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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Leroi, Paul: Thomas Couture
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Courrier des musées
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Chronique française et étrangère
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2Ô2 L'ART.

ingénieux, varié, plein d'invention et de ressources. Véritable-
ment M. Couture est bien loin de tout cela. Il peut être
l'homme du monde le plus spirituel, je n'en sais rien; mais
c'est de tous les peintres celui qui l'est le moins. Sa manière,
où l'on ne saurait méconnaître une certaine habileté, est lourde,
commune, déplaisante elle trahit beaucoup plus d'aplomb que
d'audace. C'est un compromis entre l'imitation du modèle vivant
et la routine académique. Les gens de l'Institut recommandent
d'idéaliser la nature, et, sous ce prétexte, ils appliquent à tous
les types des formules d'une banalité nauséabonde; M. Couture,
croyant être original et nouveau, trouve plus simple d'enlaidir
ce qu'il copie. Il prend la brutalité du dessin pour l'énergie, la
grossièreté pour la largeur de l'exécution, et il croit donner du
mouvement et de l'action à ses figures en leur faisant des con-
tours cahotés et cernés d'un trait noir.

« Il a longtemps passé pour un coloriste, à l'aide de la plus
grosse des ficelles, c'est-à-dire en enlevant ses figures sur des
fonds noyés, d'une teinte uniforme et terne. D'où une harmo-
nie de convention, qu'il cherche à raviver par des colorations
aigres et discordantes, qui sont autant de fausses notes. Avec
tout cela une palette assez indigente, et qu'il applique à tous les
sujets. Néanmoins, M. Couture possède une certaine verve de
brosse ; il a même des qualités très réelles, résumées dans une
toile, le Fauconnier, la meilleure page de peinture qu'il ait jamais
faite. A vrai dire, ce n'est pas un tableau, mais simplement une
étude ; seulement c'est une étude réussie, et qui montre une
fois de plus la justesse de cette maxime, rimée par le fabuliste :

« Ne forçons pas notre talent... »

Tout ce dernier paragraphe m'a rendu rêveur. Je suis de
ceux qui ont toujours regardé comme une étude très réussie, ce
Fauconnier qui est aujourd'hui quelque part en Allemagne, et
que j'admirais à travers mes souvenirs, avant d'entrer au Palais

de l'Industrie. Mes maudits quarante sous ont fait naître le doute
en moi; je leur dois d'avoir vu, sous le n° 14^ une « Réduction
du tableau », et cette réduction du Fauconnier est tellement
pitoyable que je tremble de m'ètre jadis illusionné au sujet de
l'original.

Toute réflexion faite, j'ai probablement tort de m'alarmer.
Le jugement de Pelloquet, à qui il n'est guère arrivé de se
tromper, se charge de me rassurer.

Sur ce, mon cher Etienne, je vous serre tout cordialement
les deux mains, en me demandant si je n'ai pas, en vous morigé-
nant, commis quelque grosse sottise.

En causant avec un charmeur tel que vous, mon humeur
grognonne s'est dissipée et je commence à croire qu'il serait
sage de terminer en m'excusant, car, après tout, vous ne seriez
pour rien dans le prêt des Romains de la décadence que je n'en
serais pas surpris. Il se peut fort bien que vous n'ayez fait
qu'obéir.

Paul Leroi.

P. S. Ayant l'injustice en horreur, je tiens à ajouter que trois
portraits: celui du docteur Laurès (n° 12) et ceux (nos 26 et 66) du
marquis de Lezay-Marnésia et du docteur Desfray se sauvent de
ce naufrage, — ce n'est guère sur 245 numéros catalogués ! —
rari nantes in gurgite vasto. Quant aux dessins mous et creux
devant lesquels la badauderie seule s'extasie, tout artiste sincère,
tout connaisseur leur préférera le moindre dessin de M. Ulysse
Butin, par exemple, un maître dessinateur aussi modeste qu'il
est vaillant. Il n'est pas un amateur délicat qui s'avise de se
rendre acquisiteur de dessins de Couture, si j'ose me permettre
déparier la langue de l'administrateur-directeur-rédacteur en
chef de la Galette des Beaux-Arts, l'immortel auteur de cet
immortel jugement : « Pur comme les hollandais de M. Schnei-
der 2 ».

COURRIER DES MUSÉES

XLV

France. — Il est question d'installer à l'hôtel Carnavalet,
rue Sévigné, une nouvelle galerie consacrée à l'exposition des
plans en relief de tous les anciens monuments de Paris qui sont
successivement tombés sous la pioche des démolisseurs.

— Notre cher collaborateur et ami, M. Adrien Dubouché,
cet homme de tant de cœur qui honore si profondément la
France, fière à bon droit d'un tel citoyen, vient d'acheter la
précieuse collection de porcelaines et de faïences anciennes de

M. Gasnault, le sympathique et savant secrétaire général du
Musée det Arts décoratifs, et cette fois encore M. Dubouché a
fait cadeau de sa riche conquête au Musée de Limoges, qui,
grâce à sa direction dévouée, à ses constantes libéralités, ne
connaîtra point de rival.

Cette vente honore profondément et le vendeur et l'acheteur
qui ont littéralement rivalisé de délicatesse.

Le choix des pièces de la collection de M. Gasnault, qui,
est exposée pour peu de temps encore au Musée des Arts déco-
ratifs, est, sans exception, admirable et en tous points digne de
l'homme de goût et de profond savoir qui l'a formée.

CHRONIQ.UE FRANÇAISE ET ETRANGERE

France. — Le ministre de l'Instruction publique a chargé
une sous-commission de dresser un inventaire des monuments
mégalithiques et des blocs erratiques de la France et de l'Al-
gérie.

On donne la qualification de mégalithiques à des construc-
tions édifiées au moyen de gros blocs de pierre.

Ces monuments, appelés vulgairement druidiques, sont
assez communs dans l'ouest de la France. On en trouve du reste
depuis la Suède méridionale jusqu'en Tunisie. Le général
Faidherbe a découvert et étudié plusieurs de ces monuments

dans la province de Constantine. Au dire de voyageurs dignes
de foi, les monuments mégalithiques existent en Syrie, en Asie
Mineure et dans le sud de l'Inde.

L'édification ou l'érection de ces énormes blocs de pierre a
été considérée longtemps comme l'œuvre exclusive des Celtes.
Mais le nombre et la diffusion de ces blocs que l'on rencontre
partout ont modifié l'opinion des savants, qui les attribuent à des
peuples ayant occupé l'Europe et même tout l'ancien continent
à une époque qui remonterait à bien des siècles avant l'ère chré-
tienne.

1. Et encore le plus flair de leur mérite est-il inspiré par l'Ecole anglaise. Le

2. Ga\e:te des Beaux-Arts, 2° période, tome XIII, page 512.

souvenir est indiscutable.
 
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