CHRONIQUE FRANÇAISE
Exposition universelle de 187S. — M. Arthur Warocqué
et M. le comte d'Oultremont, accompagnes de M. Georges Berger,
ont été reçus le mercredi S janvier par M. Teisserenc de Bort au
ministère de l'agriculture et du commerce. L'honorable président
de la commission belge et son sympathique commissaire général
avaient fait tout exprès le voyage de Bruxelles à Paris pour venir
annoncer officiellement au ministre que la commission royale
offre en don au gouvernement français la belle façade qui a été
tant admirée dans la rue des Nations au Champ-de-Mars.
Nous avons donné dans l'Art (40 année, tome IV, pages 266
et 2(17) une des portes et une vue générale de cette belle construc-
tion conçue et exécutée par M. l'architecte Janlet, de Bruxelles.
Indépendamment de son mérite artistique, ce monument où sont
enchâssés des spécimens des plus beaux matériaux que produise
la Belgique, constitue un ensemble d'un prix très-élevé. Chacun
appréciera à sa juste valeur et avec reconnaissance la libéralité
de la commission royale belge.
La commission royale britannique avait déjà chargé M. Berger
d'offrir au ministre, comme don de MM. Doulton et Lascelles.
exposants, deux des cinq pavillons qui composaient l'ensemble
des façades anglaises.
Direction des beaux-arts. — Les monuments historiques.—
Après le vote du budget et la grande réforme introduite dans
le régime des Salons, nous avons à enregistrer, parmi les actes
de l'administration, le projet de loi sur les monuments histo-
riques.
Ce projet de loi, préparé à la direction des beaux-arts du
temps de M. le marquis de Chennevièrcs, a été déposé sur le
bureau de la Chambre à la fin du mois de mai de l'année
dernière, et l'on a récemment nommé la commission spéciale
chargée de l'étudier. Elle est ainsi composée : MM. Duchasseint,
Papon, Mercier, le général de Chanal, Talion, Noël Parfait,
Bambcrger, La Cazc, Parent, Boissy-d'Anglas.
Voici, en quelques mots, l'économie du projet. Il serait
procédé au classement des monuments historiques' appartenant
à l'État, aux départements, aux communes et établissements
publics. Les immeubles dont la conservation pourrait avoir un
intérêt national seraient compris dans le classement. Les monu-
ments classés seraient imprescriptibles et inaliénables. Le
déclassement ne pourrait avoir lieu qu'en vertu d'un décret; le
propriétaire aurait le droit de l'obtenir si l'Etat n'avait pas fait
de dépenses pour la restauration du monument. Les immeubles
appartenant à des particuliers pourraient être classés, soit sur
leur demande, soit sur celle du ministre des beaux-arts. Une
lois classés, ils pourraient bénélicier de la répartition des crédits
ouverts et seraient « prescriptibles et inaliénables, dans les
termes du droit commun ». Enfin tous les objets, meubles, col-
lections archéologiques ou autres, ayant un intérêt artistique et
n'appartenant pas à des particuliers, seraient inventoriés, et
l'aliénation n'en pourrait avoir lieu sans l'avis du ministre des
beaux-arts.
Tous ceux qui se rappellent les procès incessants auxquels
donnent lieu les ventes d'objets d'art faites par les municipalités,
ou certaines fabriques cupides ou ignorantes, et qui savent de
combien de trésors notre pays a été ainsi dépouillé au profit des
étrangers, se réjouiront des mesures que va prendre le ministre
et hâteront de leurs vœux la prompte adoption d'un projet de
loi à ce point nécessaire.
Terminons cette partie de notre mémento en disant que
MM. Millet et Naples, architectes, qui avaient été chargés par
la commission des monuments historiques de préparer un plan
de restauration de l'église Sainte-Catherine d'Hontleur, spéci-
men aujourd'hui unique d'architecture, viennent de faire
approuver leur travail. Les sommes assez considérables déjà
réunies par la fabrique ou votées par le conseil municipal et le
conseil général compléteront, avec l'allocation que M. Bardoux
a accordée pour la restauration de cet édifice, les 160,000 francs
auxquels la dépense est évaluée.
Académie des beaux-arts. — Son budget,—-La commission
administrative de l'Institut vient de voter le budget de ses cinq
sections pour l'année 1879. Il s'élève à 698,275 francs. Sur cette
i somme, l'Académie des beaux-arts a un crédit de 5,000 francs
pour les membres de la commission du Dictionnaire des beaux-
arts, et un autre de 10,000 francs pour frais de cette publica-
tion. Elle dispose en outre, annuellement, de 6,000 francs, frais
des médailles données aux grands prix de Rome et pour l'exécu-
tion des cantates. Nous ne parlons pas des 6,000 Irancs d'ap-
pointements alloués au secrétaire perpétuel, ni des indemnités
annuelles accordées aux quarante membres qui la compo-
sent (1,500 francs), soit 60,000 francs, ainsi qu'aux membres
libres (?oo fr.).
Les prix. —■ Nous rappellerons brièvement les récompenses
annuelles décernées en 1878 par l'Académie des beaux-arts, et
dont les frais sont supportés par les rentes faites par de géné-
reux fondateurs.
Prix de M"** veuve Leprince. — Il est de ?oo francs, qui
sont répartis entre les lauréats des grands prix de peinture, de
sculpture, d'architecture et de gravure. Il a été décerné en 1878.
à MM. Schommer pour la peinture, Grasset pour la sculpture,
Laloux pour l'architecture, et Deblois et Bottée pour la gra-
vure.
Prix de M. le baron de Trémont. — Il est de 2,000 francs,
et est décerné à divers artistes h titre d'encouragement. L'Acadé-
mie l'a donné à MM. Courtois, peintre; Lefebvre, statuaire:
Défiés, compositeur tle musique.
Prix de Mn" Georges Lambert, décerné à des artistes ou
veuves d'artistes, comme marque d'estime. L'Académie l'a par-
tagé entre M'"es veuves Caron et Lanno, MM. Chambard, sta-
tuaire, et Vigier, peintre.
Prix Achille Leclère. — Il est de 1,000 francs et est destiné
à l'auteur du meilleur projet d'architecture, sur un sujet mis au
concours par l'Académie. Le sujet de l'année était Une salle
pour les séances du Sénat. Seize projets ont été présentés :
M. Maillard (Norbert) a été le lauréat.
Quant aux autres prix, tels que le prix Duc, le prix Chau-
desaigues, etc., nous en avons déjà publié les résultats.
Le prix Jean Reynaua. — On a annoncé tout récem-
ment que l'Académie avait accepté la généreuse proposition
faite par la veuve de Jean Rcynaud, et consistant dans la fonda-
tion d'un prix annuel de 10,000 francs, à décerner à tour de
rôle par les diverses académies, à une œuvre originale et neuve,
ou, à son défaut, à quelque grande infortune artistique et litté-
raire. Les membres de l'Institut ne seront pas exclus du con-
cours.
Le prix Troyon sera décerné en 1879. Nous en avons déjà
lait connaître le sujet.
Les tableaux des concurrents doivent être déposés, avant le
1 î septembre prochain, au secrétariat de l'Institut.
La Ville de Paris. — Le service des beaux-arts de la Ville de
Paris dispose, on le sait, d'un crédit de ?00,000 francs. Il a été
réparti en 1878 de la façon suivante : achat de diverses sculp-
tures au Salon, que nous avons indiquées en leur temps :
52,000 francs. Travaux en cours et dépenses diverses, 248,000 fr.
Il est difficile, comme on Ie_voit, de pouvoir se rendre un
Exposition universelle de 187S. — M. Arthur Warocqué
et M. le comte d'Oultremont, accompagnes de M. Georges Berger,
ont été reçus le mercredi S janvier par M. Teisserenc de Bort au
ministère de l'agriculture et du commerce. L'honorable président
de la commission belge et son sympathique commissaire général
avaient fait tout exprès le voyage de Bruxelles à Paris pour venir
annoncer officiellement au ministre que la commission royale
offre en don au gouvernement français la belle façade qui a été
tant admirée dans la rue des Nations au Champ-de-Mars.
Nous avons donné dans l'Art (40 année, tome IV, pages 266
et 2(17) une des portes et une vue générale de cette belle construc-
tion conçue et exécutée par M. l'architecte Janlet, de Bruxelles.
Indépendamment de son mérite artistique, ce monument où sont
enchâssés des spécimens des plus beaux matériaux que produise
la Belgique, constitue un ensemble d'un prix très-élevé. Chacun
appréciera à sa juste valeur et avec reconnaissance la libéralité
de la commission royale belge.
La commission royale britannique avait déjà chargé M. Berger
d'offrir au ministre, comme don de MM. Doulton et Lascelles.
exposants, deux des cinq pavillons qui composaient l'ensemble
des façades anglaises.
Direction des beaux-arts. — Les monuments historiques.—
Après le vote du budget et la grande réforme introduite dans
le régime des Salons, nous avons à enregistrer, parmi les actes
de l'administration, le projet de loi sur les monuments histo-
riques.
Ce projet de loi, préparé à la direction des beaux-arts du
temps de M. le marquis de Chennevièrcs, a été déposé sur le
bureau de la Chambre à la fin du mois de mai de l'année
dernière, et l'on a récemment nommé la commission spéciale
chargée de l'étudier. Elle est ainsi composée : MM. Duchasseint,
Papon, Mercier, le général de Chanal, Talion, Noël Parfait,
Bambcrger, La Cazc, Parent, Boissy-d'Anglas.
Voici, en quelques mots, l'économie du projet. Il serait
procédé au classement des monuments historiques' appartenant
à l'État, aux départements, aux communes et établissements
publics. Les immeubles dont la conservation pourrait avoir un
intérêt national seraient compris dans le classement. Les monu-
ments classés seraient imprescriptibles et inaliénables. Le
déclassement ne pourrait avoir lieu qu'en vertu d'un décret; le
propriétaire aurait le droit de l'obtenir si l'Etat n'avait pas fait
de dépenses pour la restauration du monument. Les immeubles
appartenant à des particuliers pourraient être classés, soit sur
leur demande, soit sur celle du ministre des beaux-arts. Une
lois classés, ils pourraient bénélicier de la répartition des crédits
ouverts et seraient « prescriptibles et inaliénables, dans les
termes du droit commun ». Enfin tous les objets, meubles, col-
lections archéologiques ou autres, ayant un intérêt artistique et
n'appartenant pas à des particuliers, seraient inventoriés, et
l'aliénation n'en pourrait avoir lieu sans l'avis du ministre des
beaux-arts.
Tous ceux qui se rappellent les procès incessants auxquels
donnent lieu les ventes d'objets d'art faites par les municipalités,
ou certaines fabriques cupides ou ignorantes, et qui savent de
combien de trésors notre pays a été ainsi dépouillé au profit des
étrangers, se réjouiront des mesures que va prendre le ministre
et hâteront de leurs vœux la prompte adoption d'un projet de
loi à ce point nécessaire.
Terminons cette partie de notre mémento en disant que
MM. Millet et Naples, architectes, qui avaient été chargés par
la commission des monuments historiques de préparer un plan
de restauration de l'église Sainte-Catherine d'Hontleur, spéci-
men aujourd'hui unique d'architecture, viennent de faire
approuver leur travail. Les sommes assez considérables déjà
réunies par la fabrique ou votées par le conseil municipal et le
conseil général compléteront, avec l'allocation que M. Bardoux
a accordée pour la restauration de cet édifice, les 160,000 francs
auxquels la dépense est évaluée.
Académie des beaux-arts. — Son budget,—-La commission
administrative de l'Institut vient de voter le budget de ses cinq
sections pour l'année 1879. Il s'élève à 698,275 francs. Sur cette
i somme, l'Académie des beaux-arts a un crédit de 5,000 francs
pour les membres de la commission du Dictionnaire des beaux-
arts, et un autre de 10,000 francs pour frais de cette publica-
tion. Elle dispose en outre, annuellement, de 6,000 francs, frais
des médailles données aux grands prix de Rome et pour l'exécu-
tion des cantates. Nous ne parlons pas des 6,000 Irancs d'ap-
pointements alloués au secrétaire perpétuel, ni des indemnités
annuelles accordées aux quarante membres qui la compo-
sent (1,500 francs), soit 60,000 francs, ainsi qu'aux membres
libres (?oo fr.).
Les prix. —■ Nous rappellerons brièvement les récompenses
annuelles décernées en 1878 par l'Académie des beaux-arts, et
dont les frais sont supportés par les rentes faites par de géné-
reux fondateurs.
Prix de M"** veuve Leprince. — Il est de ?oo francs, qui
sont répartis entre les lauréats des grands prix de peinture, de
sculpture, d'architecture et de gravure. Il a été décerné en 1878.
à MM. Schommer pour la peinture, Grasset pour la sculpture,
Laloux pour l'architecture, et Deblois et Bottée pour la gra-
vure.
Prix de M. le baron de Trémont. — Il est de 2,000 francs,
et est décerné à divers artistes h titre d'encouragement. L'Acadé-
mie l'a donné à MM. Courtois, peintre; Lefebvre, statuaire:
Défiés, compositeur tle musique.
Prix de Mn" Georges Lambert, décerné à des artistes ou
veuves d'artistes, comme marque d'estime. L'Académie l'a par-
tagé entre M'"es veuves Caron et Lanno, MM. Chambard, sta-
tuaire, et Vigier, peintre.
Prix Achille Leclère. — Il est de 1,000 francs et est destiné
à l'auteur du meilleur projet d'architecture, sur un sujet mis au
concours par l'Académie. Le sujet de l'année était Une salle
pour les séances du Sénat. Seize projets ont été présentés :
M. Maillard (Norbert) a été le lauréat.
Quant aux autres prix, tels que le prix Duc, le prix Chau-
desaigues, etc., nous en avons déjà publié les résultats.
Le prix Jean Reynaua. — On a annoncé tout récem-
ment que l'Académie avait accepté la généreuse proposition
faite par la veuve de Jean Rcynaud, et consistant dans la fonda-
tion d'un prix annuel de 10,000 francs, à décerner à tour de
rôle par les diverses académies, à une œuvre originale et neuve,
ou, à son défaut, à quelque grande infortune artistique et litté-
raire. Les membres de l'Institut ne seront pas exclus du con-
cours.
Le prix Troyon sera décerné en 1879. Nous en avons déjà
lait connaître le sujet.
Les tableaux des concurrents doivent être déposés, avant le
1 î septembre prochain, au secrétariat de l'Institut.
La Ville de Paris. — Le service des beaux-arts de la Ville de
Paris dispose, on le sait, d'un crédit de ?00,000 francs. Il a été
réparti en 1878 de la façon suivante : achat de diverses sculp-
tures au Salon, que nous avons indiquées en leur temps :
52,000 francs. Travaux en cours et dépenses diverses, 248,000 fr.
Il est difficile, comme on Ie_voit, de pouvoir se rendre un