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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Véron, Eugène: Art dramatique, [1]: les Fourchambault - pièce en cinq actes, par Émile Augier
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0089

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ART DRAMATIQUE

LES FOURCHAMBAULT

PIÈCE EN CINQ ACTES, PAR M. EMILE AUGIER

'est une famille assez peu intéressante que celle des Four-
chambault. Le père, banquier au Havre, laisse sa femme rui-
ner la maison par un train de luxe et de dépenses qui doit
inévitablement le mener à la faillite ; il lui permet de corrom-
pre sa fille en remplaçant tout doucement en elle l'amour
qu'elle éprouve pour un honnête homme par la fantaisie
d'épouser un jeune cocodès dont le seul mérite est d'être
baron. 11 est « bon comme le bon pain, dit un personnage de
la pièce. Il est fait pour être mangé et il se laisser manger
sans même craquer sous la dent. Tout en mie ! » En vérité,
c'est un lâche qui a peur de sa femme et qui, pour avoir la paix, courbe la tête, sacrifie
sa dignité d'homme, ses devoirs de père, et son honneur professionnel. C'est, en un mot, une
de ces figures effacées, que l'absence de volonté personnelle met à la merci des volontés plus
fortes, et qui, en certains cas, peuvent par elles se laisser conduire presque inconsciemment
jusqu'à la limite obscure où le code devient la seule règle de la morale. Fourchambault n'est
pas mené jusque-là ; l'auteur lui a épargné les épreuves suprêmes, n'ayant pas besoin, pour
sa pièce, de le pousser aux extrémités. Il n'en a pas moins dans sa vie un souvenir, qui
pourrait être un remords pour une nature moins molle. Il a, étant jeune, séduit une honnête
fille en lui promettant le mariage; puis il l'a abandonnée sans se donner la peine de vérifier
les accusations portées contre elle par une famille qui la repoussait à cause de sa pauvreté

Mme Fourchambault est bien près d'être odieuse. Elle a apporté à son mari
800,000 francs de dot, qu'elle a eu soin de laisser en dehors de la communauté, et au nom
de ces 800,000 francs elle réclame sans cesse et exerce sans relâche sur son mari une
tyrannie impitoyable. Du droit de ces 800,000 francs elle n'admet pas qu'on résiste à aucun de
ses caprices; elle dépense 120,000 francs par an et s'étonne qu'on ose lui faire une obser-
vation. Cette femme n'a en tête qu'une idée: elle est riche et ses 800,000 francs lui tiennent
lieu de toutes les vertus. Avec une dot pareille, une femme n'est tenue envers son mari à aucun
ménagement ; quoi qu'il fasse, il est l'obligé, l'esclave pour toute la vie, et sa reconnaissance
doit s'exprimer par une obéissance absolue , par une soumission de tous les instants.

Elle a eu la mauvaise chance de trouver un mari dont la faiblesse n'a fait qu'enra-
ciner en elle cette prétention. Maintenant la richesse ne suffit plus à sa vanité. Il lui faut un

Encadrements de F. Magnini, tirés de l'ouvrage intitulé : « l'Augusta ducale Basilica dell' Evangelista San Marco..... in Venezia MDCCLXI, Presso Anton.o Zatta »

Tome XIII. 10
 
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