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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Véron, Eugène: Exposition des oeuvres de Barye au Palais des Beaux-Arts, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0036

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EXPOSITION

DES

ŒUVRES DE BARYE

AU PALAIS DES BEAUX-ARTS

'exposition s'est ouverte le 22 novembre 1875. Le catalogue comprend
656 numéros qui se décomposent ainsi : bronzes et plâtres 349, peintures à
l'huile 93, aquarelles 70, dessins et croquis 138. Mais ce catalogue ne comprend
que les œuvres qui sont restées entre les mains de la famille Barye. Il faut y
ajouter les pièces confiées au Comité, en vue de l'exposition, par leurs pro-
priétaires, et qui seront réunies dans un catalogue supplémentaire, et enfin celles
qu'il n'a pas été possible de faire venir, soit qu'on ait manqué de renseignements
pour les retrouver, soit que leur éloignement en ait rendu le transport trop difficile, soit enfin que
leurs propriétaires aient mieux aimé ne pas s'en séparer. L'exposition du palais des Beaux-Arts ne
comprend donc pas, comme on l'a dit, l'œuvre entier, mais il est certain que les œuvres qu'elle
présente au public suffisent amplement, par leur nombre et leur variété, pour donner une idée exacte,
et l'on peut dire complète, du génie de Barye. Une pareille occasion d'étudier ses mérites et ses
caractères comme sculpteur et comme peintre ne se reproduira sans doute jamais, car ce qui restait
dans l'atelier de Barye va être prochainement dispersé aux quatre coins du monde par les enchères
publiques, et les personnes qui auront visité cette exposition pourront se vanter d'avoir vu un
spectacle dont les autres auront peine à s'imaginer la grandeur.
Occupons-nous d'abord de l'animalier.

Les anciens ont excellé à rendre les grandes lignes sculpturales des animaux. Quand je dis les
anciens, je parle non des Grecs, qui ont surtout représenté le corps humain, mais des Egyptiens et
des Assyriens dont les bas-reliefs abondent en représentations des animaux sauvages qui peuplaient
les déserts ou les forêts de leur pays. Peu de détail, pas de mouvement, mais une silhouette formi-
dable, qui, dans la simplicité de ses lignes, porte la marque manifeste de l'impression morale que
leur causait la vue de ces terribles hôtes. On sent là l'intervention souveraine de l'imagination qui,
naïvement, exagère toujours le trait dominant, le fait saillir au-dessus et aux dépens de tout le reste,
et par là, transforme en un ouvrage essentiellement artistique le résultat de l'effort tenté par le
sculpteur pour copier simplement la forme qu'il a sous les yeux. L'impression personnelle se substitue
inconsciemment à la réalité objective, et cela suffit pour que la copie devienne une œuvre de
caractère.

C'est là — et c'est tout l'art — ce qui fait surtout défaut à la plupart des modernes qui ont essayé
de sculpter des animaux. Leurs copies, infiniment plus fidèles, restent uniquement des copies, parce
qu'il leur manque précisément cette impression qui domine dans les représentations antiques. Ils ont
beau faire, on sent qu'ils n'aiment ni ne haïssent leurs modèles. Ils n'ont pas été nourris dès leur
enfance dans la crainte et dans le respect du Roi à la grosse tete. Il n'y a là rien de ces terreurs
héréditaires ou de ces adorations superstitieuses qu'inspiraient aux anciens et le sentiment d'un danger
permanent et les explications fantastiques d'une mythologie habituée à traduire en légendes tous les
faits incompris, et qui voyait dans les animaux sauvages des incarnations du génie de la destruction
et des ténèbres. Les animaux inoffensifs crue les artistes d'aujourd'hui étudient tranquillement derrière
leurs grilles, au Jardin des Plantes ou dans les ménageries, ne leur sauraient inspirer que des terreurs
Tome IV. 4
 
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