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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 3)

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Fouqué, Octave: Art musical, [2]: concours annuels du conservatoire
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Appel aux artistes en faveur des héritiers de Jules Lafrance
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https://doi.org/10.11588/diglit.18879#0158

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142

L'ART.

Une critique souvent renouvelée est celle qui consiste à
réclamer pour les scènes jouées au Conservatoire des costumes
et des accessoires : pourquoi pas aussi des décors? On ne peut
pas s'habiruer à voir Sélika en costume de ville et coiffée à la
chien, Bertram ou Méphistophélès en tenue de soirée, et le
spectre du roi de Danemark faire son apparition sous l'aspect
d'un jeune Parisien élégant et sans barbe, boutonné dans une
redingote longue. Il est certain que, lorsqu'on installe d'un côté
un rouet et de l'autre un guéridon sur lequel on pose la cassette
de Faust, la petite scène du Conservatoire ressemble beaucoup
plus à un atelier d'ouvrière qu'au jardin de Marguerite. Chaque
fois que le troisième acte de Mignon est au programme,
l'entrée de Lothario portant un objet dont la nature n'a jamais
été bien définie est accueillie par des rires, ce qui est loin de
rassurer le candidat, s'il est tant soit peu intimidé. On a ri bien
plus fort cette année en voyant Don Juan'tuerle Commandeur
d'un geste, et on a demandé pourquoi l'administration avait
reculé devant l'achat de deux, mauvais fleurets. Mais comme la
musique de Mozart a eu bientôt repris le dessus! Cette mort
du Commandeur, dont la grandeur et la beauté frappent l'esprit
à la lecture, ne fait jamais grand effet au théâtre. Elle en fait
moins à l'Opéra que partout ailleurs : les acteurs, éloignes les
uns des autres, ne peuvent fondre leur ensemble, dont chaque
partie est d'une si pure et si magnifique expression. Sur
l'étroite scène de la rue Bergère, malgré le défaut d'optique et
d'illusion théâtrale, quoique le frappement des marteaux garnis
de feutre n'ait pas l'éloquence de l'orchestre et ne puisse
donner l'idée des pleurs de la clarinette, la sublime inspiration
de Mozart a été pleinement rendue.

Les séances consacrées au chant, à l'opera-comique, à
l'opéra, attirent un nombreux public rue Bergère. Rien d'éton-
nant à cela : tout ce qui touche au théâtre est d'un grand attrait
pour la population parisienne. Ce qui paraît au premier abord
plus difficile à comprendre, c'est l'empressement de la foule à
des concours d'instruments tels que le piano, où l'on voit trente-
cinq jeunes personnes venir tour à tour et sans désemparer
jouer le même morceau de la même façon — de la même façon
c'est trop dire, car les classes de piano pour les femmes sont au
nombre de trois : il y a donc trois professeurs, partant trois
styles, trois manières de concevoir et d'interpréter l'œuvre dési-
gnée au concours, qui était cette année la Ballade en sol mineur
de Chopin (op. 23). Celle enseignée par M. Delaborde nous a
paru supérieure à celle de M. Le Couppey et à celle de

Mmc Massart. Cependant le prix a été remporté par une élève
de cette dernière, Mllc Talfumier, jeune fille de quinze ans, qui
a paru sur l'estrade en robe courte, et a montré une extraor-
dinaire virtuosité.

Frappé par des mains masculines, même quand ce sont celles
de tout jeunes gens, le piano a une sonorité moins uniforme
et des effets plus variés. Les élèves de M. Mathias se distin-
guent par la carrure d'un style large, parfois sévère ; ceux de
M. Marmontel, par le charme particulier du son et les qualités
de grâce dont Planté, l'honneur de cette école, est la suprême
expression. Le prix a été partagé entre MM. Calado, qui
appartient à M. Mathias, et Mesquita, qui sort des mains de
M. Marmontel. Un autre élève de ce dernier s'est distingué
dans le concours et a obtenu de haute lutte un second prix :
c'est M. Chansarel, qui manifeste une puissance d'exécution
étonnante chez un jeune homme qui n'a pas encore dix-sept
ans.

Le violon attire presque autant de monde que le piano.
Et il faut voir les rivalités qui animent les classes, l'ardeur des
spectateurs, et comme ils excitent à la lutte les pauvres com-
battants! Les bleus et les verts du cirque ancien n'étaient pas
plus acharnés. Tel professeur dont l'influence s'étend, comme
un réseau, sur le Paris musical, appelle à la rescousse le ban
et l'arrière-ban de ses protégés, de ses fidèles. Et alors ce sont,
chaque fois qu'un élève achève le morceau, des applaudisse-
ments sans fin, des acclamations bruyantes qui gênent le jury
et fatiguent le spectateur moins passionné. Les violonistes
formés à l'école de M. Massart sont magnifiques de tenue,
jouent d'un style classique et large, sans froideur, et font
superbement sonner la quatrième corde. Tel est M. Wolff, qui
a partagé le premier prix avec M. Nadaud, et M11" Harkness,
élèves de M. Dancla.

Les concours d'instruments à vent se produisent généra-
lement dans un milieu très reposé, devant quelques rares,
spectateurs. Cette année ils ont été aussi assiégés, aussi
animés, presque aussi bruyants que ceux qui les avaient pré-
cédés. Faut-il voir dans cet empressement une preuve de
l'intérêt nouveau que le public attache aux manifestations
symphoniques? Cela serait d'un bon augure pour la saison
musicale prochaine, qui doit voir éclore deux entreprises de
concert, et va faire surgir quatre orchestres, sans compter la
phalange des inamovibles au Conservatoire.

Octave Fouquk.

APPEL AUX ARTISTES

EN FAVEUR DES HÉRITIERS DE JULES LAFRANCE

Nous avons dit' le très médiocre résultat de la vente qui
eut lieu le 19 mai 1881 au profit des héritiers de Jules Lafrance.

L'Art a l'honneur de faire appel à tous ses collaborateurs,
à tous les artistes pour l'organisation d'une vente nouvelle qui
aura lieu avant la fin de cette année et dont le produit sera
versé entre les mains de M. E. du Sommerard, l'éminent pré-
sident de l'Association des artistes peintres, sculpteurs, archi-

tectes, graveurs et dessinateurs. Ce capital sera placé, au profit
des héritiers de l'infortuné statuaire, dans les conditions que
le Comité directeur de l'Association jugera les plus avanta-
geuses.

Les dons sont reçus à la Librairie de l'Art, 33, avenue de
l'Opéra, à Paris, et 134, New Bond Street, à Londres.

1. Voir l'Arl, 70 année, tome II, page 263 et suivantes.

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