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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 4)

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Chronique française et étrangére
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CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE.

'43

évidence qu'elle doit passer à l'architecture. C'était une lacune, et
M1" Bernhardt vient de la combler en élevant sur la côte de
Sainte-Adresse une coquette villa qui se trouve pour le quart
d'heure à l'état d'ébauche. Il est bien vrai que ce n'est point à
l'école de Mansard que se rattache l'architecte dramatique dont
nous révélons le début ; mais sa maçonnerie, irrégulière et capri-
cieuse, n'en promet pas moins beaucoup d'élégance ingénieuse.

— Un fait d'un réel intérêt au point de vue du commerce
des objets d'art vient de se produire à Marseille. Un marchand
de tableaux, étranger à la localité, M. M..., qui avait déjà fait à
Marseille des ventes aux enchères publiques, y était venu en
dernier lieu avec une collection de tableaux modernes qu'il se
proposait de vendre dans les mêmes conditions. Il s'était installé
à cet effet dans l'une des principales rues de la ville et, après
quelques jours d'exposition, avait commencé la vente aux en-
chères, quand divers marchands de tableaux de la localité lui
ont fait défense de continuer les enchères publiques et l'ont
assigné devant le tribunal de commerce en payement de dom-
mages et intérêts. Les requérants invoquaient la loi de 1841
qui prohibe la vente en détail et par la voie des enchères de
marchandises neuves. M. M... a soutenu que les tableaux cons-
tituant des œuvres d'art ne peuvent être assimilés à des mar-
chandises qui sont vendues en gros et en détail, et que par suite
il ne tombait pas sous le coup de la loi.

L'affaire a été plaidée par deux des principaux avocats de
Marseille, MM Gensoul et Hornbostel.

Le tribunal a admis l'interprétation de M. M... et a débouté
-.es adversaires. Les considérants de ce jugement méritent d'être
reproduits, car ils élucident une question qui a été parfois con-
troversée.

« Attendu que les sieurs Y. frères et d'autres marchands de
tableaux de cette ville ont demandé, en se prévalant de la loi
du 25 juin 1841 sur les ventes de marchandises neuves en détail
à cri public, qu'il fût interdit au sieur M... de procéder à des
ventes de tableaux par enchères amiables;

« Qu'il s'agit d'apprécier si la loi du 25 juin 1841 est appli-
cable aux tableaux;

■ Attendu que les tableaux, tout en étant des choses sur les-
quelles le commerce peut s'exercer, ne sont pas des marchan-
dises dont la loi de 1841 a réglementé la vente;

« Attendu qu'en eflet cette loi ne s'étend même pas à toutes
les marchandises, mais seulement à celles qui peuvent se vendre
a l'état neuf, ou dans l'état d'une chose qui a été déjà employée
à certains usages et à celles que le commerce vend en bloc ou
en détail ;

« Attendu queles tableaux sont des objets d'art et sont vendus
comme tels sans que les acheteurs établissent des distinctions
entre les tableaux neufs et les tableaux dont il a été fait usage,
que chaque tableau dans une vente s'apprécie également comme
une chose distincte et complète ;

« Attendu que la loi de 1841 a été toujours interprétée comme
ne portant pas d'obstacle aux ventes par enchères amiables des
tableaux, puisqu'il n'a jamais été exercé de poursuites contre
les personnes qui ont tenu ces enchères depuis près de quarante
ans dans de nombreuses villes de France, bien que cette loi ait
édicté des peines contre les contrevenants à ces dispositions.

1 Par ces motifs,

« Le Tribunal, etc., déboute de leur demande les sieurs V.
Ireres et consorts et les condamne aux dépens. »

Le jugement du tribunal de commerce de Marseille nous
parait inspiré par une saine appréciation de la nature des objets
d'art et il résout, semble-t-il, dans le meilleur sens une ques-
tion qui a bien son importance au point de vue des intérêts
artistiques. Les préoccupations étroites de quelques marchands
et même de certains peintres de la localité ne sauraient en effet
prévaloir dans une question qui sc ije à la vulgarisation des
connaissances artistiques et à la propagation du goût des
beaux-arts.

Les ventes aux enchères, alors même qu'il s'agit de tableaux
de modique valeur, méritent d'être soutenues. Leur utilité est
incontestable, en province surtout, où quelques marchands
monopolisent l'article beaux-arts et, par leurs prétentions exces-
sives, nuisent à l'expansion du mouvement artistique bien plus
qu'ils ne le servent par leurs expositions. Ces enchères contri-
buent au contraire par la modicité de certains prix à former de
nouveaux amateurs, et tel qui n'a d'abord acheté qu'une œuvre
médiocre ou une pochade insignifiante devient plus tard un
amateur éclairé et un sérieux collectionneur. Les artistes de
province et les marchands de la localité eux-mêmes ne peuvent
que gagner à cette expansion artistique.

Allemagne. — L'Exposition Internationale d'oeuvres d'art
ouverte à Munich et qui a obtenu un très grand succès, a été
close le dimanche 26 octobre.

Angleterre. — Parmi de nombreux fragments de sculptu-
res achetés à Athènes et à Budrum, les savants conservateurs des
Antiquités au British Muséum, MM. Newton et Murray ont
choisi ceux qui pouvaient se raccorder aux pièces, beaucoup
plus importantes, du Parthénon et du Mausolée, que possède le
British Muséum, tâche délicate dont ils se sont acquittés avec le
plus grand soin. C'est ainsi qu'aux frises du Parthénon certaines
additions intéressantes ont été faites qui précisent le caractère
de diverses ligures.

— Le département des estampes du British Muséum vient
de faire l'acquisition d'un ouvrage intitulé Ritratti de'Pittori
esistenti nella Reale Galleria di Firençe, trois volumes de por-
traits gravés par C. Lascinio. La page du titre est manuscrite et
porte la date 1789. Les 248 portraitsdont sc compose ce recueil,
inconnu jusqu'ici, sont imprimés en couleurs. Le même dépar-
tement a également acquis : quelques belles gravures françaises,
parmi lesquelles il en est de A. Delauney, C. Pagnier, A. Quey-
roy, Rochebrune, A. Trimolet ; un curieux volume de dessins et
gravures, par ou d'après A. Crowquill ; un grand nombre de
gravures allemandes du jcvih* siècle ; de belles épreuves d'Hou-
braken, et 170 dessins de feu Robert Hay pour son ouvrage sur
le Caire.

—■ On parle de restaurer la façade occidentale de Saint-
Marc à Venise. Cette nouvelle a jeté l'émoi parmi tous les amis
des arts qui savent ce que signifient les restaurations de la nature
de celle qu'on prépare. La Société pour la conservation des édi-
fices anciens a décidé dans sa dernière séance qu'elle combat-
trait de toutes ses forces les vandales qui comptent porter les
mains sur une des plus belles œuvres d'art. Notre collaborateur
M. Ph. Gilb. Hamerton demande qu'une société internationale
se constitue immédiatement sous la présidence de M. Gladstone,
dans le but de provoquer dans toute l'Europe une agitation
qui appelle la réflexion des Italiens sur l'acte de sauvagerie des
restaurateurs.

— Les directeurs de la Grosvenor Gallery commencent à or-
ganiser l'exposition d'hiver. En attendant, ils publient un recueil
de reproductions très soignées d'après des dessins d'anciens
maîtres qui sont dans la bibliothèque de Clirist-Church, à
Oxford.

Les originaux ont été exposés l'année dernière. Il y en avait
de Léonard de Vinci, du Giorgione, de Raphaël, du Titien, etc.

— Une très remarquable aquarelle, que M. Poynter, R. A.,
a rapportée d'un récent voyage à Venise, une Vue de la Sainte
au clair de lime, est en ce moment exposée à la Grosvenor Gal-
lery. Depuis son retour à Londres, ce peintre travaille à une
grande composition mythologique, Vénus et Esculape. Le des-
sin de ce tableau, un des plus importants qu'ait faits M. Poyn-
ter, a été également exposé à la Grosvenor Gallery. Les ligures
sont complètement nues. Elles sont rangées auprès d'une fon-
taine, au centre d'un jardin classique. Les tons délicats des
carnations se détachent sur un fond de feuillage sombre.

— M. Pcllcgrini, l'éminent caricaturiste, qui depuis long-
temps s'occupe de peinture, vient de iinir un portrait du corné-
 
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