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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Pougin, Arthur: Charles Gounod, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0052

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CHARLES GOUNOD

(FI.N)t

omposé avant le Médecin malgré lui, le Faust de M. Gounod
n'était représenté qu'une année après. Le musicien avait été intel-
ligemment servi par ses collaborateurs, qui avaient pris dans le
chef-d'œuvre de Goethe tout ce qui tenait à l'action et à la passion
dramatiques, en laissant judicieusement de côté toutes les disserta-
tions psychologiques, métaphysiques et philosophiques. Le livret
était merveilleusement coupé pour la scène, très-varié de ton et
d'allures, avec ce côté fantastique qui est toujours si heureux au
théâtre et que le public accueille avec une si grande joie. Aussi,
jamais le musicien ne fut-il mieux inspiré. L'acte de la Kermesse

Lettre du xvi' siècle. Collection Bomufle.

est un tableau plein de lumière et de chaleur, d'une couleur blonde
et resplendissante ; l'acte du Jardin est d'une poésie vaporeuse et enchanteresse, et la passion
y fait entendre des accents tour à tour pleins d'une molle langueur ou d'une énergie intense ; la
scène de l'église, alors que Méphistophélès, poursuivant Marguerite jusque dans l'ombre du sanc-
tuaire, veut mettre la main sur sa proie et empêcher l'infortunée victime de se réfugier dans le
sein de la Divinité, est empreint d'un rare sentiment de grandeur et revêt un caractère profon-
dément dramatique ; enfin, l'épisode de la mort de Valentin et de la malédiction de Marguerite
forme une scène pathétique et superbe, qui, avec ses incidents nombreux et variés, est assurément
l'une des meilleures et des plus accomplies de cette œuvre si remarquable à tant d'égards.

Chose singulière ! les deux musiciens dont le génie personnel et original caractérise en
quelque sorte, à des points de vue d'ailleurs bien divers, les tendances rénovatrices de l'école
française actuelle, se sont tous deux attaqués à ces deux immenses chefs-d'œuvre, Faust et Roméo
et Juliette, en les interprétant chacun à sa manière, chacun selon son tempérament. C'est Berlioz
qui, en véritable romantique qu'il était, a eu le premier l'idée de s'approprier ces deux merveilles,
et, bien avant qu'y songeât M. Gounod, nous avait donné son Roméo et Juliette et sa Damnation
de Faust. La comparaison entre les œuvres de chacun est du reste impossible, la nature et les
aspirations des deux artistes étant trop dissemblables. Au surplus, et en ce qui concerne Faust, il
est bon de remarquer que Berlioz, qui n'en a pas fait un opéra, mais une sorte de grande
légende musicale, conservant ainsi d'une façon caractéristique un des côtés particuliers de l'œuvre
première, a surtout traité la partie énergique et pittoresque du drame, tandis que M. Gounod
s'est plutôt attaché à en reproduire la poésie amoureuse, la rêverie exaltée, et cette sorte de
parfum mystique et extra-terrestre qui caractérise le poëme de Gœthe. Bien que, dans la partition
de M. Gounod, le tableau si enchanteur de la Kermesse, qui est d'ailleurs un épisode en dehors
de l'action, soit très-réussi, très-coloré et d'un intérêt musical vraiment exceptionnel, on ne peut
nier qu'à ce point de vue du sentiment pittoresque Berlioz n'ait singulièrement dépassé son émule
dans les divers et typiques épisodes de sa Damnation de Faust : la Chanson latine des Etudiants,
le Chœur des soldats, la Marche hongroise, le Ballet des Sylphes, la Retraite militaire, le
Chœur des Sylphes et des Gnomes, etc. Par contre, toute la partie intime et tendre, rêveuse et
poétique, a été admirablement traitée par M. Gounod, et il est, dans son œuvre, tels passages en

i. Voir l'Art, y année, tome II, page 11. — A la page ij, une retouche maladroite faite au cliché du portrait de Gounod par Ingres a
altéré la date du dessin et nous a fait commettre une erreur dans la légende. La date du dessin original est : Rome 1841. La légende doit être
rectifiée comme suit : « Portrait de Charles Gounod à vingt-trois ans, par Ingres, dessiné à Rome en 1841 ». — A la page 12, ligne 15, au lieu
de : « âge d'un peu plus de seize ans », il faut lire : « âgé de dix-huit ans à peine ».

Tome IX. 6
 
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