Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

DOI Artikel:
Tourneux, Maurice: Mérimée critique d'art, [2], Salon de 1853
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0204

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
MÉRIMÉE CRITIQUE D'ART. 191

archéologues », niais il n'entre point dans le détail des erreurs commises par le peintre du
Tepidarium.

« Un très jeune homme, M. Ch. Raphaël Maréchal, a exposé trois grands dessins au fusain
qui révèlent un talent vigoureux et de fortes études. On devine en lui le digne élève de
M. Maréchal de Metz dont tout le monde connaît les vitraux et les admirables pastels. »
M. Chenavard montrait trois cartons des quarante compositions qu'il avait préparées pour la
décoration du Panthéon. « C'est de la peinture murale bien comprise telle que je voudrais la voir
appliquer à la décoration de nos monuments. » Les peintres étrangers commençaient à enlever,
sous les yeux des artistes français, les médailles et les rubans : Gallait, Van Schendel, Alfred
Stevens, Rodakouski, Willems obtiennent tour à tour une mention La majeure partie de ce
premier article, fort court, est consacrée aux réflexions préliminaires, à un spirituel examen des
principes de l'école fantaisiste et de l'école réaliste, à la question des récompenses et à celle de
l'enseignement des beaux-arts.

Au début du second article, il se félicite de l'institution, de la consécration plutôt d'un péage
à l'entrée. « Depuis des années je crie dans le désert pour obtenir l'introduction de cette mesure
fiscale. Pourquoi donc les peintres et les sculpteurs auraient-ils seuls le privilège d'amuser gratis
le public ? On paye pour entendre un drame ou un opéra ; rien de plus juste que de payer pour
voir des tableaux et des statues. Pour moi, je regrette qu'au lieu de deux jours payants, il n'y
en ait pas cinq ou six par semaine. » A cette époque, le Salon fermait à quatre heures, sauf le
lundi où il restait ouvert jusqu'à cinq. « Cette disposition me semble un peu rigoureuse et même
impolitique, car la grande majorité des personnes qui achètent des œuvres d'art est rarement
libre avant trois heures. Il n'y a guère de femmes habillées avant cette heure-là. Les dames qui
ont des répétitions et les agents de change, juges si éclairés des beaux-arts, comme on sait, sont
spécialement exclus par ce terme fatal de quatre heures. Inventé pour l'hiver, cet article du
règlement devrait être modifié pour les longs jours d'été. » Il revient alors aux tableaux et donne
de grands éloges au Marché aux chevaux de M"e Rosa Bonheur, à qui il eût demandé seulement
d'opposer aux formes vigoureuses des percherons les formes sveltes et agiles des coureurs arabes
ou anglais. Puis il aborde le monstre, le réalisme représenté par les Baigneuses de Courbet, et il
invoque, pour rendre sa critique plus sensible, un souvenir personnel que les lecteurs des
Nouvelles se rappelleront tous, car on le retrouve dans les premières pages de Carmen.

« En été, le Manzanarès est à sec. On fait des trous dans le sable et l'eau s'y amasse
goutte à goutte par infiltration. Sur ces trous, on élève des tentes en sparterie où le soir les
manolas de Madrid viennent se baigner à la lueur d'une lampe. Or, dans ma jeunesse, il y a
très longtemps, je rôdais sans penser à mal dans le lit du Manzanarès, lorsque la directrice des
bains, devinant que j'étais un étranger, curieux de m'instruire, m'offrit, moyennant une piécette
(2i sous), de regarder par un trou fait ad hoc dans la sparterie. Je fus assez sot pour accepter,
et je vis le modèle de M. Courbet, c'est-à-dire la personne la plus propre à guérir d'une
impertinente curiosité. On ne pouvait prendre une leçon de morale à meilleur marché. C'est
peut-être une leçon de morale que M. Courbet a voulu donner : autrement, je ne saurais
m'expliquer comment un homme si essentiellement artiste se serait complu à copier au naturel
une vilaine femme avec sa bonne qui prennent dans une mare un bain qui semble leur être fort
nécessaire. Une couleur puissante, un modelé vigoureux accusent tous les détails d'une nature
ignoble. J'avoue qu'il est impossible de faire des chairs plus vivantes; mais apparemment
M. Courbet n'envoie point ses Baigneuses à la Nouvelle-Zélande, où l'on juge des mérites d'une
captive par ce qu'elle peut fournir de viande au dîner de ses maîtres. En vérité, ce tableau est
triste à regarder. S'il révèle de la part de M. Courbet des progrès très considérables dans
l'exécution et dans la couleur, il dénote malheureusement aussi une déplorable opiniâtreté dans
le paradoxe. Quelquefois le mérite, dans notre pays surtout, a besoin du paradoxe pour se faire
connaître. Mais l'auteur des Baigneuses est sûr maintenant de l'attention du public. Il serait
temps qu'il cherchât à lui plaire après l'avoir suffisamment étonné. » Mérimée a fait, d'après les
Baigneuses, une caricature fort grotesque donnée par M. de Saulcy à M. Lalanne et par celui-ci
 
Annotationen