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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 1)

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L'exposition de Nice
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https://doi.org/10.11588/diglit.16908#0247

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L'EXPOSITION DE NICE

Ma dette payée envers les principaux artistes parisiens qui
ont concouru au succès de l'exposition de Nice aussi bien par
la notorie'te' de leurs noms que par le mérite de leurs œuvres,
je me hâte de revenir aux peintres qui se sont plus spécialement
voués à reproduire les différents aspects de la nature méridio-
nale, au milieu de laquelle ils vivent.

Tel est, par exemple, M. Béguin, dont la Vue de Saint-
Tropej n'est pas une toile sans défaut, — la couleur manque de
hardiesse, et le ciel accuse en trop d"endroits la fréquence
et la timidité des retouches, — mais il serait difficile de mieux
traiter les terrains et la mer ; la scène panoramique est saisie
dans la vérité de son ensemble, et rendue avec force.

Une autre œuvre fort distinguée c'est celle qui a pour titre :
Peira Fourniga, et pour auteur M. Gamba de Preydoux. Ici
encore nous retrouvons le paysage du midi dans toute la vérité
de son type. La verdure vigoureuse des pins contraste bien avec
les tons de la roche brûlée et calcinée, des flancs de laquelle
jaillit leur pyramide sombre, et l'échappée de vue, ménagée du
côté de la mer, laisse errer nos regards sur l'étendue immense.

Le Proscrit, de M. de Pastoris, est un de ces tableaux de
genre, qui seraient remarqués partout. Un gentilhomme, en cos-
tume des premières années de ce siècle, — où il y eut tant
d'exilés, — s'appuie sur la balustrade d'une terrasse au bord de
la mer, regardant les voiles blanches qui voguent à l'horizon, et
les hirondelles qui s'ébattent joyeusement dans l'azur :

De mon pays ne me parlez-vous pas?

Une impression mélancolique se dégage de cette jolie com-
position, très-calme, très-sobre, qui dit bien ce qu'elle veut dire.

M. Indurno, dans le tableau qu'il intitule Souvenir de Rome,
arrive à l'effet par l'opposition d'une foule de petits personnages,
grands comme la moitié du doigt, peints avec une brosse fine
comme une aiguille, et des monuments grandioses au fond des-
quels on voit s'agiter leur cohue bruyante. Ceci appartient au
genre de la peinture spirituelle, —mais qu'il faut voir à la loupe.

L'Intérieur de la Sacristie de Saint-Jean, à Parme, par
M. Marchese, est peint avec beaucoup de puissance et de maes-
tria ; la distribution de la lumière rappelle la facture savante et la
puissance d'illusion de Pierre de Hooghe ; les boiseries du dernier
plan et les mosaïques du plafond attestent la vigueur et l'harmo-
nie d'une palette des plus riches. Par malheur les petits person-
nages, avec lesquels l'artiste a cru devoir animer sa toile,
manquent de relief et de précision : ils sont moins vivants que
les murailles, dont ils oublient de se détacher.

Le Jardin public de Nice a fourni à M. Calderini le motif de
ce que j'appellerai volontiers un paysage décoratif. Avec sa double
allée de palmiers et d'eucalyptus, ses plantations d'essences méri-
dionales, mêlées aux végétations de nos climats plus tempérés ;
ses kiosques de forme variée, ses estrades réservées aux musiciens,
le jardin public de Nice, rendez-vous incessant des promeneurs,
qui le trouvent plus abrité que la fameuse Promenade des
Anglais, a je ne sais quoi de pompeux et de théâtral, qui doit
séduire un pinceau italien, et que M. Calderini a, du reste, fort
bien rendu.

M. Gilardi applique à la peinture de genre les procédés de la
miniature : cette transposition vous déroute tout d'abord, et la
première impression qui vous attend, quand vous regardez ses
tableaux, c'est une sorte de désappointement, car vous n'y décou-
vrez rien du tout. Il faut s'y accoutumer. Mais cette première
étude faite, on sera surpris de la précision de ce dessin, de la

légèreté de cette touche, et de la justesse de relation de ces tons
qui, tout d'abord, ne vous avaient paru qu'une petite tache
brillante :

In tenui Libor, haud merces tenuis!

Sous ce titre : la Douce Contemplation, M. Fontana nous
montre un tableau fort inégal, tètes vulgaires, expression de
physionomie peu agréable; mais, à côté de cela, des parties
d'une facture irréprochable, et des morceaux de la coloration la
plus délicate et la plus fine.

La Rue de Sienne, par M.Signorini, nous offre des perspec-
tives que Canaletti lui-même n'aurait pas désavouées ; la grande
porte aux tons rouges, qui occupe le premier plan de son
tableau, est d'une couleur superbe et d"un grand aspect monu-
mental.

L'exposition de Nice nous présente aussi quelques aquarelles
que j'ai déjà signalées en passant, je me contenterai d'une indi-
cation sommaire et rapide, en m'occupant surtout des artistes
qui se sont efforcés de reproduire l'admirable nature que j'ai en
ce moment sous les yeux.

C'est ainsi que M. Gaétan Béthune s'est montré plein de
chaleur et de lumière dans sa Vue de Menton au soleil couchant.

M. Trabucco, dans son Etude prise à Lantosque, très-vraie
comme aspect général du pays, bien que d'une facture quelque
peu lâchée.

M. Jules Jacquemart, d'une coloration singulièrement puis-
sante dans son Lavoir ou dans sa Barrière de l'octroi, de
Menton.

M. Cockx, fort intéressant et très-juste d'effet dans sa Vue de
Nice.

M. Andréa Giordano, coloriste très-vigoureux, dans son
esquisse, largement faite, d'un vieux Loup de mer de San Remo,
coiffé de son bonnet de laine, dont il semble aussi fier qu'un
doge vénitien de sa corne ducale.

L'exposition de Nice renferme une soixantaine de sculptures,
parmi lesquelles le plus grand nombre, et aussi les plus remar-
quables, appartiennent à l'école italienne.

Que les sculpteurs italiens occupent une grande place dans
l'école moderne, c'est ce qu'il ne me viendra pas à l'esprit de
contester, —surtoutsion necherche pointa leur attribuer la pre-
mière. Je ne trouve point, en effet, chez eux cette conception
profonde et cette inspiration élevée qui seules peuvent revêtir un
objet d'art d'une éternelle beauté. Mais ils ont une facilité, une
verve, et, pour parler leur langue, un brio d'exécution que per-
sonne ne surpasse, —je dirais volontiers que personne n'égale
aujourd'hui. Ils nous montrent à Nice des tètes d'enfants qu'illu-
mine le sourire de la vie heureuse, et des bustes de femmes dont
le souffle de la passion remplit la poitrine et fait palpiter le sein.
Le marbre s'est fait chair. Ce n'est point là, je le sais, l'art tout
entier ; mais c'en est une portion notable, et celle qui séduit les
plus aisément les juges superficiels.

Quoi de plus joli, par exemple, que ce bambino napolitain
si bien modelé par M. Amendola, et intitulé II Caretto (le Cha-
riot), qui nous montre un enfant dans sa petite voiture : l'attelage
de poneys, de chiens, — ou de gamins comme lui, — vient de
l'abandonner, et il reste là, les bras tendus, l'étonnement sur le
visage, se demandant encore comment la chose a pu arriver. La
naïveté n'a jamais été mieux rendue sur un jeune visage.

Je passe sans m'arrèter devant les deux statues, grandeur
demi-nature, de Humboldt et de Manjoni, par M. Philippe

i. Voir l'Art, 4" année, tome I", page 183.
 
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