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voyage par le gouvernement français, qui, non-seulement leur
délivre des passages gratuits, mais encore les recommande à
nos consuls d'Alexandrie, du Caire et de Djedda.
Le titre de haddj ou pèlerin, qui précède le nom de Osman,
est beaucoup moins répandu en Algérie que les européens ne
le supposent. On n'y respecte pas non plus au même degré
tous ceux qui le portent, tant il y en a qui, au retour de la
Mekke, ne se font aucun scrupule de scandaliser leurs conci-
toyens par une complète indifférence en matière de religion,
quelquefois même par leur inconduite. Les dictons fout foi.
J'en citerai deux, qui ont cours à Conslantine, et qui ne lais-
sent pas de montrer en des termes malins le peu de confiance
que l'on met dans la conversion de certains individus. Comme
tous les dictons arabes, ceux-ci sont en prose rimëe. Le pre-
mier est une épigramme acérée, faite pour dégoûter les âmes
crédules du commerce de ces visiteurs de lieux saints. En
voici le texte et la traduction :
« Messire pèlerin revient du pèlerinage ; il en conserve toute
la rouerie dans ses yeux. Sa paupière cligne encore ; ses mous-
taches frémissent et sa main a des gestes sournois. Si vous
voyage par le gouvernement français, qui, non-seulement leur
délivre des passages gratuits, mais encore les recommande à
nos consuls d'Alexandrie, du Caire et de Djedda.
Le titre de haddj ou pèlerin, qui précède le nom de Osman,
est beaucoup moins répandu en Algérie que les européens ne
le supposent. On n'y respecte pas non plus au même degré
tous ceux qui le portent, tant il y en a qui, au retour de la
Mekke, ne se font aucun scrupule de scandaliser leurs conci-
toyens par une complète indifférence en matière de religion,
quelquefois même par leur inconduite. Les dictons fout foi.
J'en citerai deux, qui ont cours à Conslantine, et qui ne lais-
sent pas de montrer en des termes malins le peu de confiance
que l'on met dans la conversion de certains individus. Comme
tous les dictons arabes, ceux-ci sont en prose rimëe. Le pre-
mier est une épigramme acérée, faite pour dégoûter les âmes
crédules du commerce de ces visiteurs de lieux saints. En
voici le texte et la traduction :
« Messire pèlerin revient du pèlerinage ; il en conserve toute
la rouerie dans ses yeux. Sa paupière cligne encore ; ses mous-
taches frémissent et sa main a des gestes sournois. Si vous