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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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NOTRE BIBLIOTHÈQ.UE

CXIV

L'Imitation de Jésus-Christ, traduction de Michel de Marillac.
Illustrée de dix compositions de J. P. Laurens, gravées à
l'eau-forte par Léopold Flameng. Un vol. in-8 de 428 p.
Paris, 1878. — Bibliothèque de l'art et de la curiosité.
—• Inventaire de la duchesse de Valentinois, Charlotte
d'Albret, par Edmond Bonnaffé. Illustré de 2 eaux-fortes par
H. Valentin. Un vol. grand in-8 de 144 pages. Paris, 1878.
— Petits Conteurs du xvme siècle. — Contes de l'abbé de
Voisenon , de l'Académie française, avec un portrait de
l'auteur, gravé par A. Lalauze, d'après Cochin. 1 vol. in-8
de 500 pages. Paris, 1878. — Petite Bibliothèque de
luxe. IVe vol. ■— Le Diable amoureux, par Cazotte. Préface
de A. J. Pons, eaux-fortes de F. Buhot, variantes et biblio-
graphie. Un vol. grand in-18 de 322 pages. Paris, 1878.
Publications nouvelles de A. Quantin, éditeur.

Voilà quatre volumes qui ne se ressemblent guère, ni par
leur aspect extérieur, ni par les matières qu'ils contiennent.
Leur seul caractère commun est d'avoir été édités presque en
même temps, avec un soin égal, par la même maison.

Pour l'Imitation de Jésus-Christ, l'éditeur a choisi la tra-
duction de Michel de Marillac, publiée par l'auteur en 1620 et
revue par lui dix années plus tard. Il n'y a rien de plus curieux
que le contraste de ce style et de cette orthographe archaïques
avec la note toute moderne qui éclate dans les illustrations de
M. J. P. Laurens et dans la préface de M. A. J. Pons. Il faut bien
comprendre que contraste ici ne veut pas dire contradiction.
La contradiction serait choquante et détruirait l'unité de l'œuvre.
Le contraste la rend seulement plus piquante, en faisant inter-
venir une foule d'idées plus ou moins connexes par le fond,
mais diverses par la forme. C'est cette diversité qui ajoute à
l'intérêt par les réflexions qu'elle suggère, par les comparaisons
qu'elle suscite, par l'effort intellectuel qu'elle exige.

Ainsi, pour illustrer le chapitre xx du livre I, qui traite « de
l'amour de la solitude et du silence », M. Laurens nous montre
saint Jérôme, assis sur une pierre, à l'entrée d'une caverne,
occupé à lire un grand livre qui doit être la Bible, et, pour
mieux marquer la solitude, il nous le présente absolument nu.
Le chapitre vi du livre II a pour titre : « De la joie d'une bonne
conscience ». L'illustration nous représente l'ombre de Mariamne
apparaissant à Hérode le Grand, son mari, qui l'a fait assassiner.
« Celui qui ne désire pas plaire aux homes et ne craint point
de leur desplaire, iouïra d'une grande paix », dit le cha-
pitre xxviii du livre III. Grégoire de Tours, parfaitement con-
vaincu de la vérité de cette observation, ne craint pas d'adresser
des reproches au farouche Chilpéric, qui, fièrement campé, le
poing gauche sur la hanche, et la main droite dans sa barbe,
qu'il tiraille, le fixe d'un air peu rassurant, tandis que, à côté du
roi, un gros bonhomme, qui ressemble à un bull-dog accroupi,
le regarde avec ébahissement.

Cette manière de rendre des idées et de préciser des pré-
ceptes est bien en effet celle qui convient à un art qui ne
s'adresse qu'aux yeux; mais qu'il y a loin des dessins de M. J.
Laurens à ceux du xv° siècle! Il s'y rencontre même sur un
point de détail une exagération étrange. Dans la première de
ces illustrations, « l'auteur de l'Imitation en extase », derrière le
saint,— pourquoi derrière? — dont l'attitude est aussi saisis-
sante que celle d'un Zurbaran, apparaît Jésus-Christ. Les peintres
du xvc siècle n'auraient pas manqué de le représenter maigre et
souffrant. M. Laurens en a fait un athlète. C'est une erreur
singulière, à tous les points de vue, et surtout à celui de l'Imi-
Tome XV.

tation. Il est bien certain que l'auteur, quel qu'il soit, de ce livre
se le figurait autrement. D'ailleurs, physiologiquement, le rôle
du Christ ne s'accorde guère avec une si florissante santé; et
d'un autre côté on a peine à s'imaginer flottant dans les airs un
corps d'un pareil développement.

— L'Inventaire de la duchesse de Valentinois, par M. Edmond
Bonnaffé, est un volume concis et substantiel, comme sait les
faire notre collaborateur. Chez lui, l'amateur et le curieux se
doublent d'un historien. Il aime l'art et la curiosité, d'abord
pour eux-mêmes, pour les jouissances qu'il y trouve; et tout le
monde sait à quel degré d'érudition spéciale l'ont conduit des
recherches dirigées avec ce flair qui n'appartient qu'à l'homme
de goût, et soutenues avec une persévérance qui s'explique et se
fortifie par le succès. Mais ce n'est pas tout. Il ne se contente
pas des jouissances isolées et égoïstes du collectionneur. Son
regard porte plus loin. Comme il l'explique dans la dédicace à
M. le comte F. de Maussabre, qui ouvre son nouveau volume,
parmi tous ces faits qu'il se plaît à poursuivre et à rassembler,
dans ces inventaires qu'il reconstitue avec une patience si méri-
toire, il y a pour l'histoire même des sociétés aux différents siècles
une mine presque inépuisable de renseignements précieux :

« Quelle variété, dit-il, quelle précision, quelle abondance
d'informations ! Le lieu où l'acte a été dressé, sa date, les cir-
constances qui l'ont motivé, — les noms des rédacteurs, des
témoins, des assistants, officiers ou domestiques, — le libellé
sommaire des contrats, créances, titres de propriété découverts
dans les coffres, — la description des objets de prix, leur poids,
leur estimation, — l'ameublement de chaque pièce différente, —
le choix des meubles et leur arrangement,—les détails de toilette
ou de costume, les plus insignifiants en apparence, tout a sa
valeur. C'est l'histoire écrite par des indifférents, sans passion,
et, par cela même, d'une fidélité irrécusable. »

On sait quel soin mettait Balzac à composer et à décrire les
milieux dans lesquels il faisait vivre et agir ses personnages.
M. Bonnaffé, comme Balzac, attache un grand prix à la reconsti-
tution de ces ensembles, qui seuls peuvent nous offrir « le
tableau de l'intimité pris sur le vif ».

D'ailleurs, dans une introduction de 29 pages, écrites de ce
style précis et vivant que connaissent les lecteurs de l'Art, il
nous donne les traits essentiels de la vie et du caractère de la
duchesse de Valentinois. Un appendice contenant un certain
nombre de pièces importantes et un index complètent cette
étude qui nous montre la grande dame dans son château, en
province, au début de la Renaissance, comme l'inventaire de
Catherine de Médicis nous la montrait dans son hôtel, à Paris,
à la fin de la même période. Des deux côtés, c'est la même
conscience, la même sûreté d'information. Lorsqu'on aura
définitivement rompu avec la tradition de l'histoire-bataille pour
entrer sérieusement dans l'étude de la vie sociale, ces deux livres
prendront aux yeux des historiens un intérêt que malheureuse-
ment ils n'ont guère encore que pour la classe trop restreinte
des curieux.

— Nous ne pouvons qu'applaudir à l'idée qu'a eue M. A.
Quantin de réimprimer les principales œuvres de ces jolis écri-
vains du xviii0 siècle, qui ont eu dans leur temps une légitime
réputation, et dont on ne cite guère aujourd'hui les noms que
sur la foi de leurs contemporains. Parmi les petits conteurs de
ce temps où l'esprit avait ses coudées si franches, il s'en trouve
un certain nombre dont les écrits légers ont gardé une bonne
partie de leur saveur. L'abbé de Voisenon est de ceux-là. Il a
une liberté d'allure, une bonne humeur, une fantaisie gauloise
qui étonneraient fort de la part d'un homme d'église de notre

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