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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Ballu, Roger: L' oeuvre de Pils, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0252

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L'OEUVRE DE PILS

Qui n'a vu aux vitrines des marchands de tableaux ces
aquarelles enlevées, vives et lestes, signées Pils? Ici un zouave
dans sa large culotte rouge flottante, là un cuirassier en grande
tenue, casque en tête, manteau sur les épaules, tenant son cheval
par la bride, plus loin un kabyle à la peau brune, drapé dans la
blancheur jaunâtre de ses vêtements, autre part un petit chasseur
de Vincennes, alerte et marchant au pas gymnastique. Les ama-
teurs reconnaissaient bien dans ces œuvres légères, échappées en
foule de l'atelier du peintre, ces silhouettes vivantes, ce faire
prime-sautrer, et surtout cette manière souple procédant par touches
larges et justes, non par petits coups de pinceau. Ces aquarelles
sont la meilleure sinon la plus importante partie de l'oeuvre de
Pils: j'imagine qu'il leur doit beaucoup de sa réputation; elles
soutenaient l'attention publique pendant la lente élaboration des
grands tableaux. Est-ce à dire que l'auteur de la Bataille de l'Aima
n'ait été qu'un aquarelliste de premier ordre? Telle n'est pas ma
pensée. Mais puisque par une innovation des plus heureuses, il
nous est donné de revoir dans une exposition dernière l'ensemble
de l'œuvre du peintre, nous devons résumer une impression géné-
rale et essayer de découvrir quel sera le jugement de la postérité
Clairon poussant un caisson. dcvant W^Hc Pils commence à comparaître aujourd'hui.

..,,,..„,„ Et tout d'abord écartons le mot génie, qui pourrait être mal-

rac-sinulc a un dessin de Paul Renouant, °

d'après Pils veillant ici. Pils fut-il un grand peintre? L'inégalité de ses ouvrages

empêche, en vérité, qu'on lui donne ce titre; d'un autre côté, la
justice défend de le reléguer à un rang trop secondaire. Je crois qu'on peut dire de lui qu'il a été un
artiste dans le sens le plus élevé du mot. La nature était un charme pour lui, il la comprenait en dilet-
tante. Les images qui se présentaient les premières à lui avaient une beauté parfaite, il savait les
évoquer, il pouvait les saisir et les fixer d'un seul coup sur le papier ou sur la toile; le premier jet était
toujours le meilleur : voilà pourquoi ses esquisses sont toutes préférables à ses tableaux. Une qualité
a manqué à Pils : c'est le tempérament, qu'on pourrait définir l'inspiration continue. — Faut-il s'en
étonner, lorsqu'on connaît sa vie? Dès sa jeunesse il devint la proie de cette maladie terrible dont
plus tard il devait mourir. Son existence fut un martyre et une lutte avec la douleur. Pendant son
séjour à Rome, ses souffrances le forcent presque périodiquement à abandonner ses travaux. Le climat
de L'Italie lui est funeste, il n'en reste pas moins cinq ans à l'Académie, se raidissant contre le mal.
A l'expiration de sa pension, c'est la tristesse au cœur qu'il revient en France. » Je suis las de mon
séjour en Italie, » écrit-il de Rome, « il me semble que le climat me tue, et, cependant, il est si beau!
Enfin je vais quitter Rome, ayant toujours vu le bonheur autour de moi sans pouvoir jamais en prendre
ma part. » — Mélancolie fatale à une âme d'artiste qui a besoin d'indépendance et d'enthousiasme! — A
Paris sa santé s'améliore un peu, mais que de fois des rechutes terribles vinrent l'arracher à l'œuvre
commencée! Que de fois se vit-il contraint de quitter son atelier pour entrer à l'hôpital!

L'hôpital! il faut y avoir souffert pour se représenter le découragement morne et vide qui hante
ces longues salles blanches aux murs nus et froids. — Il semble qu'une nature impressionnable doive
y mourir de langueur, mais l'énergie et l'amour de l'art soutinrent Pils. Couché sur son lit dans la salle
 
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