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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 1)

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Vandalisme
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Hospice dépendant de l’église Sainte-Marie de la Miséricorde, a Venise.

Dessin d’Ettore Tito.

VANDALISME1

XXI

L'ÉGLISE SAINTE-MARIE DE LA MISÉRICORDE, A VENISE

Il s’est produit à Venise — il y a quelques mois-—un scan-
daleux et regrettable évènement. Le scandale retombe sur ses
auteurs, mais les regrets restent aux artistes. Nous en allons
dire un mot, bien qu’il nous coûte de traiter un tel sujet.
En donnant un dessin de l’aspect extérieur de Sainte-Marie
de la Miséricorde et de l’édifice voisin, nous pensons être
agréable au public, puisque la façade de l’église va disparaître
et que la belle construction qui fait l’angle peut, nous le
craignons, partager le même sort. La manie de démolir est de
mode à Venise et nous tremblons pour nos monuments.

En 939, les familles de Giulj et Moro ordonnèrent la cons-
truction de l’église primitive : quelques bâtiments adjacents
devaient servir d’asile aux pauvres et aux pèlerins. Église et
hospice, tout fut d’abord régi par des moines augustins. La
peste de i3q8 frappa tous les moines, à l’exception du prieur.
Celui-ci vécut encore une vingtaine d’années et laissa en mou-
rant sa dignité à un certain Luca Moro. Dès 136g, le patriarche
de l’ordre, Francesco Guerini, investit à perpétuité la famille
Moro de l’administration de l’église et de l’hospice. Cette
fameuse maison y instituait comme prieur un des siens, un
étranger même, suivant le cas. L’église, modifiée à diverses
époques, resta ouverte jusqu’à la chute de la République.
Comme bien d’autres alors, elle fut fermée, puis délaissée.

En 1828, Mgr l’abbé Pianton, d’heureuse mémoire, entre-
prit une restauration d’ensemble. Pendant plusieurs années,
on discuta differents projets de remaniements, d’embellisse-
ments. L’abbé Millin succéda à Mgr Pianton ; mais après lui
l’église fut définitivement fermée ; on transporta différents
objets à l’Académie des Beaux-Arts, et un long procès s’éleva
entre le gouvernement et la famille touchant la possession de
cette église. Pour le malheur de Venise, qui semble vouée à
la destruction par d’ignorants restaurateurs et d’avides pro-
priétaires, la justice s’est crue obligée de donner gain de
cause aux anciens possesseurs. Ceux-ci viennent de rentrer
dans leurs droits : ils ont repris l’église et tout ce qu’elle pou-
vait contenir. Quelle mésaventure ! Entraînée par l’attrait d’une

spéculation lucrative, la famille Moro-Lin a vendu tout, tout
jusqu’à la dernière pierre : tableaux, bois sculptés, hauts et
bas-reliefs, pierres, sarcophages qui contenaient les restes de
ses ancêtres, d’hommes célèbres par leur vertu, par leur sa-
gesse, par leur vaillance.

Après divers changements qu’a dû subir autrefois l’église
dans sa première disposition, à l’intérieur, à l’extérieur,
et qui correspondaient certainement au goût romano-byzantin,
Clemente Moli construisit au xvn° siècle la façade en marbre
d’Istrie. On lui doit la statue de Notre-Dame, celle de la
Constance et de la Miséricorde placées au-dessus et des deux
côtés de la porte, ainsi que deux anges soutenant une inscrip-
tion en l’honneur de Gasparo Moro, philosophe, mort en 1671,
le tout surmonté d’un buste du même.

L’intérieur, avant la restauration de l’abbé Pianton, était,
suivant quelques mémoires du temps, dans un triste état. Les
murs étaient moisis d’humidité, la porte privée au dedans de
toute espèce d’ornements : ni porche, ni vantaux; le maître-
autel était au même niveau que le dallage de la nef et fait d’une
simple table de marbre. Dans une chapelle, à droite, quelques
tableaux du Bonifacio faisaient maigre figure; une Sainte Chris-
tine de Mazza, sur l’autel, ne valait pas mieux. A cette chapelle
aboutissait une arcade de brique, immense, et qui ne tenait
que par miracle. Sur un autre autel plus petit se trouvait une
vierge byzantine. On y remarquait encore un bas-relief de Bast.
Buono (la Vierge et ses adorateurs); un orgue vermoulu, une
« chanterie » fermée d’une balustrade gothique et blanchie à la
chaux. Un autel, •—- mélange de bois et de brique, — portait
une peinture de Cima da Conegliano : Tobie et l’Ange. Mais
nous parlons de 1827; car on y a, depuis, substitué une copie
du Bassan. Après le tombeau de Jacopo Moro, capitaine de
terre et de mer, mort en 1377, nous ne voyons plus qu’un
autel à demi détruit et sans aucune valeur. Dans l’obscure
sacristie étaient des tableaux et des tapisseries dévorés par
l’humidité et la moisissure.

Arrive l’abbé Pianton et l’arcade tombe ; on construit
une nouvelle chapelle. On l’orne des statues de saintes Christine,

1. Voir l’Art, 5e année, tome Ier, pages 153, 104, 2o5 et 274; tome III, page 141 ; tome IV, page 23; 6e année, tome 111, pages 46 et 283; tome IV, pages 41,
110, 187 et 3o5 ; 7e année, tome II, page 91 ; tome III, pages 93, 257 et 284 ; tome IV, pages 160 et 220; 8e année, tome Ie», page 39.
 
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