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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Chronique française et étrangère
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CHRONIQUE FRANÇAISE ET

ÉTRANGÈRE

RAPPORT

au ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts

Monsieur le Ministre,

J'ai l'honneur de soumettre à votre approbation le règle-
ment pour l'Exposition annuelle des artistes vivants en 1880.

Les changements que vous y remarquerez ne modifient
point, dans ses principes, l'organisation adoptée en dernier lieu,
en ce qui concerne l'admission des ouvrages, la composition du
jury, la nature des récompenses. Cette organisation, en effet,
paraît, à la suite de nombreuses expériences, être encore celle
qui répond le mieux aux diverses exigences et qui concilie,
dans la plus juste mesure, les intérêts des artistes avec l'intérêt
de l'art lui-même, dont l'Etat doit surtout se préoccuper. Si
nous pouvons, si nous devons donc, d'une part, nous montrer
empressés d'apporter au règlement traditionnel, dans les détails,
toutes les modifications que l'expérience conseille et que le pro-
grès appelle, ce serait, d'autre part, une véritable imprudence
d'en bouleverser, sans motifs graves, les dispositions générales au
risque d'atteindre des situations régulièrement acquises et de
jeter le trouble dans l'esprit des artistes, comme dans l'esprit du
public.

La protection que l'Etat accorde aux beaux-arts n'a de rai-
son d'être, sous un régime républicain, que si les beaux-arts
servent à l'enseignement populaire. C'est dans cette pensée que
vous avez déjà, monsieur le ministre, donné une si vive impul-
sion à l'enseignement des beaux-arts et du dessin dans toute
la France, c'est dans cette pensée que vous avez décidé la
création, au palais du Trocadéro, de deux musées de moulages
où se dérouleront l'histoire de l'art antique et l'histoire de l'art
français, et que, confiant dans l'appui des Chambres, vous vous
préparez à entreprendre, sur une vaste échelle, la décoration
de nos édifices provinciaux, hôtels de ville, préfectures, facultés,
écoles, théâtres, etc.

L'Exposition, qui est comme la fête annuelle, toujours im-
patiemment attendue, de nos arts nationaux, ne saurait rester
en dehors du programme que nous nous sommes imposé. Plus
le palais des Champs-Elysées sera librement ouvert aux artistes
de toute école et de tout pays, plus il faudra s'efforcer d'apporter,
dans le rangement d'ouvrages disparates, un soin et une mé-
thode qui. en s'adressant à l'intelligence des visiteurs, puisse les
mettre en état de s'éclairer promptement sur leurs mérites
divers.

Je n'ignore pas les difficultés de toute espèce qui se présen-
teront, lorsqu'il s'agira de substituer, pour l'installation des
peintures, à l'ordre alphabétique, dont la clarté n'est qu'appa-
rente, un ordre plus rationnel et plus instructif. Toutefois, je
ne désespère point de surmonter ces difficultés, et je suis con-
vaincu que le public entier, à qui vous aurez ainsi assuré un
plaisir plus facile, vous saura gré d'avoir jeté la lumière dans
une confusion toujours croissante et vraiment bien faite pour
égarer son goût.

Je vous propose donc, en premier lieu, de donner une place
importante à l'art monumental, à cet art d'intérêt public que
l'État a pour mission d'encourager spécialement, parce que
c'est son auxiliaire le plus utile.

L'architecture tiendra, dans nos salles intérieures, la place
qui lui est due comme à l'art fondamental, d'où procèdent tous
les arts décoratifs. Autour des projets et des restaurations de
nos architectes, se rangeront les travaux de la peinture monu-
mentale et décorative. Des esquisses, des maquettes, des aqua-
Tome XX.

relies, au besoin même des photographies prises sur place,
reconstitueront, pour l'imagination, autant que possible, les
milieux que ces travaux doivent occuper. II en sera de même
pour les œuvres de la sculpture monumentale.

Dans ces deux sections (peinture et sculpture) le jury spécial
aura le droit, par dérogation au règlement, d'admettre, quel
qu'en soit le nombre, tout assemblage de sculptures ou de
peintures formant, soit un monument complet, soit un ensemble
indivisible. N'est-il pas fâcheux que, jusqu'à présent, les ou-
vrages les plus importants de nos artistes, par suite de la rigueur
d'une formule, aient dû être soustraits au jugement de tous
dans l'endroit et à l'heure où ce jugement s'exerce le mieux?
N'est-il pas fâcheux qu'il faille attendre une Exposition uni-
verselle pour y contempler, dans leur unité imposante, des mo-
numents qui ne sauraient être morcelés, comme le Tombeau de
Lamoriciùre, par M. Paul Dubois, ou le Monument de Berryer,
par M. Chapu ? Il est certain d'ailleurs que la vue de ces en-
sembles, où la pensée de l'artiste s'imprime en traits plus fermes,
plus libres, plus expressifs, accoutumera peu à peu le public à
comprendre l'art, d'une façon plus haute, dans ses manifes-
tations complètes.

C'est dans la même pensée d'enseignement que nous con-
vierons les artistes placés, par le jugement de leurs confrères,
en tète de l'école contemporaine, à accepter résolument les
nobles obligations que leur impose une situation privilégiée. A
qui les visiteurs du Salon vont-ils d'eux-mêmes demander des
exemples? Naturellement à ceux qui leur sont désignés par les
honneurs dont ils jouissent et par les récompenses qu'ils ont
obtenues: aux membres du jury, aux membres de l'Institut,
a ux anciens prix de Rome, aux prix du Salon, à tous les mé-
daillés, à tous les hors-concours, à tous les exempts de l'examen
du jury. N'est-il pas juste et utile que tous ces groupes divers
entrent franchement dans la lutte, sous leurs propres drapeaux,
en réunissant toutes leurs forces ? L'autorité des vrais maîtres
et des écoles fécondes s'en trouvera sensiblement accrue, et
l'é mulation qui naîtra d'un pareil concours ne peut que re-
hausser l'éclat de l'Exposition.

A côté de cette section spéciale, réservée aux artistes hors
concours et exempts, nous en disposerions une autre pour les
artistes étrangers qui nous apportent, vous le savez, un con-
cours de plus en plus actif. A tous les points de vue, il est bon
de constater leurs efforts et leurs tendances. Soit qu'ils se dis-
tinguent de nos artistes nationaux par leurs qualités originales,
soit qu'ils s'en rapprochent par leurs qualités acquises, nous
avo ns, dans les deux cas, tout en faisant acte d'hospitalité cour-
toise, un grand intérêt à les suivre dans leurs travaux.

Cette première sélection faite en faveur d'artistes apparte-
nant à des catégories nettement déterminées, il deviendra bien
plus aisé de classer le reste des exposants avec le même soin,
en groupes sympathiques dont les ouvrages juxtaposés, suivant
le genre et l'école, se feront valoir les uns les autres, au lieu de
se nuire mutuellement. Cette classification qui ne s'astreindrait
point, cela va sans dire, à une rigueur formaliste et qui s'effor-
cerait d'éviter la monotonie autant que la confusion, aurait
l'avantage de permettre aux jurés comme aux visiteurs des
comparaisons plus faciles entre les ouvrages de même nature et
de même tendance. Les œuvres appartenant à cette dernière
catégorie, c'est-à-dire ayant subi l'examen du jury, seraient
d'ailleurs placées dans des conditions aussi avantageuses de
lumière et de passage que les œuvres des catégories précédentes,
puisque toutes les séries de salles peuvent s'ouvrir sur le grand
salon d'entrée.

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