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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1882, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0252

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220

L'ART.

Contentons-nous du présent de ce jeune homme, à qui les dons heureux n'ont point été
ménagés. Il dessine, compose et peint à rendre jaloux plus d'un habile vétéran. L'ensemble des
qualités d'élite, dont sa toile présente déjà le remarquable développement, vient de valoir à
M. Isaac Israels l'insigne honneur d'attirer tout particulièrement l'attention d'un maître tel que
M. Élie Delaunay qui a demandé son inscription parmi les candidats au Grand Prix de
Florence fondé par l'Art, suffrage éminent mille fois plus enviable que toutes les médailles et
toutes les mentions honorables décernées ainsi que l'on sait.

Tout en témoignant une vive reconnaissance de la distinction dont il était l'objet, M. Isaac
Israels a décliné cet honneur; il tient à demeurer exclusivement hollandais, trait caractéristique
qu'il a de commun avec son père et que celui-ci avait trouvé clans l'héritage de Rembrandt.

Je ne saurais blâmer cette détermination chez les artistes de ce vaillant petit pays, la patrie
par excellence de l'individualisme. N'ont-ils pas l'expérience du passé? Ne leur a-t-elle pas appris
que tout peintre de leur robuste race du Nord, lorsqu'il est allé demander des inspirations à
l'Italie, a vu sinon disparaître, du moins s'estomper ses qualités originelles, et son talent relégué
au second plan, si ce n'est même à l'arrière-plan?

Paul Leroi.

(La suite prochainement.)

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CGC

The Life of George Cruikshank in Two Epochs, by Blan-
chard Jerrold, author of The Life of Douglas Jerrold, The
Life of Napoléon III, The Christian Vagabond, etc. With
Numerous Illustrations. In Two volumesLondon, Chatto
and Windus, Piccadilly, 1882.

Ce livre, consacré à l'éminent humouriste du crayon,
devait être l'œuvre d'un écrivain qui a du sang d'humouriste
plein les veines. Je ne saurais faire meilleur éloge de cet
ouvrage, où l'esprit de l'écrivain se trouve presque à chaque
page admirablement commenté par l'esprit de l'artiste. Les
illustrations sont en tous points excellentes.

Où je suis loin d'être d'accord avec M. Blanchard
Jerrold, c'est au sujet de la première des trois épigraphes
placées en tête de son premier volume. Elle est empruntée à
M. Ruskin, qui nous déclare tout net que les eaux-fortes dont
Cruikshank a illustré les German Stories, de Grimm, sont les
plus belles, immédiatement après celles de Rembrandt, qui
aient jamais été faites depuis que la gravure à l'eau-forte a été
inventée ! ! !

Que M. John Ruskin verse dans de pareilles exagérations
d'enthousiasme, il n'y a pas à s'étonner ; son grand talent de
styliste lui fera toujours pardonner nombre de jugements plus
que risqués. Mais M. Blanchard Jerrold, qui dédie sa Vie de

1. I.c premier de XVI et 2S4 pages ; le second de vit] et 2S0 pages.

George Cruikshank à M. Gustave Doré, est un trop lin scep-
tique pour ne pas être tenu à plus de mesure.

Cruikshank est un caricaturiste justement célèbre et un
artiste moralisateur, qui a repris avec le plus éclatant succès
la tradition de Hogarth. Cela suffit à sa gloire, et il est tout
simplement puéril, pour ne rien dire de plus, de placer,
comme aquafortiste, son nom à côté de celui de Rembrandt,
ce dieu de l'eau-forte. Cela sent par trop le pavé de l'ours.

M. W. M. Rossetti à qui l'auteur a demandé sa seconde
épigraphe, et M. Sala qui lui a fourni sa dernière, rendent
plus saine et plus durable justice à Cruikshank, le premier en
proclamant qu'il est cher à la nation britannique tout entière
sans en excepter les distillateurs et les cabaretiers à qui il a
fait si longue et si rude guerre; le second en déclarant, à pro-
pos de Hogarth, que si George Cruikshank n'est pas le plus
grand humouriste de l'école anglaise, c'est uniquement parce
qu'il n'est pas venu le premier. Hogarth occupait la place.

On ne lira pas sans émotion le récit que fait M. Blanchard
Jerrold des déceptions de Cruickshank, lorsque, sur la fin de
sa vie, il se mit à peindre des tableaux, et quels tableaux ! Il
les bourrait d'idées pour tenir lieu de la technique qui lui
était absolument étrangère ou autant vaut, et de la meilleure
foi du monde il croyait produire des chefs-d'œuvre.

L'intérêt de ces deux volumes ne faiblit pas un seul
instant. Ils s'imposent à la bibliothèque de tout Curieux, qui
les rangera parmi ses livres favoris.

John Dubouloz.

Le Directeur-Gérant .'EUGÈNE VÉRON.
 
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