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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Falke, J.: Exposition universelle de 1878: Le verre de Bohême et sa transformation par Louis Lobmeyr
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0209

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184 L'ART.

particulier et, autant du moins que nous pouvons en juger, sans valeur artistique. Venise four-
nissait les modèles, mais on les modifiait d'après le goût allemand et l'interprétation germanique
en épaississait et en alourdissait les formes gracieuses et fines. On employait un verre de couleur
verdàtre dont la décoration consistait en dessins assez grossiers obtenus au moyen d'émaux colorés.

Il est hors de doute que ce sont les Vénitiens qui ont essayé les premiers de fabriquer pour
les miroirs et autres objets un verre aussi pur, aussi transparent et aussi incolore que le véritable
cristal. Cette ambition gagna à leur tour les verriers de Bohême et lorsque les tailleurs de cristal
de l'empereur Rodolphe eurent été forcés par le manque d'ouvrage d'entrer dans les verreries, la
fabrication du verre se modifia d'après une méthode toute nouvelle qu'on appela, par opposition
à la méthode des Vénitiens, méthode de Bohême.

Dans la verrerie de Venise, la forme primitive qu'on a donnée à l'objet en le soufflant
n'est modifiée dans la suite par aucune décoration. C'est là le caractère distinctif de cette verrerie
dont la beauté réside dans la finesse et l'élégance des contours, le charme, dans le peu d'épaisseur
de la matière, presque aussi mince que du papier, et dont la délicatesse concorde avec la grâce et
la légèreté de la forme. Sa fabrication exige à la fois l'habileté manuelle et le sentiment complet
de la beauté particulière à cette sorte de verre. 11 en est tout autrement pour le cristal, tout
autrement pour le verre de Bohême. C'est en travaillant le cristal à l'état brut, en le taillant et
en le polissant qu'on arrive à lui donner les contours les plus nobles et les formes les plus élé-
gantes. On ne procédait pas autrement au xvic siècle, époque où florissaient à Venise dans tout
leur éclat l'art de travailler le cristal et l'art de fabriquer le verre. Mais à l'élégance des contours
les tailleurs de cristal savaient ajouter la richesse des ornements; ils gravaient sur les surfaces
rondes des dessins et des figures qui, par suite des jeux de lumière, contribuaient à l'effet du
relief. C'est ce mode de fabrication et de décoration légèrement modifié qu'on appliqua au verre
de Bohême : pour le cristal, le bloc brut prenait successivement dans les mains de l'ouvrier la
forme voulue ; on donna au verre en le soufflant une première forme qui prit peu à peu par le
polissage de l'élégance et du fini et qui s'embellit en même temps d'ornements gravés à la molette.
En outre, pour que l'imitation du cristal par le verre fût complète, on s'efforça d'obtenir du verre
aussi limpide, aussi pur, aussi incolore que le cristal, résultat auquel n'étaient parvenus jusqu'alors
ni les Vénitiens ni les Allemands.

De sorte qu'il arriva, si je me suis fait bien comprendre, qu'on put opposer l'un à l'autre
le verre de Venise et le verre de Bohême comme étant des verres d'espèce différente, et
qu'on désigna le premier sous le nom de verre soufflé et le second sous le nom de verre taillé.

Le cristal taillé se perfectionnant de plus en plus remplaça, dans le courant du xvi'' siècle, le
verre de Venise qui passa de mode. De la Bohême, il se répandit dans tous les pays au nord
des Alpes et, à la fin du siècle, c'était le seul genre de verre qui fût fabriqué dans ces pays.
Cependant au point de vue artistique, le cristal allait subir des modifications qu'il faut attribuer
à l'altération de goût. Aux formes arrondies et légères du temps de la Renaissance qui, dans
l'origine, avaient servi de modèles, se substituèrent des formes plus raides. Puis il se produisit
une innovation, résultat de la technique de la taille du verre, innovation qui devint caractéristique
pour le verre de Bohème et qui dans la suite influa sur les progrès du verre artistique. Sur la
surface arrondie des coupes on traça extérieurement des facettes à cornes destinées à être polies
ou à être entourées des anciens ornements gravés. Si le vase avait un pied et une tige, on les
ornait de la même manière, de sorte que les lignes arrondies des contours se changèrent partout
en lignes droites. La forme prit plus de raideur et les proportions parurent épaisses et lourdes
comparées aux proportions élégantes des verres de Venise. Cependant la beauté de la forme
restait suffisante et le fini de la gravure était tel que de nos jours les amateurs recherchent
encore, et avec raison, les cristaux de cette époque et les payent un prix élevé. C'est ce cristal
gravé et taillé à facettes qui a remplacé l'ancien verre de Bohême.

Déjà il avait conquis la faveur générale et son exportation était devenue très-lucrative, lorsqu'il
s'éleva contre lui un concurrent que les Bohémiens s'étaient donné à eux-mêmes. Je veux parler
du cristal fabriqué en Angleterre. Les Anglais, en ajoutant au flint-glass un mélange de plomb,
 
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