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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Montrosier, Eugène: Art dramatique, [4]: Jean de Nivelle
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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0322

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294

L'ART.

fait là une véritable restitution historique. Nos lecteurs pour-
ront s'en convaincre puisque nous leur offrons ici quelques
spécimens faits spécialement pour l'Art par l'habile dessinateur
qui nous donnera prochainement une suite de types d'après
l'Attila, de M. de Bornier, et le Garin, de M. Deloir.

Les décors méritent aussi une mention. Très bien peints les
coteaux bourguignons du premier acte ; très bien planté le pa-

lais du duc de Bourgogne, au second acte. Mais le décor du
troisième acte est le plus étonnant. On y voit sur la gauche le châ-
teau de Montlhéry avec ses tourelles, ses fossés; et sur la droite
une forêt qui est un merveilleux paysage—quelque chose comme
une page de Corot — le Corot de la meilleure époque.

Eugène Mostrosier.

COURRIER

XXXIV

Musée du Louvre. — Aucun achat n'a été fait depuis celui
de la Baigneuse, d'Ingres, que nous avons mentionné; M. Barbet
de Jouy, qui semble vouloir conduire habilement et avec une
sage lenteur le maigre budget dont il dispose, n'a pas encore
entamé le crédit de l'année 1880. Certes, ce ne sont pas les
occasions qui manquent; si les chefs-d'œuvre ne courent pas les
rues, il n'en est pas moins vrai qu'une quantité de pièces
intéressantes pourraient parfois et devraient être enlevées à la
circulation internationale du bric-à-brac au profit de nos collée- .
tions publiques. Mais que faire, tant que nos législateurs s'obs-
tineront à n'accorder qu'une somme infime de 150,000 francs
pour les acquisitions de quatre grands musées? Que faire...
si ce n'est se morfondre de chagrin et de dépit en songeant aux
rapides accroissements des musées étrangers qui, plus récents
que les nôtres, seront bientôt plus riches et plus complets, grâce
aux excellentes mesures financières qui les régissent, grâce aux
fonds de réserve dont on les dote à Londres comme à Berlin,
grâce enfin aux ressources aussi abondantes qu'imprévues qu'on
leur alloue sans marchander. Ah ! si du moins chez nous on se
hâtait d'étudier et de réaliser le projet dont nous parlions il y
a peu de jours et qui consisterait à créer une e caisse des
musées », avec le produit des diamants de la couronne choisis
parmi ceux qui n'ont ni valeur d'art ni valeur historique ! Peut-
être alors pourrions-nous lutter, sinon avec avantage, du moins
à armes égales contre nos concurrents. Malheureusement, en
France, on parle plus qu'on n'agit, et le projet en question restera
peut-être bien longtemps encore à l'état de rêve. En attendant
une vente magnifique se produit comme celle de San Donato,
et l'on se demande quelle figure peut faire l'honorable conser-
vateur, M. Both de Tauzia, qui est parti à Florence, en compa-
gnie de M. du Sommerard, en face des conservateurs des musées
étrangers enlevant à prix d'or des œuvres précieuses que notre
misère nous oblige à ne pas môme convoiter!

A défaut d'acquisitions nombreuses, nous avons toutefois à
enregistrer quelques dons ou legs en faveur du Louvre. C'est
d'abord le legs de cet amateur délicat, mort il y a deux mois,
M. Philippe de Saint-Albin, legs dont nous avons déjà parlé,
mais sur lequel nous devons revenir, pour signaler l'intérêt de
quelques pièces. Outre le tableau de Le Nain et les dessins du
chevalier de l'Espinassc, M. de Saint-Albin a donné un très
curieux coffret en or, du xvm° siècle, avec émaux de Saxe, offert
par Louis XV, a-t-on dit, à l'impératrice de la Chine (??) et
rapporté du palais d'Eté. 11 vient d'être placé dans la galerie
d'Apollon. C'est un petit cabinet à tiroir, à deux battants, dont
toutes les faces sont recouvertes d'émaux de Saxe représentant
des scènes mythologiques, telles que : Ulysse et Circé, Orphée, etc.
Le dessus forme boîte avec couvercle sur lequel un émail — le
meilleur de tous— représente l'Enlèvement d'Europe.

L'habitude de faire des dons aux établissements publics
semble se généraliser. Nous avons à mentionner un don très
important que viennent de faire MM. Beurdeley père et fils.
Il s'agit d'un ensemble de 180 carreaux de faïence, couverts

DES MUSÉES

d'ornements et d'arabesques, de style renaissance, et constituant
les marches d'autel de la chapelle de La Bâtie, dans le Forez,
chapelle dont M. de Rothschild possède les remarquables vitraux.
Ce morceau de céramique, par la composition, appartient au
genre bien connu des grotesques, dont l'origine italienne n'est
pas douteuse. Il représente des chimères à corps de feuillages,
cariatides ailées, rinceaux, draperies, trophées, etc., puis deux
ligures allégoriques, la Justice et la Foi, debout sur des berceaux
de vigne. Étudiant il y a peu de jours cette œuvre hors ligne,
un amateur distingué, M. Gaston Le Breton, a cru pouvoir en
attribuer l'exécution à Thomas Masseot-Abaquesne, de Rouen,
dont la collaboration à la décoration céramique de la chapelle
de La Bâtie est un fait incontestable et depuis longtemps acquis.
Pour justifier son opinion, M. Le Breton s'appuie sur un
document par lequel Abaquesne donne quittance à André
Rageau, secrétaire des finances du roi, d'une somme de 559 livres
tournois « pour la façon et fourniture de certain nombre de
carreaux de terre esmaillée qu'il avait ci-devant entreprise de
faire et parfaire pour le sieur Durfé, comme gouverneur de
Monseigneur le Dauphin (François II), selon les pourtraits et
devises que ledit Durfé lui avait baillés à cette fin... ». Ce reçu
est daté du 22 septembre 15 57.

L'assertion de M. Gaston Le Breton vient d'être discutée
avec une haute compétence par M. P. Brossard, conservateur
du musée d'art et d'industrie de Lyon, dans un article que
nous trouvons dans le Salut public du 6 mars dernier.
M. Brossard établit qu'outre ses vitraux, ses marqueteries en
bois de couleurs (tarsis), ses boiseries, ses peintures, ses marbres,
la chapelle d'Urfé possédait un double carrelage en faïence
polychrome, l'un couvrant le sol, l'autre incrusté dans les
marches du maître-autel, tous deux intéressants pour l'art,
mais très différents d'aspect, de couleur, de décor.

Lequel de ces deux carrelages a été donné au Louvre par
MM. Beurdeley? Est-ce celui dont parle la quittance d'Aba-
quesne citée par M. Le Breton? Tel est le point qu'il importe
d'éclaircir dans l'intérêt de la vérité historique.

M. Brossard n'hésite pas à dire, quant à lui : « Je ne pense
pas qu'on puisse répondre affirmativement, après une lecture
attentive du document cité à l'appui ». En effet, ajoute-t-il, le
carrelage de l'autel, donné par MM. Beurdeley, qui est d'ailleurs
de très petite dimension (2 mètres environ de large, sur moins
de 1 mètre de haut), ne présente pas les caractères spécifiés dans
le reçu de 1557 ; il ne renferme ni chiffre, ni emblème, rien qui
évoque l'idée des pourtraits et devises, dans le sens voulu. « Mais
ce que nous ne trouvons pas dans l'admirable page céramique
si généreusement donnée par MM. Beurdeley, nous l'avons vu,
ce qui s'appelle vu, dans le carrelage qui couvrait le sol de la
chapelle. Ce carrelage d'une conservation presque parfaite avait
été préservé des injures du temps et de celles plus redoutables
des visiteurs par un tapis qui le cachait en entier. C'est en cet
état du moins que j'eus l'extrême plaisir de le voir en 1872,
deux ou trois ans seulement avant sa disparition. Il mesurait
trente-sept mètres carrés environ, comprenant plusieurs milliers
de carreaux. Après huit ans, il me semble encore avoir devant
 
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