongles de fer on arme les rateaux ;
On entrelace en claie un arbuste docile ,
Le van chasse des grains une paille inutile ;
Le madrier pesant te sert à les fouler ,
Et des chars au besoin seront prêts à rouler.
Sans tous ces instrumens il n’est point de culture.
De la charrue , enfin , dessinons la structure :
D’abord il faut choisir pour en former le corps ,
Un ormeau que l’on courbe avec de long efforts.
Le joug qui t’asservit ton robuste attelage.
Le manche qui conduit le champêtre équipage ,
Pour soulager ta main et le front de tes bœufs,
D u bois le plus léger seront formés tous deux.
Le fer, dont le tranchant dans la terré se plonge ,
S’enchâsse entre deux coins d’où sa pointe s’alonge.
Aux deux côtés du soc de larges oreillons
En écartant la terre exhaussent les sillons ;
De huit pieds en avant que le timon s’étende ;
Sur deux orbes rouirais que ta main le suspende ;
Et qu’en fin tous ce bois , éprouvé par les feux,
Se durcisse à loisir sur ton foyer fumeux.
Livre premier de la traduction des Géorgiques
par Delilie.
Planche quatre-vingt-quatorzième. — Cerés enseignant
l'agriculture aux hommes ■ Dessin de M. Gérard.
Virgile suppose que les hommes se nourrirent d’a-
bord du gland des forêts , et que cet aliment grossier
commençant à leur manquer , une déesse leur apprit
à cultiver la terre et à la rendre féconde.
Quand Dodone aux mortels refusa leur pâture ,
Gérés vint des guérêts leur montrer la culture ;
De ces nouveaux bienfaits sont nés des soins nouveaux ;
La rouille vient ronger le fruit de nos travaux $
La ronce naît en foule et les épis périssent;
D'arbustes épineux les sillons se hérissent ,
Et Gérés, à côté de ses plus riches dons ,
Voit triompher l’ivraie et régner les chardons.
Mais les momens sont chers , hâte-foi de connaître
Ce qui doit composer ton arsenal champêtre.
D’abord on forge un soc , on taille des traîneaux ;
De leurs ongles de fer on arme les rateaux ;
On entrelace en claie un arbuste docile ,
Le van chasse des grains une paille inutile ;
Le madrier pesant te sert à les fouler ,
Et des chars au besoin seront prêts à rouler.
Sans tous ces instrumens il n’est point de culture.
De la charrue , enfin , dessinons la structure :
D’abord il faut choisir pour en former le corps ,
Un ormeau que l’on courbe avec de long efforts.
Le joug qui t’asservit ton robuste attelage.
Le manche qui conduit le champêtre équipage ,
Pour soulager ta main et le front de tes bœufs,
D u bois le plus léger seront formés tous deux.
Le fer, dont le tranchant dans la terré se plonge ,
S’enchâsse entre deux coins d’où sa pointe s’alonge.
Aux deux côtés du soc de larges oreillons
En écartant la terre exhaussent les sillons ;
De huit pieds en avant que le timon s’étende ;
Sur deux orbes rouirais que ta main le suspende ;
Et qu’en fin tous ce bois , éprouvé par les feux,
Se durcisse à loisir sur ton foyer fumeux.
Livre premier de la traduction des Géorgiques
par Delilie.