L' art: revue hebdomadaire illustrée (4.1878 (Teil 3))

out le monde semble d'accord cette année sur le
caractère de l'exposition que la Royal Academy a
offerte au public : c'est bien la plus pauvre collec-
tion de tableaux et de sculptures qu'on ait vue
depuis de longues années. Voilà ce que personne
ne conteste. 11 se peut toutefois que l'opinion soit
moins unanime, quant aux causes qui ont amené
un aussi déplorable résultat. Mais, même à ce
point de vue, un fait est surabondamment établi.
Sans doute il ne faudrait pas exagérer l'influence
des membres de la Royal Academy au point de
les rendre exclusivement responsables de l'infério-
rité générale de la production artistique de cette
année. Quelques échecs officiels ne sauraient suffire
à expliquer une situation d'ensemble. La cause est
plus profonde; elle se rattache à certaines condi-
tions, les unes psychologiques, les autres techni-
ques, qui affectent sensiblement la peinture moderne. La méthode artistique, les éléments même
de l'art sont les victimes de cet esprit de recherche inquiète, de ces curiosités ingénieuses mais
incertaines et vacillantes qui sont caractéristiques de notre temps, et il serait puéril d'imputer à
n'importe quel système, si imparfait qu'il fût, les fautes inséparables d'une période de révolution
artistique, d'investigations et d'aspirations nouvelles. Mais il n'en est pas moins vrai que, parmi
les insuccès de cette année, quelques-uns des plus remarquables appartiennent à la Royal Academy.
11 est pitoyable en vérité de voir des peintres en renom se couvrir de ridicule, et par malheur, tel

Lettre de G. Mitelli.