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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Courrier des musées
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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0115

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L'ART.

étudié et soumis par MM. Sellier et Gaudoin, architectes, se
chiffrait par une dépense de 3,500,000 francs. Cela a paru trop
cher. Or, en ce moment ne songe-t-on pas, dans les divers
services de l'administration, à donner, d'une part, à l'École des
arts décoratifs un local mieux en rapport avec le nombre de
ses élèves, et ne s'est-on pas décidé à adopter un plan dont le
devis s'élève à plusieurs millions ? D'autre part, l'école de dessin
des jeunes filles que dirige Mlle Marandon n'est-elle pas aussi
bien à l'étroit dans la rue de Seine, et n'a-t-on pas très justement
demandé pour cette excellente institution une demeure plus
convenable? Oublie-t-on également que la Chambre va voter
très probablement cette année la création d'un musée industriel
sur la proposition de M. Antonin Proust, proposition déposée
depuis plus d'une année, accueillie, on le sait, avec une grande
faveur et déjà acceptée pour moitié dans la session dernière ?
Enfin, n'entrevoit-on pas le moment où il sera, nous ne dirons
pas seulement utile, mais décent, de doter la Société du musée
des arts décoratifs, qui a su poser chez nous les bases d'un
établissement qui existe à Berlin sous le même titre depuis 1867
et auquel le gouvernement allemand accorde un budget annuel
de 113,000 marcs, c'est-à-dire de plus de 138,000 francs ?

Eh bien, si au lieu d'envisager isolément ces divers projets,
la direction des beaux-arts voulait les combiner entre eux, com-
bien de sacrifices pécuniaires seraient épargnés au Trésor, et
de quels féconds résultats ne seraient pas récompensés les efforts

d'une volonté d'autant plus puissante qu'elle connaîtrait mieux
les limites de son action! « Savoir, c'est prévoir», dit la sagesse
des nations. Puisqu'on discute à l'heure qu'il est et qu'on pré-
pare une partie des projets que nous venons d'énumérer, pour-
quoi ne pas réunir dès à présent ce qui peut être réuni ? Pour-
quoi ne pas rassembler dans un seul vaste palais les divers
musées d'art contemporain et des arts décoratifs, en y joignant
les deux écoles spéciales dont nous parlons ? Les magnifiques
bâtiments de l'ancien Conseil d'État semblent tout indiqués
pour cette destination et les travaux d'appropriation y seraient
relativement faciles et rapides. Le musée du Luxembourg trou-
verait alors la demeure qui lui convient. Que l'on ne se
retranche pas derrière les quelques millions qu'il faudrait
dépenser pour relever les ruines du Conseil d'État, car dépense
pour dépense, il est encore préférable d'avoir un beau palais
que quatre ou cinq bâtiments spéciaux qui ne coûteraient pas
moins, au contraire !

Nous espérons que le ministère des travaux publics com-
prendra l'importance du problème qu'il s'agit de résoudre et
dont il tient dans sa main la solution. C'est lui qui peut dans
cette affaire donner gain de cause à la raison. Mais il est de
toute nécessité qu'on n'abandonne pas à la routine paresseuse
des bureaux une telle entreprise. Le musée du Luxembourg,
dans tous les cas, doit avoir un asile digne de lui.

Victor Champier.

NÉCROLOGIE

— Un artiste très intéressant et dont le nom mérite-
rait d'être plus connu, Félix Robaut, vient de mourir à
Douai, sa ville natale, à l'Age de quatre-vingts ans.

Alors qu'à Paris quelques hommes déjà s'étaient
acquis une réputation comme lithographes et étaient
passés maîtres dans l'art de dessiner au crayon sur la
pierre, personne encore en province n'avait entrepris de
faire de lithographie artistique ; le premier ou certai-
nement l'un des premiers, F. Robaut s'en occupa; sans
maître, et pour ainsi dire d'instinct, il s'initia aux secrets
du métier, en comprit les ressources et presque du
premier coup obtint d'excellents résultats. Il s'adonna
surtout au portrait. De 1830 à 1840 toutes les notabilités
de la ville et des environs défilèrent devant son crayon ;
c'était à qui aurait son portrait lithographié par Robaut.
Cette sorte d'engouement était d'ailleurs très justifiée, car
l'image était toujours entièrement ressemblante, non pas
seulement parce que la forme de la tète, les lignes des
diverses parties du visage étaient rigoureusement exactes,
mais surtout parce que l'artiste savait saisir la physio-
nomie, l'attitude, l'allure, la note bien caractéristique de
chacun de ses modèles. — Tout cela était traduit simple-
ment, très consciencieusement, c'est-à-dire avec un grand
respect de la vérité, mais aussi avec un art délicat,
habile, et avec esprit, si bien qu'aujourd'hui cette suite
de personnages, au nombre de 600 environ, litho-
graphies il y a bientôt cinquante ans, pourrait passer
devant nos yeux sans que nous soyons aucunement

choqués d'une façon de se tenir, de s'habiller déjà bien
éloignée de nous et que le temps et la mode ont singuliè-
rement modifiée.

Robaut n'était pas seulement lithographe, il peignait
fort agréablement à l'aquarelle, particulièrement les
fleurs. Ardent à l'étude et au travail, il enseigna le dessin
et la peinture, trouva des méthodes ingénieuses pour
apprendre l'art de dessiner aux enfants. Commissaire des
écoles gratuites municipales de Douai, il déploya le zèle
le plus louable; il alla jusqu'à faire des portefeuilles de
modèles pour chaque corps de métier, car pour lui c'était
avant tout vers le dessin industriel qu'il fallait pousser la
génération actuelle. Animé d'un profond amour pour sa
cité natale, il recueillit une foule de documents concernant
Douai et le département du Nord; il en composa une
collection importante, unique en son genre, de laquelle
il fit don à la bibliothèque. Il prit à tâche de rétablir la
ville telle qu'elle était avant la Révolution, au moyen
d'un plan en pseudo-relief qu'il exécuta avec un soin infini
d'après les documents les plus authentiques.

Dans les dernières années de sa vie, il se mit à
chercher les meilleurs engins de sauvetage en cas
d'incendie, il perfectionna divers systèmes et en inventa
de nouveaux, dont il exposa à diverses reprises des
modèles qu'il exécuta lui-même avec beaucoup d'art.
C'était devenu chez lui une idée fixe qui lui enleva tout
repos, et hâta sans doute un peu la fin de cet artiste
sincère, de cet honnête homme.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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