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Ménard, René: Enseignement de l'art décoratif à l'École des Beaux-Arts, [2]
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232 L'ART.
décorations, où l'artiste, bien qu'il se fasse aider pour l'exécution, est obligé de combiner lui-même
tous ces éléments divers pour en former un ensemble harmonieux. Voici par exemple des fragments
d'ornement qui n'apparaissent dans vin ensemble qu'à titre d'accessoires, mais qui doivent chanter
dans un accord déterminé; leur disposition n'a rien d'arbitraire, et implique des connaissances
manquant absolument aux peintres qui font du modèle vivant leur unique étude. Il y a là également
une étude d'après nature, mais au lieu qu'elle s'applique à la figure, elle traduit des enroulements en
relief, des feuillages, des fleurs. Et de même que dans l'emploi des figures, l'artiste admettra certaines
conventions motivées parles exigences décoratives, il lui faudra chercher si les feuilles et les fleurs
qu'il veut peindre garderont leurs teintes réelles, ou prendront des tons conventionnels, si elles repro-
duiront les raccourcis et les accidents de formes que présente la nature, ou si elles s'étaleront sur une
donnée géométrale, comme un simple ornement qui veut exprimer, non la vie, mais une certaine
richesse décorative provenant de l'agencement des lignes.
Les études spéciales que M. Galland a faites en architecture lui permettent d'enrichir ses compo-
sitions d'une foule de motifs, interdits la plupart du temps à nos peintres d'histoire. En ce moment même
il est occupé d'une vaste décoration pour le palais du prince Araskine. Ces peintures de taille colossale,
qui vont aller à Saint-Pétersbourg, représentent une réception et une fête avec des figures costumées en
xvie siècle. La scène se déroule dans une vaste architecture, avec des escaliers, des fontaines jaillis-
santes, des aperçus de parcs qui transparaissent en.travers des entrecolonnements et tout ce qui con-
stitue ces splendeurs imaginaires dont les grands maîtres vénitiens comprenaient si bien l'ordonnance.
Les connaissances variées que possède l'artiste lui permettent de prendre une large part dans les
travaux d'art appliqués à l'industrie ; c'est ainsi qu'il a été chargé de fournir les modèles des
tapisseries qui vont être exécutées aux Gobelins, pour la décoration du palais de l'Elysée. Jusqu'ici
pourtant la plupart des travaux exécutés par M. Galland se trouvent dans des hôtels particuliers et sont
par conséquent ignorés du public. L'administration des Beaux-Arts a voulu qu'il en fût autrement
désormais, et lui a confié dans le Panthéon non-seulement un travail important sur la prédication de
Saint-Denis, mais encore la direction de toute la partie ornementale dans la décoration de l'édifice.
René Ménard.
(La fin prochainement.)
La Sculpture.
Fragment d'un plafond peint par Galland.
Dessin de H. Scotc, gravure de Froment.
décorations, où l'artiste, bien qu'il se fasse aider pour l'exécution, est obligé de combiner lui-même
tous ces éléments divers pour en former un ensemble harmonieux. Voici par exemple des fragments
d'ornement qui n'apparaissent dans vin ensemble qu'à titre d'accessoires, mais qui doivent chanter
dans un accord déterminé; leur disposition n'a rien d'arbitraire, et implique des connaissances
manquant absolument aux peintres qui font du modèle vivant leur unique étude. Il y a là également
une étude d'après nature, mais au lieu qu'elle s'applique à la figure, elle traduit des enroulements en
relief, des feuillages, des fleurs. Et de même que dans l'emploi des figures, l'artiste admettra certaines
conventions motivées parles exigences décoratives, il lui faudra chercher si les feuilles et les fleurs
qu'il veut peindre garderont leurs teintes réelles, ou prendront des tons conventionnels, si elles repro-
duiront les raccourcis et les accidents de formes que présente la nature, ou si elles s'étaleront sur une
donnée géométrale, comme un simple ornement qui veut exprimer, non la vie, mais une certaine
richesse décorative provenant de l'agencement des lignes.
Les études spéciales que M. Galland a faites en architecture lui permettent d'enrichir ses compo-
sitions d'une foule de motifs, interdits la plupart du temps à nos peintres d'histoire. En ce moment même
il est occupé d'une vaste décoration pour le palais du prince Araskine. Ces peintures de taille colossale,
qui vont aller à Saint-Pétersbourg, représentent une réception et une fête avec des figures costumées en
xvie siècle. La scène se déroule dans une vaste architecture, avec des escaliers, des fontaines jaillis-
santes, des aperçus de parcs qui transparaissent en.travers des entrecolonnements et tout ce qui con-
stitue ces splendeurs imaginaires dont les grands maîtres vénitiens comprenaient si bien l'ordonnance.
Les connaissances variées que possède l'artiste lui permettent de prendre une large part dans les
travaux d'art appliqués à l'industrie ; c'est ainsi qu'il a été chargé de fournir les modèles des
tapisseries qui vont être exécutées aux Gobelins, pour la décoration du palais de l'Elysée. Jusqu'ici
pourtant la plupart des travaux exécutés par M. Galland se trouvent dans des hôtels particuliers et sont
par conséquent ignorés du public. L'administration des Beaux-Arts a voulu qu'il en fût autrement
désormais, et lui a confié dans le Panthéon non-seulement un travail important sur la prédication de
Saint-Denis, mais encore la direction de toute la partie ornementale dans la décoration de l'édifice.
René Ménard.
(La fin prochainement.)
La Sculpture.
Fragment d'un plafond peint par Galland.
Dessin de H. Scotc, gravure de Froment.