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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Exposition universelle de 1878: l'ouverture
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EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878

L'OUVERTURE

Enfin, la voilà ouverte cette Exposition universelle de 1878
qui depuis deux ans éveillait presque autant d'inquiétudes que
d'espérances, qui, instituée sous l'inspiration d'une pensée aussi
pacifique que patriotique, a failli susciter une sorte de conflit
international ou tout au moins aigrir certaines relations que l'on
se proposait précisément d'apaiser et d'assouplir, et dont le succès
avait été un instant compromis à ce point qu'on a pu craindre
un ajournement préjudiciable à tous les intérêts, qu'on est allé
jusqu'à annoncer l'abandon, d'ailleurs invraisemblable, de cette
grande entreprise nationale ; la voilà ouverte « au nom de la
République » par le maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta,
ouverte à l'heure dite, au milieu d'un immense concours de
population, en présence des délégués et des représentants officiels
de toutes les puissances étrangères, aux applaudissements una-
nimes de Paris, de la France et du monde. Pas une note discor-
dante dans le concert des sympathies universelles, et il semble
que partout « au spectacle grandiose de l'ouverture de l'Exposition
universelle » on ait éprouvé le même sentiment d'émotion pro-
fonde si noblement exprimé par le président de la Chambre des
députés, M. Jules Grévy, « émotion causée surtout, a-t-il dit, par
la joie patriotique de voir la France, à quelques années à peine
de ses désastres, trouver dans sa vitalité, dans sa puissance, dans
son génie, le moyen de convier si magnifiquement le monde
entier à cette grande fête du travail, du commerce et de l'indus-
trie. » Si le sentiment a changé de nuance en passant la frontière,
il n'en est pas moins resté en harmonie avec la joie bien légitime
du patriotisme français : en France, fierté patriotique; au dehors
admiration sans réserve, confiance sans arricre-pensée, émotion
généreuse et fraternelle.

C'est là un fait capital, un fait européen, dont la portée
politique n'est pas de notre ressort, mais qu'il était cependant de
notre devoir de signaler, ne fût-ce que pour en faire ressortir
l'importance économique, la haute signification au point de vue
de la paix générale, condition essentielle du progrès et de
l'existence même de l'industrie et des arts.

Nous ne raconterons point par le menu tous l'es incidents
de la cérémonie officielle d'ouverture, mais il faut pourtant que
le i,r mai 1878 qui est désormais un souvenir impérissable pour
tous les témoins de la solennité, mieux que cela, une date histo-
rique, laisse une trace dans notre recueil.

Rarement on a vu, dans un cadre plus vaste, tableau plus
imposant et plus animé; aquarelle serait peut-être plus exact, car
la pluie a fait rage pendant la cérémonie, mais les mauvais tours
de cette fée maligne, qui s'est cruellement vengée de n'avoir pas
été conviée à la fête, n'ont pas réussi à troubler la gaieté du
public international qui se pressait dans la double enceinte du
Trocadéro et du Champ-de-Mars. Personnages officiels en uni-
formes multicolores, exposants en habit noir, délégués exotiques
en costumes nationaux, dames en fraîches toilettes, anciens
combattants du Trocadéro, du vrai Trocadéro, celui de 1825, —
il y en avait portant au chapeau une inscription qui rappelait à
chacun ce fait d'armes à peu près oublié, — tout ce monde patau-
geait avec une sorte d'ivresse dans les marécages caillouteux
des jardins. Tous les citoyens étaient égaux devant les flaques
d'eau. La fête absorbait tellement l'attention publique que les
averses n'ont pas atténué l'effet des cascades et des fontaines jaillis-
santes du Trocadéro, et que l'orage, quand il s'est mis de la partie,

n'a pas fait tort aux sonorités moins électriques, mais plus émou-
vantes, du canon du Mont-Valérien et des Invalides.

Du Champ-de-Mars on suivait à merveille les divers épisodes
de la cérémonie qui s'accomplissait au Trocadéro. On n'entendait
pas les discours, il est vrai, mais on voyait la foule impatiente et
singulièrement déçue qui occupait les tribunes du palais semi-
circulaire; au centre, à l'abri de ses regards, la tribune officielle,
tendue de velours rouge et d'or, attendait le chef de l'État et ses
augustes invités; à deux heures elle se remplit, et si loin que l'on
soit placé on distingue l'habit rouge du prince de Galles, dont
les moindres mouvements sont autant de signaux pour les déshé-
rités de la cérémonie officielle.

Cette cérémonie n'a duré que quelques instants, mais pour
ceux-là même qui se contentaient de la deviner, elle avait sa
grandeur, et le décor prestigieux au milieu duquel se jouait ce
prologue de l'ouverture y ajoutait un incomparable éclat. D'un
côté le palais du Trocadéro éblouissant de blancheur, avec ses
galeries à jour, avec ses minarets de mosquée, et ses propylées de
jardins et de fontaines descendant jusqu'à la Seine; de l'autre le
palais polychrome du Champ-de-Mars, égayé de faïences décora-
tives, et gardé à vue par les figures allégoriques de toutes les
nations de l'univers, son jardin peuplé de statues et de bâtiments
pittoresques; au milieu de cet ensemble le pont d'Iéna dont le
tablier élargi se recouvre d'un immense tapis rouge en l'honneur
du cortège; à droite et à gauche la troupe faisant la haie, et
partout la foule curieuse, joyeuse, acclamant la France hospita-
lière et répondant par de frénétiques hourrahs aux saluts du
président de la République; telle est en raccourci cette scène
inoubliable faite pour tenter le pinceau d'un grand artiste.

La première visite à l'Exposition a dissipé bien des appré-
hensions et dépassé toutes les espérances. Si toutes les caisses ne
sont pas déballées, si tous les colis ne sont pas casés, si tous les
locaux ne sont pas accessibles au public, il n'en est pas moins vrai
que la toilette de l'Exposition est plus avancée qu'on ne pensait,
et il est permis d'espérer qu'avant peu de jours elle sera complète.
En se refusant à tout ajournement, en maintenant rigoureuse-
ment l'ouverture au ior mai, le gouvernement a rendu service à
tout le monde; il a stimulé le zèle des exposants, et tel qui n'est
qu'à moitié prêt ne l'eût peut-être été qu'aux trois quarts s'il eût
obtenu un délai.

Honneur à l'Angleterre ! Elle y a mis de l'amour-propre,
peut-être, du zèle à coup sûr. Le prince de Galles a pris une
part active à l'organisation de l'exposition anglaise, de même
qu'il contribue pour une large part à en assurer le succès en
exhibant les féeriques trésors de sa collection indienne. L'in-
tervention personnelle de S. A. R. et I., intelligemment secondée
par l'éminent secrétaire de la commission royale anglaise,
M. Cunliffe Owen, a été d'un effet magique. L'Angleterre
arrive bon premier, distançant de plusieurs longueurs les
nations rivales. Sous le rapport de l'exactitude, elle est le
Winner du grand Derby international de 1878. Ses galeries
des beaux-arts sont complètement installées, et beaucoup plus
confortablement que celles des autres pays. Le jour y est mieux
ménagé, plus'discret, plus favorable qu'en France, où par
crainte de l'obscurité on est allé, de Charybde en Scylla, jusqu'à
l'éblouissement, au risque de tuer certaines œuvres réfractaires
aux lumières excessives, et sans utilité pour celles qui craignent
 
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