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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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Hagemans, Gustave: Le lion de la Gileppe
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0121

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9o L'ART.

se fâchant pour tout de bon quand on l'irrite, comme le disait déjà César, et comme les siècles
postérieurs l'ont mainte fois prouvé

Parmi les sculpteurs qui ont tiré le meilleur parti de l'animal officiel, il faut citer M. Antoine-
Félix Bouré, un « lionnier » de l'école de Barye.

Malgré les intentions symboliques qui leur sont imposées, ses lions sont de vraies bêtes, des
lions sérieux et vivants, des lions nature, et non pas des lions de formule académique.

Ceux qui ornent la porte d'entrée du jardin du palais ducal, maintenant Palais des Académies
à Bruxelles, comptent parmi ses meilleurs. Le dessin que nous publions en tête de cet article en
donne une excellente idée.

Le lion de la Gileppe, ou plutôt du barrage de la Gileppe, est d'un autre caractère.
Mais d'abord qu'est-ce que le barrage de la Gileppe ? C'est tout simplement un des travaux
d'art hydraulique les plus remarquables de notre époque, et l'on peut sans exagération aucune

affirmer que, sous le double rapport
de la conception et de l'exécution, il
ne le cède en rien aux grandes et
audacieuses entreprises du même genre
qu'ont réalisées les Égyptiens, les an-
ciens Romains et les Maures d'Es-
pagne.

Ce barrage forme., à deux lieues
de Verviers (province de Liège), une
digue de 47 mètres de hauteur et
210 mètres de longueur, sur une lar-
geur de 60 mètres à la base, de 18
mètres au sommet, que parcourt une
route reliant les deux montagnes qui
encadrent la vallée. 11 arrête les eaux
d'une petite rivière fort capricieuse, la
Gileppe, tantôt insignifiant ruisseau,
tantôt torrent impétueux, dont on à
comprimé les désordres en les utili-
sant pour alimenter d'eau régulière-
ment la ville de Verviers, qui en ré-
clamait une grande quantité, indispen-
sable au lavage et à la teinture de ses laines et de ses draps.

De ruisseau inutile ou gênant la Gileppe est devenue ainsi une source féconde de richesse. Et
en même temps, chose rare dans l'industrie, qui trop souvent doit sacrifier le pittoresque à l'utile,
l'industrie a fait cette fois de ce ruisseau insignifiant le plus beau lac que nous ayons en Belgique,
un lac d'une superficie de 82 hectares, aux contours gracieux, bordé de montagnes à l'aspect
tantôt riant, tantôt sauvage, de forêts sombres et touffues où abondent le chevreuil, le sanglier, le
renard et le loup. C'est maintenant l'un des coins les plus pittoresques de la Belgique, un nid de
peintres et de poètes.

Pour couronner une œuvre aussi grande, aussi belle, il fallait un monument digne d'elle.

Le soin en a été confié, et il ne pouvait l'être mieux, à M. Antoine-Félix Bouré.

Au milieu du barrage s'élève un vaste piédestal de 7"', )0 de haut sur 12'",20 de large. Sur ce
piédestal s'élèvera fier et majestueux un superbe lion, humant l'air et regardant Verviers au
loin.

Nous publions ici le dessin qu'a bien voulu nous donner l'artiste, dessin dû au crayon habile
d'un de nos peintres distingués, M. Modeste Carlier. Il rend exactement l'œuvre du maître.

Ce lion colossal, le plus grand connu, a des proportions énormes, bien dignes du milieu qui
l'encadre : il aura 13m,5o de hauteur et formera une masse d'environ fjo mètres cubes de pierre.

Le LIOK de la Gileppe.
Dessin de Modeste Carlier, d'après Félix Bouré.
 
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