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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 2.1876 (Teil 3)

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Lafenestre, Georges: Nécessité de la création du musée des arts décoratifs: documents à l'appui
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Lafenestre, Georges: Exposition rétrospective de Reims
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https://doi.org/10.11588/diglit.16691#0307

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26o L'A

moins de parcimonie on obtiendrait une récolte bien plus abon-
dante 1. »

Certes le Ministre actuel de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts, M. Waddington, est résolument entré dans une
excellente voie et ses actes lui valent la plus légitime popularité,
mais les nécessités budgétaires lui lient les mains et il ne peut,
en présence de la situation financière, en présence des impôts
considérables que le pays a à supporter, réaliser promptement
toutes ses excellentes intentions ; en attendant, il y a péril en la

RT.

demeure, péril tout à fait sérieux cette fois pour les industries
d'art; c'est à l'initiative privée à le détourner; il est grand
temps qu'elle sache faire acte, en France, de virilité puissante.
Self Help, Self Respect ! Le dicton anglais a droit à des lettres
de grande naturalisation française; si on veut le comprendre, le
South Kensington Muséum français, le Musée des Ans décoratifs,
sera très-prochainement un fait accompli et exercera son action
féconde sur la nation tout entière.

Paul Leroi.

EXPOSITION RETROSPECTIVE DE REIMS

Au milieu du mouvement général qui pousse la plupart de nos
grandes villes de province à encourager les Beaux-Arts, la
ville de Reims, depuis quelques années, se distingue par l'acti-
vité et l'intelligence avec laquelle on y sait organiser des expo-
sitions et des concours de toute espèce. Cette noble ville, qui,
après avoir été l'un des sièges les plus actifs delà civilisation gallo-
romaine , devint au moyen âge une puissante école d'art, est
aujourd'hui un de nos grands centres industriels; elle se trouve
donc dans les meilleures conditions pour reprendre, dans l'Est,
la prépondérance intellectuelle qui, durant des siècles, lui a
appartenu. Ses expositions annuelles d'ouvrages d'artistes vivants,
nombreuses et bien choisies, forment déjà comme un rendez-
vous international où se rencontrent beaucoup d'artistes des
Pays-Bas en même temps que des artistes français. Cette année,
à l'occasion de son Concours régional, la ville de Reims a joint à
cette Exposition moderne une Exposition rétrospective d'objets
d'art recueillis à Reims et dans les départements voisins, qui n'a
pas eu moins de succès, car on y a compté du 24 avril au
ier juillet, plus de 40,000 visiteurs payants.

M«r l'archevêque de Reims avait obligeamment mis à la dis-
position de la commission archéologique l'aile la plus importante
de son archevêché, la fameuse Grande Salle du xve siècle dont la
charpente est un chef-d'œuvre, une série de grands salons don-
nant sur des jardins, et cette chapelle à double étage, la partie la
plus ancienne du monument, dont la construction élégante et pure
date, comme celle de la cathédrale illustre, sa voisine, de la pre-
mière moitié du xnie siècle. Dans la chapelle souterraine, depuis
quelque temps déjà concédée à la Société académique qui y a
établi un musée d'archéologie, se trouvent tous les fragments vo-
lumineux de sculpture ou d'architecture, soit des temps antiques,
soit du moyen âge, qu'y dépose peu à peu la piété tardive des
antiquaires modernes. Le célèbre Tombeau de Jovin, ce général
gaulois au service de Rome, qui repoussa si vaillamment
l'invasion germanique, y tient la meilleure place, tant par sa
valeur sculpturale que par son importance matérielle. Si l'at-
tribution donnée à ce monument est exacte, et si, par consé-
quent, cette sculpture a été faite en Gaule, au milieu du
ive siècle, c'est un des plus beaux morceaux qui nous restent
d'une époque où les saines traditions étaient déjà fort oubliées.
Les figures allégoriques y sont traitées avec une ampleur et une
noblesse qui rappellent la bonne période romaine, tandis que les
personnages réels y sont exécutées avec une recherche de l'expres-
sion exacte, dans la physionomie comme dans le costume, très-
curieuse et très-intéressante. Le lion qui s'élance sur le cheval
est d'un mouvement juste et hardi, d'un style large et ferme qui
étonne et saisit. Ce monument, d'un style composite, doit être
l'œuvre d'un sculpteur savant qui avait beaucoup voyagé et beau-
coup vu. Le nom de cet artiste sera probablement toujours
inconnu, mais il est permis de penser cjue son œuvre, encastrée au
moyen âge dans une chapelle de l'église Saint-Nicaise, contribua
puissamment à maintenir dans l'École rémoise ce sentiment du
goût antique si visible dans les belles sculptures de la cathédrale.

A ce titre, le Tombeau de Jovin est donc une pièce hors ligne que
les Rémois entourent, avec raison, de respect. Parmi les mor-
ceaux plus récemment découverts, qui avoisinent ce morceau capi-
tal, l'un des plus curieux est une sculpture gallo-romaine repré-
sentant un dieu à tête faunesque, assis les jambes croisées, comme
un Bouddha sur un piédestal, entre un Apollon à sa droite et un
Mercure à sa gauche, d'un style assez pur. Ce dieu bizarre,
cornu, portant au cou le collier gaulois et des anneaux au bras
droit et à la jambe droite, tient dans les mains un grand sac d'où
s'échappe un flot d'objets mal définis (grains ou pièces d'or) où
s'abreuvent à ses pieds un petit bœuf et un petit cerf. Au-dessus
de sa tête, dans un fronton bas, est tapi un rat à longue queue. Ce
bas-relief a été trouvé chez M. Courant, rue de l'Ecole-de-Mé-
decine. La chapelle contient encore quelques belles cheminées du
xvie et du xvne siècle et un grand nombre de chapiteaux, fûts,
moulures de diverses provenances, qui permettent d'estimer, de
près, à leur juste valeur l'habileté soigneuse des tailleurs de pierre
au moyen âge.

La jolie chapelle supérieure était presque entièrement occupée
par des vitrines qui renfermaient les objets appartenant aux époques
préhistoriques, aux périodes gauloise, gallo-romaine et franque,
collection très-abondante, très-curieuse à différents points de
vue, due aux recherches actives de quelques amateurs champe-
nois qui poussent de tous côtés leurs fouilles avec une ardeur
tout à fait estimable. M. Morel, percepteur à Châlons-sur-Marne,
tient la première place parmi ces dévots de nos antiquités natio-
nales; sa collection de vases et de bijoux gaulois et mérovingiens,
occupant un grand nombre de vitrines n'est pas moins remar-
quable par sa qualité que par sa quantité. La principale curiosité
qui attirait la foule était un cercueil contenant les restes d'un
guerrier gaulois entouré de ses armes et ustensiles, provenant de
Marson ; mais la plus importante découverte de M. Morel est
celle qu'il a faite à Somme-Bionne des fragments d'un char gallo-
romain (essieux, cercles des roues, timons, tiges, clavettes, mors
des chevaux) qui, mêlés à des ossements, à des bijoux et des pote-
ries, lui ont donné lieu de penser qu'il avait mis la main sur la
sépulture d'un chef puissant enseveli avec ses trésors et son char.
Plusieurs de ces objets sont évidemment d'importation grecque
ou romaine, d'autres de fabrication indigène. La collection spé-
ciale de M. Morel est désormais une de celles qu'il faudra con-
sulter avec soin pour l'étude de la céramique, de la bijouterie,
de la métallurgie aux époques reculées de notre histoire, comme
il fallait déjà consulter celle de M. Duquénelle, de Reims, moins
nombreuse, mais d'un excellent choix, et composée avec soin,
comme la précédente, d'objets trouvés dans la localité, condition
importante pour préparer une histoire de l'art, précise et con-
cluante.

La terre champenoise recèle probablement encore bien des
débris antiques ; la ville de Reims même, construite sur l'empla-
cement d'une ville romaine, cache peut-être dans ses substruc-
tions des chefs-d'œuvre que le hasard peut révéler d'un jour à
l'autre. L'admirable trouvaille faite récemment dans la rue Cérès

1. Même ouvrage, même tome, page 260.
 
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