Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

DOI Artikel:
Champier, Vicotr: Le budget des Beaux-Arts
DOI Artikel:
Exposition internationale de Paris en 1878
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0269

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
234

L'A RT.

somme. Car ce n'est pas dans les huit articles dont se compose ce
fameux chapitre qu'on a pu spécifier la multitude des frais indis-
pensables. Pour ne citer qu'un seul exemple, avec quoi, je le
demande, peut-on venir en aide et encourager les écoles de des-
sin qui s'ouvrent de toutes parts? En Angleterre on comptait,
en 1872,plus de quatre-vingts établissements de ce genre, et déjà
le gouvernement contribuait à leur dépense pour une somme de
90,000 liv. sterl. (3,250,000 fr.). En France, le gouvernement
n'attribue p'as un sou à ces écoles, et le ministère des Beaux-Arts
est obligé de rogner sur son budget pour donner par-ci par-là de
mesquines médailles d'honneur aux meilleurs élèves. C'est encore
avec des rognures qu'on a fait à l'École des Beaux-Arts les musées
des moulages et des copies qui ne peuvent être ouverts au public
faute de quelques milliers de francs pour payer les gardiens qu'il
faudrait; avec des rognures qu'on est parvenu à former à cette
même Ecole des Beaux-Arts un commencement de bibliothèque ;
avec des rognures qu'on essaie d'encourager (et hélas ! avec quelle
mesquinerie!) quelques écoles d'art en province; car ce n'est pas,
je pense, les 10,000 francs attribués à l'Ecole de Lyon et les
15,000 francs de l'Ecole de Dijon qui peuvent suffire à cette
tâche. Enfin c'est encore avec des rognures que le Directeur des
Beaux-Arts a entrepris ce Catalogue de nos richesses artistiques,
véritable monument national. Dans notre pays de France, où tout
essor est comprimé par d'étroits règlements et de mesquines éco-
nomies, c'est merveille vraiment que quelques hommes généreux
osent encore essayer de bien faire.

Le chapitre lxi n'indique donc pas, par la rédaction ni par
le nombre de ses articles, ainsi qu'on le voit, la nature ni le
nombre des dépenses obligatoires pour la direction des Beaux-
Arts. Ce qui est uniquement à considérer, c'est le total. Eh bien,
voilà précisément ce que nous voudrions voir parfaitement com-
pris par la commission du budget, et c'est sur ce point que nous
nous permettons d'appeler son attention.

En étudiant les chapitres xli et xlii, on ne doit pas exami-
ner trop en détail chacun des articles qu'ils comprennent, parce
que ces articles sont solidaires les uns des autres ; ils tendent
tous à la même fin, sauf quelques nuances, et cette fin c'est :
commandes et achats é'œuvres d'art. C'est en cela particulièrement
que nous trouvons la rédaction mauvaise. Prenons un exemple.
Voici le chapitre xlii, relatif à l'exposition des œuvres des artistes
vivants ; il attribue à la direction des Beaux-Arts une somme de
311,000 francs. Sur ce chiffre, on le sait, 150,000 francs sont
dépensés en frais de matériel et de personnel, au palais des Champs-
Elysées, impression du catalogue, acquisition des médailles, in-
demnité à la Société d'Horticulture pour décoration du jardin, etc.
Reste donc une somme de 150,000 à 160,000 francs à peine
pour les acquisitions. Croit-on que ce soit assez? je le demande.
Croit-on que ce soit payer dignement un artiste que de lui don-
ner 1,500 ou 2,000 francs pour une statue en plâtre, 6,000 ou
8,000 francs pour une statue de marbre ? On paie à peine les frais
matériels. Croit-on qu'avec 150,000 ou 160,000 francs on puisse
acheter les plus remarquables des œuvres du Salon aux malheu-
reux artistes qui attendent avec effroi la décision du Directeur
des Beaux-Arts pour savoir s'ils ne doivent pas se résigner à
mourir de faim ?

C'est alors qu'on peut avoir recours à l'art. 2 du chapitre xli,
qui est ainsi formulé : « Acquisitions d'objets d'art pour les
églises et pour les musées : 275,000 francs. »

Il faut convenir qu'on ne saurait imaginer rédaction plus
malencontreuse. Cette somme de 275,000 fr. qui, la plupart du

temps, est employée à l'acquisition des meilleures œuvres du
Salon, ne semble-t-il pas, à lire l'article, qu'elle est consacrée à
peupler les églises de toutes les croûtes faites par les jeunes
peintres d'après les compositions religieuses des maîtres? La
vérité est que jamais on n'emploie une somme supérieure à
25 ou 30,000 francs à acheter des tableaux religieux, soit origi-
naux, soit copies, choisis par une Commission spéciale : on peut
s'en convaincre par la lecture des registres de dépenses du minis-
tère des Beaux-Arts, qui sont imprimés après l'apurement de la
Cour des Comptes. Cette somme de 275,000 francs, qui paraît
suffisante au premier abord, est donc minime relativement à sa
destination véritable, puisqu'elle sert à toute espèce d'achats.

Parlerons-nous des sommes affectées aux autres articles ? Est-
il besoin de faire ressortir la dérisoire parcimonie avec laquelle
on traite la gravure qui devrait être encouragée en France dans
les plus larges proportions ? Faut-il montrer combien est faible
cette somme de 400,000 francs réservée pour la décoration de
nos monuments? On paie un chanteur 100,000 francs par an et
l'Etat y contribue; mais un artiste comme M. Puvis de Cha-
vanne, qui passera cinq ou six ans de sa vie à décorer le Pan-
théon, on lui donnera à peine 50,000 francs pour son œuvre
entière. Et que de travaux nécessaires ! A Paris seulement, outre
le Panthéon, n'a-t-on pas le palais de la Légion d'honneur à
décorer, le palais du Luxembourg, le palais de Justice, etc.? En
province n'a-t-on pas à exécuter — nous citons au hasard — les
peintures du palais de Justice à Montpellier ; à Poitiers les pein-
tures et les sculptures de l'Hôtel de ville; au Havre, les sculp-
tures et les peintures du palais de Justice; à Amiens, les sculp-
tures du palais de Justice et les décorations du Musée? Nous en
passons bien d'autres. On n'imagine pas ce que le Directeur des
Beaux-Arts doit payer avec son faible budget! Jusque dans ces
dernières années les monarchies, avec leurs énormes listes civiles,
ont eu chaque année une part de 4 ou 500,000 francs dans
ce budget. Napoléon III lui-même, dont la cassette particulière
s'ouvrait secrètement à tant de sollicitations avides, achetait régu-
lièrement un grand nombre d'oeuvres qui sont restées à l'État. La
République se montrera-t-elle moins généreuse, elle qui fut
autrefois si propice aux arts grecs ?

Nous en avons dit assez pour prouver qu'en France la pro-
tection pécuniaire que les artistes trouvent dans l'administration
est tout à fait médiocre, et nous n'avons pas, nous l'espérons,
besoin d'insister pour prouver qu'en la diminuant on porterait un
coup fatal à notre supériorité artistique. Les artistes ont-ils droit
à cette protection? Ceci est une question spéciale que nous n'avons
point à traiter, mais que la plupart des économistes, au nom des
industries artistiques, résolvent par l'affirmative. Ce qui est à
considérer ici, c'est que si l'Etat cessait de les protéger, ceux-ci
cesseraient d'exister, et nous demandons, non que l'Etat les fasse
vivre,' mais qu'il les empêche de mourir.

Certes nous ne sommes point les défenseurs quand même de
l'administration; nous en connaissons, comme d'autres, les abus
et les routines ; comme d'autres nous savons que sa protection
est trop souvent mécanique, aveugle et sans chaleur ; mais ce que
nous savons aussi, c'est que sans elle Fart ne serait plus qu'un
métier, c'est que sans son concours les artistes à peine sortis de
l'école abandonneraient les études élevées pour courir après ce
qui fait de l'argent, c'est que les sculpteurs surtout, qui sont
obligés à une préparation plus lente et à de plus durs travaux,
n'auraient désormais qu'un parti à prendre : aller se noyer à la
plus proche rivière. Victor Champibr.

EXPOSITION INTERNATIONALE DE PARIS EN 1878

La commission supérieure des expositions internationales s'est
réunie le 26 mai, au palais de l'École des Beaux-Arts, sous la
présidence de M. Teisserenc de Bort, ministre de l'agriculture

et du commerce, afin de procéder au jugement des avant-projets
touchant l'exposition universelle de 1878.

La commission supérieure avait, préalablement, nommé une
 
Annotationen