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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Chronique française et étrangère
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0230

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208 L'ART.

entourent le vaste promenoir. Le plafond est surtout remarqua-
ble par la richesse de son ornementation. C'est là que sont les
panneaux de M. Jundt, lesquels, avant de prendre le chemin de
Monte-Carlo, ont e'té expose's, il y a un peu plus d'un mois,
à Paris, au cercle de la rue Saint-Arnaud. Ils représentent deux
paysages, Monaco et Menton, dans une lumière douce, argentée,
avec une perspective aux profondeurs transparentes.

Nous voici dans la salle de spectacle, une vraie bonbonnière,
elle ne contient que six cents places. La disposition est nouvelle;
point de balcon ni de galerie. L'or partout ruisselle ; arabesques,
médaillons, lyres, masques, astragales et festons, nous ne dé-
crirons pas tout cela. M. Garnier s'en est donné une fois de
plus à cœur joie. Un lustre à quatre cents lumières éclaire la
salle. Le grand rideau de la scène, en soie verte tissée d'or,
œuvre d'habiles artistes lyonnais, n'a pas coûté moins de vingt
mille francs. Entre les colonnes qui soutiennent le dôme, on
remarque six masques de femmes placés à l'archivolte et symbo-
lisant l'art instrumental par ses différentes pièces harmoniques.
Le cor, la cymbale, le fifre, le violon, le clairon, s'entremêlent
en manière de peignes dans les cheveux des femmes dont la phy-

surent quinze mètres sur six; elles sont de MM. Gustave Bou-
langer, Feyen-Perrin, Lix et Clairin. Le premier a représenté
Clio dirigeant deux orchestres de musiciens dont les allures un
peu agitées trahissent l'enthousiame. Le second montre Homère,
de proportions colossales, récitant ses poésies, en s'accompagnant
de sa lyre, devant des groupes de jeunes gens et de jeunes filles.
M. Lix a peint la Comédie, avec les attributs classiques, et
M. Clairin la Danse.

Dans la décoration de la scène, les mêmes sujets allégori-
ques se trouvent traités par des artistes différents. MM. Motte.
Harrias, de Sautoy, Saintin, Monginot et Lenepveu.

Angleterre. — Jusqu'ici le British Muséum n'était pas
public les mardis et jeudis. Dorénavant il sera ouvert tous les
jours; mais le samedi il ne sera accessible qu'à partir de midi.

— M. Belt dont la médiocre maquette a été adoptée dans
le concours pour le monument à élever à Londres en l'honneur
de Lord Byron, M. Belt vient de terminer son modèle qui sera
prochainement coulé en bronze. Il faut espérer que l'artiste aura
sérieusement amélioré son projet primitif, sinon Londres
comptera un fort méchant monument de plus.

sionomie exprime la sensation propre à chacun de ces instru- Australie. — L'Exposition Internationale de Melbourne

ments. Ces masques sont de la composition du sculpteur P'élix
Chabaud.

Le plafond est décoré de quatre grandes voussures qui me-

s'ouvrira le ier octobre 1880 pour fermer ses portes au mois de
mars suivant. La construction, qui est commencée, coûtera
2,î7 5,000 francs.

NÉCROLOGIE

Nous avons publié, il n'y a pas longtemps, le por-
trait de M. Edouard Rkynart, d'après le buste de G. Crauk
(voir page 59). Nous venions d'apprendre une nouvelle
inquiétante. L'éminent et sympathique administrateur des
Musées de Lille avait fait une chute terrible qui avait mis
ses jours en danger, mais au moment où l'on désespérait
de le sauver une sérieuse amélioration s'était produite, et
nous croyions pouvoir annoncer à ses nombreux amis que
son rétablissement complet ne faisait plus aucun doute.
Ces assurances ne devaient pas tarder à recevoir un cruel
démenti. L'Echo du Nord nous apprend la mort de
M. Edouard Reynart, qui a succombé selon toute appa-
rence aux suites du déplorable accident dont il avait été
victime il y a deux mois. Son âge, beaucoup plus avancé
que ne le laissaient supposer la vigueur de son tempéra-
ment et l'admirable jeunesse de son esprit, ne lui a pas
permis de réagir et de reprendre le dessus. La mort de
M. Edouard Reynart est une perte sensible pour la ville
de Lille qui lui doit une bonne part de son renom artis-
tique, et pour les Musées de Lille dont son activité, son
zèle éclairé ont largement contribué à développer les ri-
chesses. Nous avons eu mainte tois occasion de rendre
hommage au talent de l'artiste, — Edouard Reynart était
un paysagiste de mérite, ainsi que le prouvent divers

tableaux exposés aux Salons de Paris et reproduits dans
l'Art, — et de faire ressortir les rares qualités qui distin-
guaient l'administrateur. Artiste sincère, animé de la
passion du beau, Edouard Reynart avait le culte de ses Mu-
sées. Nous disons ses Musées, parce que nous ne connais-
sons pas de collectionneur, épris de ses trésors rassem-
blés à grand'peine et souvent à grands frais, qui les entoure
de plus de sollicitude et s'intéresse plus vivement à leur
accroissement et à leur réputation que l'administrateur
des Musées de Lille choyant les collections de sa ville na-
tale et s'évertuant à les enrichir et à les populariser. Na-
ture éminemment française et dans un certain sens, le
meilleur, très-parisienne, Reynart était foncièrement lil-
lois. L'esprit local, qu'on ne saurait trop encourager dans
ses manifestations élevées, était une des formes de son
ardent patriotisme, un des traits caractérisques de sa phy-
sionomie, une des forces de son cœur, une force qui lui
lit accomplir des miracles. Il était de.ces provinciaux mo-
destes et fins, laborieux et passionnés, qui estiment que
le meilleur moyen de servir la grande patrie est de
se dévouer à la patrie étroite, en arborant le drapeau
national au beffroi de la cité. Sa vie entière fut un exem-
ple, et sa mort excitera, partout où son nom est connu
et son œuvre appréciée, de profonds et unanimes regrets.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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