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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Chronique française
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u8

L'ART.

dant à droite. Dans ce groupe d'un très-beau style (fin du qua-
trième siècle ou commencement du troisième siècle avant notre
ère), M. de Witte reconnaît, sans hésiter, Aphrodite et Eros (Vé-
nus et l'Amour). Le second disque conserve à l'intérieur un sujet
au trait. Un Génie ailé, marchant à droite, porte de la main gau-
che, qui est ramenée vers la poitrine, une amphore; de la main
droite, qui est étendue, il porte un situlus 1 d'une forme élégante
dont on trouve encore des spécimens dans les nécropoles hellé-
niques. Ce Génie est complètement nu; une chaîne de petits an-
neaux passe sur l'épaule droite et décore la poitrine. Les che-
veux, rejetés derrière la tête, sont travaillés avec une grande
finesse. Le style général de la gravure est empreint d'une cer-
taine raideur, qui ne se retrouve pas sur les miroirs purement
grecs étudiés jusqu'ici. M. Dumont voit dans cette gravure un
Génie de la toilette ou du bain.

— M. A. Binant convie les amateursà visiter dans sagalerie
de la rue Rochechouart, n° 70, du 20 avril au 15 mai, deux
tableaux justement célèbres, et il accompagne son invitation
d'une notice in-folio luxueusement imprimée par M. Jules Claye,
et ornée de deux très-importantes eaux-fortes de L. Desbrosses
d'après les tableaux de Corot et de Courbet des Salons de 1833
et de 1850-51.

C'est d'eux en effet qu'il s'agit, de la Vue de la forêt de
Fontainebleau e{ des Casseurs de pierres, « composition qui est
du petit nombre des œuvres qui ne sortent pas du souvenir
quand les yeux et l'esprit en ont épuisé le bel accord », comme
le dit en excellents termes l'auteur de la notice, M. Philippe
Burty, dont l'appréciation de la Vue de la forêt de Fontainebleau
n'est pas moins heureuse : « On sent que Corot rompt instinc-
tivement avec la méthode du paysage historique qui n'excluait
pas l'indépendance des études d'après la nature, mais qui con-
duisait à la composition artificielle et à la peinture négative.
Il se montre dans le détail des arbres qui dominent la source un
dessinateur rigoureux. Il attaque résolument le ton caractéris-
tique des sables ferrugineux qui bordent le sentier. Il fait circu-
ler l'air autour des chênes et des hêtres du second plan. Enfin
il se révèle déjà amoureux des poétiques horizons dans l'échappée
lumineuse qui ^orme le centre et le fond de sa composition :
c'est la colline des routes qui longent le « désert » bien connu
de Franchard.

« On peut dire qu'il atteignit du premier coup à l'apogée de
sa première manière. Cette œuvre magistrale clôt en quelque
sorte son passé, et ouvre son ère romantique. Elle occupe une
place caractéristique dans l'histoire de notre Ecole, et mériterait,
ne fût-ce qu'à ce seul titre, d'entrer dans nos musées nationaux.
Elle explique ce mot qu'un critique devait adresser l'année
d'après à M. Corot, désormais distingué dans la foule : « Il a
ait rougir la révolution pittoresque de ses écarts et lui a appris
qu'on ne fait rien avec des effets, sans la forme. »

« Corot n'oublia jamais ce tableau, dont il parlait souvent à
ses amis comme d'une de ses œuvres qu'il estimait par-dessus
toutes. Quand il put le revoir chez M. Binant, il voulut le
racheter. Il entendait l'offrir au Musée du Louvre, avec les deux
études du Colisêe et du Forum qu'il lui a léguées par testament.
Avec ce tact supérieur qui marquait toutes ses paroles et tous
ses actes, il sentait bien qu'il se présenterait ainsi à l'admiration
et à l'étude de la postérité avec une œuvre saine, pure, élégante,
dont le temps ne peut que confirmer les rares et hautes qualités. »

— Le 14 septembre 1868, M. Alfred Bruyas écrivait au

maire de Montpellier : 0 ..... Comme j'ai toujours pensé que les

œuvres de génie, appartenant à la postérité, doivent sortir

du domaine privé pour être livrées à l'admiration publique, je
viens aujourd'hui offrir ma galerie à la ville de Montpellier,
voulant ainsi concourir, dans la mesure de mes forces, au déve-
loppement du progrès artistique... » Le 27 octobre suivant
M. J. Pagezy répondait : « Votre galerie est depuis longtemps
hautement appréciée dans le monde artistique.

« Elle est l'œuvre^d'une intelligence élevée, d'une persévé-
rance qui ne s'est jamais démentie et de sacrifices pécuniaires
considérables... Elle présente un ensemble de chefs-d'œuvre
dont notre musée aura le droit d'être fier... »

C'est cet acte de munificence civique dont M. Jules Laurens
a voulu perpétuer le souvenir dans une suite de trente sujets
choisis réunis sous ce titre : Album de la Galerie Bruyas (Musée
de Montpellier)-. Ces trente lithographies font le plus grand
honneur à l'habile artiste ; Delacroix y est représenté par une
réduction de ses Femmes d'Alger, le Portrait de M. Alfred Bruyas,
Michel-Ange dans son atelier et la Mort de Caton, superbe
étude de nu, réponse victorieuse à ceux qui contestent la science
de Delacroix; —Decamps, par le Chemin de Toulon; — Corot,
par la Pêche à l'épervier ; — Robert Fleury, par la Toilette ; —
Eugène Isabey, par la Tempête ; — Marilhat, par A Balbeck; —
Diaz, par la Saison des Amours, le Moine et Pivoines ; — Barye,
par V Arrêt ; — Louis David, par des Etudes pour le tableau du
Sacre; — Octave Tassaert, par le Vin, l'Enfant prodigue et
Ariadne ; — Théodore Rousseau, par la Mare ; — Troyon, par
l'Abreuvoir et les Vaches normandes ; — J . 'F. Millet, par l'Offrande;
— Papety, par le Troupeau de l Amour ; — Adrien Guiguet, par
le Jeu ; — Cabanel, par Velléda et l'Ange du Soir; — Courbet,
par la Fileuse ; — Bonvin, par le Banc d'église ; — Marcel
Verdier, par une Tête de Christ; —J. Laurens^ par Girojlée et
Chrysanthèmes, —et Jules Didier, par ses Femmes de Terracine.
Tous les collectionneurs sérieux voudront se procurer le bel album
de M. Laurens.

— Nous avons donné (page 88) le rapport de M. le Directeur
des Beaux-Arts, relatif à l'exposition des anciennes tapisseries
des Gobelins et de Beauvais, conservées, soit dans les magasins
du Garde-Meuble, soit dans les collections des amateurs. Nous
ne pouvons trop applaudir à cette excellente résolution, mais
nous comptons bien qu'on aura soin d'exposer en même temps
des produits récents des deux Manufactures nationales. Ce n'est
qu'en procédant ainsi par voie de comparaison immédiate et
publique entre le passé et le présent qu'on parviendra à se rendre
parfaitement compte des améliorations et réformes absolument
indispensables. On devrait agir de même pour les produits de
Sèvres ; l'étendue de la décadence, qui a été si manifeste à
l'exposition de 1874, apparaîtrait bien plus évidente encore et
obligerait à prendre des mesures plus qu'urgentes pour arrêter
les progrès du mal.

Quant aux tapisseries du Garde-Meuble, M. de Chennevières
constate qu'il existe » des vides dans les magasins faits par la
décoration du château de Pau, qui en a reçu depuis longues
années un prêt très-considérable ». Loin de songer à redemander
les tapisseries ainsi prêtées, nous faisons des vœux pour que le
Garde-Meuble multiplie très-largement et sans retard ces prêts,
qui présentent des avantages incalculables pour le développement
du goût. Ainsi le musée de tableaux installé au palais de Com-
piègne est plus que dérisoire et les visiteurs s'en reviennent fore
désappointés, jurant qu'on ne les y prendra plus. Ils y retourne-
raient au contraire très-fréquemment, si ces vastes salons rece-
vaient quelques séries de tapisseries du Garde-Meuble, qui
constitueraient un sujet d'études inappréciable.

1. Vase muni d'une anse à la partie supérieure et termine en cône; il était destiné à puiser l'eau.

2. Paris, chez M. Peyrol, éditeur, rue Hautefeuille, 24, et chez Ve Morel et C'", éditeurs, rue Bonaparte, 13.
 
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