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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 1)

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Morel, Jean: Notre bibliothèque
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https://doi.org/10.11588/diglit.16689#0370

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NOTRE BIBLIOTHÈQUE

LX.

NOTES DE VOYAGE d'un Architecte dans le nord-ouest
de l'Europe, croquis et descriptions par Félix Narjoux. —
• Paris, Ve A. Morel et C'% 1875; gr. iu-8°.

a Hollande, le Hanovre et le Danemark sont les
trois concrées où nous transporte successivement
ce livre, qui offre aux architectes de nombreux
renseignements et qui a le mérite, en outre, d'être
pour tous d'une agréable lecture. L'auteur y étudie
avec soin les habitations particulières et les monuments publics;
il les décrit d'une plume alerte ; il les dessine d'un crayon élégant
et habile, qui rivalise de fidélité avec la photographie. Cet objet
spécial, toutefois, ne le préoccupe pas à ce point qu'il ne voie les
aspects divers des divers pays, les physionomies successives des

campagnes, des villes, des habitants ; il les voit et nous les montre
en quelques traits d'une heureuse netteté, où l'on sent toujours
l'artiste, et qui sont parfois d'un écrivain.

M. Narjoux commence son voyage au Moerdyck, d'où il va,
par la Meuse, jusqu'à Rotterdam. Le fleuve est large comme une
mer; les eaux grises, vaseuses, épaisses, aux reflets jaunâtres, sont
couvertes de navires ; au-dessous des berges se développe uniformé-
ment le même paysage : d'immenses prairies coupées de canaux,
des files de peupliers interminables, de nombreux troupeaux de
vaches blanches et noires. Un voile de vapeurs couvre constam-
ment et estompe les contours dés objets. Partout un calme étrange,
qui est un des traits caractéristiques de la Hollande. « Çà et là,
plus rapprochées aux abords des villes et des villages, des mai-
sons de campagne en bois et en briques, plutôt bizarres qu'origi-
nales, souvenirs de Java ou du Japon ; en avant, un petit jardin
planté de fleurs éclatantes, de tulipes aux vives couleurs; au lieu

D o r d r.e c h t.
Fac-similé d'un croquis de Félix Narjoux.

du mur de clôture, un fossé plein d'eau; des bâtiments bas, écra-
sés, propres, de petites dimensions, peints de tons criards et mo-
notones, toujours isolés les uns des autres pour ne pas gêner les
goûts peu sociables de leurs habitants; en arrière, l'immanquable
moulin à vent, qui épuise l'eau en cas d'inondation, remplit le
fossé en cas de sécheresse, alimente la maison, arrose le jardin,
scie le bois, et fait un peu de bruit au milieu de ce grand
silence. » Sans doute les Hollandais, au sein de la brume qui les
entoure, éprouvent le besoin de voir quelques points brillants et
colorés : « C'est ce désir qui justifie peut-être le culte exagéré
qu'ils professent pour les tulipes aux tons criards, pour les mai-
sons roses et bleues, ec qui les porte à peindre en blanc le tronc
des arbres et en rouge les sabots des paysans. »

Voici Dordrecht, avec ses maisons toutes semblables, toutes
en briques et de la même forme, ayant à toutes les ouvertures des
encadrements en bois, de même dimension, tous peints en jaune
et du même jaune.

Puis nous arrivons à Rotterdam. Ici les maisons d'habitation
sont également taillées toutes sur un même modèle ; elles ne va-
rient un peu que par les dimensions et par la forme des pignons,

qui sont souvent grotesques. Cette uniformité se retrouve, du
reste, dans toute la Hollande, si l'on en excepte La Haye. L'édi-
fice le plus important de Rotterdam est l'église Saint-Laurent,
plus connue sous le nom de Grande Eglise (Groote Kerk), dont
la construction remonte au xve siècle, et qui, primitivement des-
tinée au culte catholique, fut plus tard convertie en temple pro-
testant, comme presque toutes les églises de la Hollande. Sur la
place du Grand-Marché se dresse la statue d'Erasme, qui date
de 1622 et a dans le Nord une grande célébrité; elle passe pour
le chef-d'œuvre du sculpteur Keyser. Tour à tour très-vantée et
très-décriée, cette statue, d'après M. Narjoux, est une œuvre un
peu banale, mais le personnage « semble vraiment vivre, lire et
marcher ». Un édifice nouveau, de proportions agréables et riche-
ment décoré, a remplacé le musée Boymans, qui fut incendié en
1864; malheureusement des œuvres précieuses ont péri dans cet
incendie.

La ville la moins hollandaise de la Hollande est La Haye,
où réside la cour. Elle a des rues droites, de larges avenues, des
places plantées d'arbres, et n'a pas de canaux intérieurs ; les mai-
sons y varient de forme, de hauteur, de dimensions, et même de

Tome IV. 46
 
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