Cartouche du xvme siècle.
Lettre du chevalier E. A. Petitot,
gravée par Bossi.
oin de s'épuiser, la curiosité qui s'attache au souvenir de Marie-
Antoinette ne fait que s'aviver, et si l'on considère le grand nombre
d'études et de travaux qui embrassent la période de la Révolution,
il semble que le public soit anxieux de connaître enfin la vérité
sur cette époque tragique. On dirait que chacun, las de discussion,
se rangeant définitivement soit du côté de ses détracteurs, soit du
côté de ses défenseurs, veuille ressusciter la vraie Marie-Antoinette,
telle qu'elle fut, telle que les Français la purent voir, depuis son
arrivée à Paris, en mai 1770, jusqu'à sa mort.
Il est mal aisé, à un siècle de distance, de discerner le vrai du faux, d'oublier les pamphlets,
et de faire la part de responsabilité des morts : si les mémoires, les autographes,. les documents
sont à peu près épuisés, il reste encore à fouiller l'iconographie. 11 existe au-delà d'un millier de
gravures ayant trait à des épisodes ou des faits politiques qui mettent la reine en scène. Nous
connaissons plus de i^o portraits de Marie-Antoinette, gravés pendant sa vie, et, au hasard,
nous en détachons ici quelques-uns qui nous feront voir d'abord la jeune fille, puis la femme et la
reine, enfin la prisonnière telle que ses contemporains la décrivent dans ses jours de malheur.
Qu'on examine tous les portraits de Marie-Antoinette , et chacun d'eux sans exception
trouvera sa place dans une de ces trois classifications : la jeune fille, la femme, la victime.
Au mois de mai 1770, la Dauphine, âgée de quinze ans, fait son entrée à Paris; c'était
encore le temps où les alliances de famille primaient les intérêts politiques de la nation ; la cour
attendait son arrivée avec curiosité ; on la trouva Autrichienne par les traits, particulièrement
par les lignes de son visage et la forme de ses lèvres. Les préventions étaient contre elle : on
aurait de beaucoup préféré une Espagnole à une Autrichienne : mais l'enfant paraissait si gaie, si
bonne, si enjouée qu'elle ramena bientôt à elle tous les mécontents : et puis, que pouvait-on
craindre ou redouter de l'influence politique d'une fille de quinze ans ?
Elle avait bien la démarche fière et imposante, un port de tète altier, mais par contre, la
douceur de son regard et son œil voilé devaient faire présager une absence complète d'autorité,
et ce contraste éloignait toute méfiance. Rien ne trahissait en elle une tendance à imposer un
jour ses idées ou son influence; au contraire, ses joues, carrées et pendantes, indiquaient une
certaine nonchalance et annonçaient plutôt une nature indolente et souple ; on trouva la preuve
de cette souplesse dans sa soumission aux volontés de Louis XV le jour où elle consentit,
sans trop de difficultés, à s'asseoir à la même table que la du Barry.
Lettre du chevalier E. A. Petitot,
gravée par Bossi.
oin de s'épuiser, la curiosité qui s'attache au souvenir de Marie-
Antoinette ne fait que s'aviver, et si l'on considère le grand nombre
d'études et de travaux qui embrassent la période de la Révolution,
il semble que le public soit anxieux de connaître enfin la vérité
sur cette époque tragique. On dirait que chacun, las de discussion,
se rangeant définitivement soit du côté de ses détracteurs, soit du
côté de ses défenseurs, veuille ressusciter la vraie Marie-Antoinette,
telle qu'elle fut, telle que les Français la purent voir, depuis son
arrivée à Paris, en mai 1770, jusqu'à sa mort.
Il est mal aisé, à un siècle de distance, de discerner le vrai du faux, d'oublier les pamphlets,
et de faire la part de responsabilité des morts : si les mémoires, les autographes,. les documents
sont à peu près épuisés, il reste encore à fouiller l'iconographie. 11 existe au-delà d'un millier de
gravures ayant trait à des épisodes ou des faits politiques qui mettent la reine en scène. Nous
connaissons plus de i^o portraits de Marie-Antoinette, gravés pendant sa vie, et, au hasard,
nous en détachons ici quelques-uns qui nous feront voir d'abord la jeune fille, puis la femme et la
reine, enfin la prisonnière telle que ses contemporains la décrivent dans ses jours de malheur.
Qu'on examine tous les portraits de Marie-Antoinette , et chacun d'eux sans exception
trouvera sa place dans une de ces trois classifications : la jeune fille, la femme, la victime.
Au mois de mai 1770, la Dauphine, âgée de quinze ans, fait son entrée à Paris; c'était
encore le temps où les alliances de famille primaient les intérêts politiques de la nation ; la cour
attendait son arrivée avec curiosité ; on la trouva Autrichienne par les traits, particulièrement
par les lignes de son visage et la forme de ses lèvres. Les préventions étaient contre elle : on
aurait de beaucoup préféré une Espagnole à une Autrichienne : mais l'enfant paraissait si gaie, si
bonne, si enjouée qu'elle ramena bientôt à elle tous les mécontents : et puis, que pouvait-on
craindre ou redouter de l'influence politique d'une fille de quinze ans ?
Elle avait bien la démarche fière et imposante, un port de tète altier, mais par contre, la
douceur de son regard et son œil voilé devaient faire présager une absence complète d'autorité,
et ce contraste éloignait toute méfiance. Rien ne trahissait en elle une tendance à imposer un
jour ses idées ou son influence; au contraire, ses joues, carrées et pendantes, indiquaient une
certaine nonchalance et annonçaient plutôt une nature indolente et souple ; on trouva la preuve
de cette souplesse dans sa soumission aux volontés de Louis XV le jour où elle consentit,
sans trop de difficultés, à s'asseoir à la même table que la du Barry.


