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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 3)

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Leroi, Paul: Salon de Paris, 1879, [2]: Gravure et lithographie
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Hugonnet, Leon: La vérité dans l'orientalisme
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https://doi.org/10.11588/diglit.17801#0152

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n6 L'ART.

Lhuillier, un Alsacien qui a planté sa tente à Londres, s'est
inoculé une originalité anglaise de très bon aloi ; Hush ! d'après
Frank Holl, est splendide de talent quoiqu'un peu sec de tra-
vail; je lui préfère la belle estampe d'après un charmant tableau
de M. George H. Boughton : The waning of the honeymoon. —
M. Edmond Hédouin a créé et gravé avec tout plein de goût
sept illustrations pour une édition de Paul et Virginie. —
M. Gustave Greux, talent des plus sympathiques, doit se garder
de tomber dans le noir ; c'est le défaut de sa Nature morte d'après
De Heem. — M. Eugène Gaujean se maintient très honora-
blement au rang qu'il a conquis, tandis que M. Champollion
enlève une médaille avec sa très importante et on ne peut plus
séduisante planche d'après Fortuny : le Choix du modèle, achetée
par l'éditeur de l'Art, et que M. Lalauze gagne définitivement
ses éperons de maîtrise avec son admirable Derby Day ', d'après
l'aquarelle de Charles Green, et sa superbe Entrée de Charles-
Quint à Anvers d'après l'immense toile de M. Makart, honorée
de la médaille d'honneur à l'Exposition universelle de 1878. —
MM. Milius et Monziès étaient exclusivement représentés par des
planches exécutées pour l'Art; celui-ci nous montrait son puis-
sant Martyre de saint Sébastien, d'après M. Ribot2, celui-là sa
Marie Tudor, d'après Antonio Moro 3, son Persée délivrant An-
dromède, d'après Rubens 4, — deux des chefs-d'œuvre du Museo
del Prado, —■ sa Fin d'octobre, d'après M. Duez 5, et aussi sa Suite
de l'horoscope, d'après un des deux Freudenberger du palais de
San Donato — quatre succès, — tandis que nous retrouvions
aussi deux des rois du burin et de la pointe : Adrien Didier
avec sa Magdeleine, d'après M. Henner6, si fêtée par les fidèles de
l'Art, si admirée de tous les connaisseurs ; — Théophile Chauve 1
avec sa riche moisson d'après Jules, Dupré7 et Colin Hunter s, —
trois des plus précieux joyaux de notre collection, — et une
magnifique Vue panoramique d'après le magistral Philip Koninck
de la galerie de San Donato.

Avant de terminer par la lithographie, j'ai un gros oubli à
réparer : parmi les graveurs sur bois, il en est un qui, lorsqu'il
le veut, — il ne veut malheureusement pas tous les jours, —
travaille excellemment; la Namouna de M. F. Méaulle, d'après
une esquisse de Henri Regnault, est à citer comme un modèle,
et il vient de traduire la grande toile inachevée de Regnault que
possède le Musée de Marseille : Judith et Holopherne, avec un
tel éclat, que nous avons tenu à offrir à nos abonnés cette nou-
velle preuve d'un talent aussi remarquable que par trop jour-
nalier.

A la lithographie, en pleine renaissance également, nous
retrouvons Théophile Chauvel, qui a splendidement rendu un
Van Marcke : Vache et paysage ; puis M. Émile Vernier et sa
belle interprétation — pour la Chalcographie du Louvre — de
l'Angélus, chef-d'œuvre de Millet qui fait partie du riche cabinet
de M. John W. Wilson ; M. Lehnert, l'habile portraitiste attitré
des Animaux des concours régionaux ; MM. Grellet et Lemoine
à qui l'on a accordé une mention honorable, au premier pour
un Saint Joseph, d'après M. G. Becker, extrêmement bien dessiné
mais sans recherche de couleur, au second pour le Printemps,
d'après M. Courtat, — c'est bien exécuté comme travail mais
gros et lourd ; — M. Sirouy qui en poussant trop loin le plafond
d'Eugène Delacroix, Apollon vainqueur du serpent Python, est
tombé dans le noir et ne donne pas la moindre idée du maître
que M. Alfred Robaut, traduisant religieusement son Education
d'Achille, a merveilleusement compris. Jamais médaille ne fut
mieux donnée. Harmonie générale sans noir, assimilation de la
touche, pénétration vraiment extraordinaire de la pensée, tout
est à louer, C'est très fort, on ne peut plus remarquable et tout
à fait prodigieux de fidélité. Jamais on n'avait atteint ce degré
de perfection dans la traduction du génie de Delacroix.

Paul Le roi.

LA VERITE DANS L'ORIENTALISME

Certains critiques un peu sévères blâment les artistes qui
reproduisent des sujets orientaux et ils donnent pour raison qu'il
est impossible de vérifier l'exactitude de ces œuvres. J'en parlais
un jour à Courbet. Avec le singulier mélange d'audace et de
naïveté qui le caractérisait, il me répondit par le prodigieux
paradoxe suivant : Un connaisseur doit reconnaître, à la simple
inspection d'un tableau, la sincérité du peintre et la vérité de son
tableau.

J'avoue que je suis loin de posséder une telle faculté. Mais
l'anathème lancé par d'éminents écrivains ne me semble plus
justifié, aujourd'hui que la vapeur a rendu les voyages si faciles.
Sans doute, il y a encore un peu de vrai dans le proverbe : Non
licet omnibus adiré Corinthum. Mais si la masse du public est
toujours obligée de rester sédentaire, un certain nombre d'ama-
teurs et de publicistes ont eu le bonheur de visiter les régions
ensoleillées. Leur devoir est de donner des renseignements sur
l'authenticité des images qu'on nous en présente. Dès lors il ne
sera plus permis de médire de l'Orient auquel nous devons, en
grande partie, la renaissance du xixe siècle. Autant j'admire les
artistes sincères qui vont chercher l'inspiration à cette éternelle
source de lumière, autant je réprouve ceux qui, n'y étant jamais

allés, nous donnent des parodies incolores , recherchées seu-
lement de ceux pour lesquels la nouveauté n'a d'attraits qu'à
la condition d'être toujours la même chose. Pour moi, qui connais
l'Algérie, l'Espagne, l'Italie, l'Egypte, la Grèce, la Turquie, c'est
un impérieux devoir de conscience de pousser mon cri d'honnête
homme, et de dire au public quand on le trompe. Un phénomène
qui ne surprendra pas les lecteurs de Diderot, c'est que le men-
songe soit très souvent pris pour la vérité. En ces matières
surtout le vrai peut n'être pas vraisemblable.

Après avoir éliminé ceux qui n'ont connu l'Orient qu'à
Paris, il faut encore établir une distinction entre ceux qui l'ont
parcouru rapidement, en touristes, et ceux qui l'ont étudié lon-
guement, avec patience. Lorsqu'on arrive des contrées brumeu-
ses, on éprouve tout d'abord des éblouissements de taupes sortant
de leurs trous. Il faut laisser le temps à l'œil de se familiariser avec
la lumière et de se dilater suffisamment pour acquérir une per-
ception très nette de la forme des objets. Il est nécessaire aussi de
connaître suffisamment les mœurs et les usages afin de savoir
déterminer les rapports existant habituellement entre les sujets
que l'on veut représenter. Ainsi j'ai connu, en Egypte, des
artistes qui faisaient poser, dans leur atelier, des personnages du

1. Voir l'Art, année, tome I», page 520.

2. Voir l'Ait, y année, tome I»r, page 326.

3. Voir l'Art, 4^ année, tome IV, page 218.

4. Voir l'Art, 4" année, tome I", page 202.
s. Voir l'Art, y année, tome III, page 88.

6. Voir l'Art, 4e année, tome III, page 312.

7. La Barque (voir l'Art, 4e année, tome Ilf, page 264) et la Charrette de foin (;e année, tome I", page 312).

8. Pêcheurs écossais attendant l'obscurité (voir l'Art, année, tome I", page 170).
 
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