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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Loiseleur, Jules: Jacques Androuet du Cerceau ses séjours et ses travaux dans l'Orléanais
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0057

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42 L'ART.

c'est d'ailleurs un simple mandat de paiement, mais les faits qui le motivèrent sont curieux et
tiennent à l'histoire de du Cerceau. Je les exposerai d'après une relation inédite appartenant à
la bibliothèque d'Orléans.

Dans l'été de l'année i55i, le roi Henri II, revenant de Nantes à petites journées, envoya
prévenir les échevins d'Orléans qu'il comptait faire le 2 août une entrée solennelle dans leur
ville. Une cour assez nombreuse l'accompagnait : il menait avec lui sa femme, Catherine de
Médicis, et sa maîtresse, Diane de Poitiers, à qui ce voyage à Orléans devait être fatal.

C'était pour les municipalités un grand sujet d'embarras et de perplexités que ces réceptions
solennelles où il était difficile, pour ne pas dire impossible, de louer la reine sans déplaire à
la favorite, et vice versà. Trois ans auparavant, lors d'une entrée semblable dont Godefroy et
Brantôme nous ont transmis le récit, les échevins de 'Lyon avaient hardiment sacrifié la reine à
la maîtresse, alors à l'apogée de sa puissance. Ils firent habiller les arquebusiers et la plupart des
corporations de blanc et de noir qui étaient ses couleurs : emblèmes, chiffres, décorations
redisaient exclusivement ses louanges. Ceux d'Orléans se montrèrent plus réservés; ils se conten-
tèrent de faire confectionner, pour le corps de ville, des robes de velours noir, couleur habituelle
de ses vêtements, et ils en agirent de même pour leurs officiers et pour ceux des compagnies,
qui furent habillés de neuf à leurs couleurs ordinaires. Mais ils laissèrent toute liberté à leur
architecte de flatter par des emblèmes et de transparentes allégories les deux vanités féminines
en présence.

L'artiste dont ils firent choix était maître Jacques Androuet, qualifié « principal architecteur ».
Il devait conduire, avec maîtres Guillaume Martin et Loys Fromont, tous les ouvrages de menui-
serie et de peinture que la cérémonie nécessitait et fournir les devises qui devaient être peintes
sur les arcs de triomphe. Androuet se tira à merveille de ce pas périlleux, ménageant habilement
les deux puissances rivales. Par ses soins et sur ses dessins, deux théâtres s'élevèrent, tous deux
destinés au roi et à la reine, qui devaient se placer sur ces échafauds pour assister au défilé, et
l'un et l'autre accostés de deux arcs triomphaux; le premier au bout du pont bâti sur la Loire,
le second à l'entrée de la ville. Les guirlandes de lierre y abondaient, le vert étant la couleur de
la reine; mais les emblèmes et les devises répartissaient également la flatterie entre elle et la
grande sénéchale. L'architecte avait prodigué le chiffre bien connu du monarque, emblème
élastique où, grâce aux jambages de l'H et à leur combinaison avec le C de Catherine, on peut
voir à volonté soit des C adossés, soit le D, lettre initiale du nom de Diane. S'il n'avait pas
ménagé les emblèmes officiels, le croissant de Henri II, orné de la devise bien connue, la comète
couronnée de Catherine de Médicis avec les mots : Fato prudentia major, il n'avait pas négligé
non plus l'emblème adopté par Diane après la mort de son mari, le tombeau d'où sort une flèche
enlacée de deux branches de laurier, et qu'entoure la menteuse devise : Sola vivit in Mo.
Croyez même, quoique nul texte n'autorise à l'affirmer, qu'en cherchant bien on eût trouvé,
cachée à demi sous quelque draperie mi-partie de blanc et de noir, une autre devise plus vraie,
orgueilleuse et marquant bien la certitude où était la belle duchesse d'atteindre toujours le but
de ses désirs, je veux parler du dard tiré de ses armes, et qu'accompagnent les mots : Consequitur
quodeumque petit. A tous ces emblèmes connus, l'architecte en avait joint d'autres de sa compo-
sition : chiffres, devises, écussons avaient exigé l'emploi de 37 draps et de 14 grandes nappes.
De plus, des sculpteurs avaient été chargés de mouler les images des deux hôtes royaux. La note
manuscrite à laquelle la plupart de ces détails sont empruntés ne dit pas s'ils avaient aussi
reproduit les traits de la pseudo-reine.

La première des pièces récemment découvertes est le mandat de paiement délivré à Jacques
Androuet pour son salaire. La seconde est sa quittance qui est ainsi conçue :

« L'an Mil cinq cens cinquante ung, le dix septiesme jour d'octobre, Jaques Androuet, Architecteur, demeurant à Orléans.
confesse avoir eu et reçeu de honorable homme, Françoys Roillart, recepveur des deniers communs de ceste ville d'Orléans,
absent, la somme de cinquante neuf livres seze solz tournois, tant pour ses peines, sallaires et vacations d'avoir conduict, tant jour
que nuict, les ouvriers qui faisoient les arcs et autres choses de triumphes pour l'entrée du Roy et de la Royne en ceste ville
d'Orléans, le quart jour d'Aoust derrenier, que pour six livres quinze solz tournois, pour despence par luy faicte en faisant la dicte
conduiete. »
 
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