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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Vosmaer, Carel: Les " Leҫons d'anatomie" dans la peinture hollandaise, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0128

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LES « LEÇONS D'ANATOMIE »

Lettre composée et gravée par Jean Bouton.

LA PEINTURE HOLLANDAISE'

out le monde sait de quelle manière magistrale Rembrandt s'est
acquitté de sa tâche. Nous les connaissons, nous les voyons partout, ce
cadavre peint à merveille, en raccourci, et étendu sur la table; ces sept
belles têtes attentives, avec le docteur Tulp, sérieux dans son attitude
finement exprimée, qui nous rappelle ces vers du poète Barlaeus :

Hic loquitur nobis docti facundia Tulpi
Dum secat artifici lurida membra manu

Le contraste du cadavre avec les têtes pensives des vivants, de
ce corps jaune et livide avec les couleurs puissantes des figures, se
prêtait à un bel effet; et ces contrastes à leur tour trouvaient leur
unité dans la réunion de l'intérêt artistique avec celui du sujet. Les
tètes des docteurs sont magnifiques et le coloris a une harmonie sobre et sévère, qui fait pro-
duire au tableau une impression fort élevée.

Tout cela suffirait pour que la toile de Rembrandt obtint une préférence incontestée sur toutes
les autres. Mais elle possède en outre des qualités qui lui assurent bien autre chose qu'une
supériorité relative.

La comparaison avec les toiles de Aert Pietersen et de Mierevelt démontre clairement que
Rembrandt n'a pas dédaigné de leur faire quelques emprunts, mais elle montre en même temps
combien il est au-dessus d'eux.

Au tableau de Pietersen, Rembrandt a emprunté le raccourci du cadavre et l'attitude du doc-
teur Egberts, mais il doit bien davantage à celui de Mierevelt. La gravure, page 76, montre que
non-seulement les deux docteurs placés au coin de gauche sont presque identiques à ceux de
Rembrandt, mais que le cadavre et les cinq médecins rangés au-dessus du corps se retrouvent
dans l'œuvre de Rembrandt.

Mais voici où éclate la supériorité de ce dernier. Chez Mierevelt, l'œil ne trouve aucun
repos, aucun centre; il est uniformément attiré par toutes ces têtes. Mierevelt éparpille son effet.
Rembrandt le ramène en un centre unique. Un seul coup d'œil suffit à embrasser le cercle res-
treint où se groupent les têtes et le sujet qui les occupe. Cet effet puissant, Rembrandt fa
obtenu en serrant toutes ses figures et en laissant un tiers de sa toile inoccupé ; de ce côté-là, il
n'y a que le grand in-folio ouvert, et les pieds dans la pénombre ne servent qu'à guider l'œil
vers le groupe principal. Et tout concourt à l'attirer vers ce centre : la ligne perspective du
cadavre, l'arrangement des figures vers la gauche, le sujet de leur attention, la lumière qui s'y
accumule.

Que Ton se figure dans le tableau de Rembrandt encore quelques personnes à la gauche de
Tulp, alors l'effet est gâté; alors on a le tableau de Mierevelt, avec son effet éparpillé.

Mais le goût du peintre ne consiste pas seulement dans l'arrangement, il ne réside pas moins
dans le tact avec lequel il se rend compte de ce qui doit être évité. Tout le détail des objets

1. Voir l'Art, *• année, tome II, page 7).

2. Dans son ode In locum anatomicum recens Amstelodami exstructum.
 
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