il6 Erwiùerey Je
de s'oublier lui - même , & de ceder un mo-
ment d'ecre honnête homme. Jecroisque
mes amis ont bonne opinion de ma probi-
té , car mes ennemis l'ont malgré qu'ils en
aient , & ils sont bien éloignés de croire
ces choies, puilque ce sont eux qui les in-
ventent. Je luis.
LXXiX.
TE viens, mon cher Coulin, de recevoir
J vos Lettres qui m'ont donné quelque con-
lolation, car je luis accablé de trivelle ; j'ai
vu mourir depuis dix jours mon cher On-
cle. Vous lavés ce qu'il étoit pour Ion cher
Neveu. Il n'y a point de bien qu'il ne
m'ait lait, loit en me donnant Ion bien
tout-à-lait, loit en conlêrvant, & en ré-
tabüdant celui de mes enlaus. Il m'a tiré
de l'abîme où j'étois à la mort de mon Pé-
re ; il a gagné des procès, il a mis toutes
mes terres en bon état, il a paie nos det-
tes ; il a lait la terre , où demeure mon Fils
ainé , la plus jolie & la plus agréable du
monde ; il a marié ma Fille ; en un mot,
c'eù à les loins continuels que je dois la
paix , & le repos de ma vie. Vous compre-
nds bien, que deli ieniìbles obligations, &
une li longue habitude lont iouÜrir une
cruelle peine , quand il eli quellion de lé
séparer pour jamais. La perte qu'on lait
de s'oublier lui - même , & de ceder un mo-
ment d'ecre honnête homme. Jecroisque
mes amis ont bonne opinion de ma probi-
té , car mes ennemis l'ont malgré qu'ils en
aient , & ils sont bien éloignés de croire
ces choies, puilque ce sont eux qui les in-
ventent. Je luis.
LXXiX.
TE viens, mon cher Coulin, de recevoir
J vos Lettres qui m'ont donné quelque con-
lolation, car je luis accablé de trivelle ; j'ai
vu mourir depuis dix jours mon cher On-
cle. Vous lavés ce qu'il étoit pour Ion cher
Neveu. Il n'y a point de bien qu'il ne
m'ait lait, loit en me donnant Ion bien
tout-à-lait, loit en conlêrvant, & en ré-
tabüdant celui de mes enlaus. Il m'a tiré
de l'abîme où j'étois à la mort de mon Pé-
re ; il a gagné des procès, il a mis toutes
mes terres en bon état, il a paie nos det-
tes ; il a lait la terre , où demeure mon Fils
ainé , la plus jolie & la plus agréable du
monde ; il a marié ma Fille ; en un mot,
c'eù à les loins continuels que je dois la
paix , & le repos de ma vie. Vous compre-
nds bien, que deli ieniìbles obligations, &
une li longue habitude lont iouÜrir une
cruelle peine , quand il eli quellion de lé
séparer pour jamais. La perte qu'on lait