SUR LA GRACE. 215
vrant de la servitude de la concupiscence do-
minante, qui nous retient & nous empêche
de nous porter au bien.
(Question IV.
D'où vient donc qu'on croit ordinairement
que la dottrine de la Grâce esficace combat la
liberté?
C'en: qu'on a une faussë notion de la li-
berté, la mettant dans une certaine indissé-
rence par laquelle on veut que de quelque
cô é que se porte la volonté, ou du côté du
bien, y étant attirée par la fuavitéde la Grâ-
ce j ou du côté du mal, y étant entraînée
par la mortelle douceur de la concupifcen-
ce, elle fe trouve dans un équilibre qui fait
qu'elle fe peut tourner indifféremment vers
le bien ou vers le mal: en forte que lors
même qu'elle eft pouffée par la Grâce, ou
emportée par la concupifcence, elle eft toû-
jours en état de faire actuellement l'un ou
l'autre, à raison de la flexibilité qui lui est
naturelle. Cette indifférence a été opiniâ-
trément détendue par les Pclagiens, com-
me néceflaire pour sauver la liberté : mais
elle a toujours été rejettée par S. Augustin,
comme contraire au véritable sentiment
qu'on doit avoir de la Grâce de J e s u s-
Christ, laquelle déterminant la volonté
au bien, l'empêche de lui resuser son con-
sentement, ou de vouloir fe porter au mal,
O 4 quoi-
vrant de la servitude de la concupiscence do-
minante, qui nous retient & nous empêche
de nous porter au bien.
(Question IV.
D'où vient donc qu'on croit ordinairement
que la dottrine de la Grâce esficace combat la
liberté?
C'en: qu'on a une faussë notion de la li-
berté, la mettant dans une certaine indissé-
rence par laquelle on veut que de quelque
cô é que se porte la volonté, ou du côté du
bien, y étant attirée par la fuavitéde la Grâ-
ce j ou du côté du mal, y étant entraînée
par la mortelle douceur de la concupifcen-
ce, elle fe trouve dans un équilibre qui fait
qu'elle fe peut tourner indifféremment vers
le bien ou vers le mal: en forte que lors
même qu'elle eft pouffée par la Grâce, ou
emportée par la concupifcence, elle eft toû-
jours en état de faire actuellement l'un ou
l'autre, à raison de la flexibilité qui lui est
naturelle. Cette indifférence a été opiniâ-
trément détendue par les Pclagiens, com-
me néceflaire pour sauver la liberté : mais
elle a toujours été rejettée par S. Augustin,
comme contraire au véritable sentiment
qu'on doit avoir de la Grâce de J e s u s-
Christ, laquelle déterminant la volonté
au bien, l'empêche de lui resuser son con-
sentement, ou de vouloir fe porter au mal,
O 4 quoi-