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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 2)

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Bonnin, A.: Salon de 1876: peinture, [8]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16690#0333

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296 L'ART.

qui s'adresse à chacun de nous, en un mot, de l'art pour tous. C'est en conséquence dans les œuvres
de cette catégorie que se dépense à peu près toute l'activité des artistes, et sur les deux mille toiles
exposées, elles comptent assurément pour les trois quarts.

Pour ne pas m'égarer au milieu des peintres de genre, pour ne pas m'exposer à revenir sans cesse
sur mes pas et à répéter les mêmes observations, afin de conserver à ce compte rendu sa forme
synthétique, j'essayerai, malgré la variété infinie de leurs ouvrages, de les grouper suivant la nature
de leurs œuvres et le sens des sujets qui les ont inspirés. On peut d'abord tracer une grande division,
les classer en fantaisistes et en modernes, et distinguer les otivrages d'un caractère actuel de ceux
qui retracent des anecdotes empruntées à l'histoire, à de vieilles chroniques, ou qui sont simplement
dictés par le caprice de l'auteur et sa prédilection de coloriste pour certaines époques où l'on s'ha-
billait de costumes éclatants.

Dans cette catégorie, que l'on appelle aussi celle des costumiers, je citerai d'abord, en observant
l'ordre chronologique : Un Bain d'été à Pompéi (243) par M. Gustave Boulanger, Le Traîneau gallo-
romain (1660) et Le Passeur (1659) M. Théophile Poilpot. — Je ne m'arrêterai guère à ces épaves
du genre néo-pompéien dont le naufrage a été constaté depuis longtemps déjà. M. Gustave Boulanger
ne fait ni mieux ni moins bien qu'au moment de ses premiers succès. 11 a toujours la même manière
hevée et trop lisse, les mêmes couleurs fades et cependant trop voyantes, la même recherche des
mouvements séduisants et des attitudes provocantes, et le même dessin aux lignes correctes mais rare-
ment gracieuses. Son tableau de cette année représente, comme la plupart de ses œuvres précédentes,
des femmes nues! Pour aiguiser la saveur de ce ragoût de'chairs blondes, il l'a relevé par l'opposition
des brunes carnations d'esclaves éthiopiennes, de même que l'on jette la tache noire des truffes du
Périgord au milieu d'une terrine de foie gras. Mais truffée de négresse ou non, la pâte de M. Boulanger
n'excite plus l'appétit. La curiosité s'est rassasiée de Pompéi et le peintre aurait grand tort de s'attar-
der à remuer les cendres de la ville morte. — Son élève, M. Théophile Poilpot, ne doit pas davantage
s'arrêter à glaner dans ce champ depuis longtemps moissonné où il a tout naturellement suivi les pas de
son maître. Ses deux toiles sont d'une composition avenante, d'une couleur aimable; il y a dessiné
quelques gracieuses figures de femmes, et l'on y peut reconnaître les promesses d'un talent qui ne
saurait que gagner à s'employer en des thèmes moins usés.

Nous voici maintenant au moyen âge, devant la Kermesse (1500) de M. Adrien Moreau et le' Sup-
pliée des Adultères (855) par M. Jules Garnier. — La toile de M. Adrien Moreau, qui a obtenu une
deuxième médaille, est remarquable par l'entrain de sa composition, par l'animation des figures, par la
gaieté et parla variété de leurs physionomies. Il n'y a rien là qui rappelle la chaleureuse conception de
la célèbre Kermesse deRubens; la joie n'y atteint pas ce diapason homérique. Néanmoins on s'amuse
de bon cœur dans le tableau de M. Moreau, l'on y danse, on y rit, on s'y embrasse même très-suffisam-
ment pour que les nombreux personnages qu'il a fort habilement groupés n'aient point l'air de comparses
ennuyés de leur rôle. Le dessin est fort bon, l'exécution très-soignée, et la seule critique à objecter porte
sur la couleur par trop printanière des arbres qui servent de rideau de fond à cette scène champêtre :
un ton moins vert, ou d'un vert plus discret êt taché de quelques teintes rousses, eût donné plus d'effet
aux premiers plans et prêté plus de chaleur et plus de charme à la coloration de l'ensemble, qui
est un peu monotone et qui ne contient pas de note assez vive pour donner la réplique à ce vert
envahissant.

Le Supplice des Adultères est une de ces compositions croustilleuses dont l'auteur s'est fait une spé-
cialité. La manière lui réussit d'ailleurs, car elle lui a dès le début donné la notoriété, et ses tableaux
sont toujours fort regardés. On s'y arrêterait mieux encore, si leur couleur était plus en rapport avec
la légèreté des motifs. Elle est brune, rousse et quelque peu lourde. Ces gaudrioles, car je ne pense
pas que l'on doive prendre cela pour du genre historique, voudraient être enlevées d'un trait plus alerte,
être montrées sous des teintes plus tendres, et, pour vieille que soit l'aventure, plus fraîches. Mais je
n'ai pas dit quelle est la composition du tableau de M. Jules Garnier, et l'on pourrait croire qu'il retrace
quelque sombre image d'une torture inventée par une imagination dantesque, tandis qu'il raconte une
vieille coutume, selon laquelle les coupables étaient dépouillés de leurs vêtements en place publique,
attachés l'un à l'autre, et promenés par les rues escortés du bourreau et de ses aides qui les fustigeaient
 
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